LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Freud est-il sophisme?

Commentaire d'oeuvre : Freud est-il sophisme?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Mai 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 240 Mots (9 Pages)  •  824 Vues

Page 1 sur 9

Depuis dix ans, les théories psychanalystes se sont répandues dans toute l’Europe ; les livres et articles en langue française, particulièrement ceux de l’école de Zurich, suffiraient à constituer une petite bibliothèque ; dès 1913 on pouvait lire, dans le Mercure de France, un article de M. Kostyleff sur le système de Freud (1) et, en 1916, un article de G. Delage (2). En 1914, MM. Régis et Hesnard (3) publièrent le plus remarquable exposé qui se puisse écrire sur ces théories nouvelles. Cependant, pour différentes raisons, le grand public français se contenta longtemps d’ignorer. Ce ne fut qu’après la traduction française de l’Introduction à la Psychanalyse de Freud que la plupart des Revues donnèrent de copieux résumés de cet ouvrage.

En raison de la diffusion récente du freudisme en France, beaucoup sont encore peu familiers avec la technique psychanalyste (4). Aussi n’est-il pas inutile de rappeler tout d’abord la différence qui existe entre la Psychanalyse et la Psychiatrie.

L’étude des psychoses et des névroses, la pratique de la suggestion, de l’hypnose, les expérimentations de la psychophysiologie ont permis d’évaluer, de faire varier, [p. 331] de mesurer, en quelque sorte, les forces inconscientes (ou plutôt leurs symptômes) sans toutefois permettre de les connaître directement.

Le psychiatre qui use de la suggestion masque le moi inconscient et substitue à une raison d’action, venue des profondeurs ignorées de l’être, une autre raison arbitrairement choisie par lui en somme, sa thérapeutique consiste à dire au malade : « Je t’ordonne de t’ignorer toi-même, je t’ordonne de croire ceci et d’éprouver telle sensation ou tel besoin. »

Mais, voici que des penseurs, nous voudrions pouvoir dire des savants, ne se contentent plus de cette connaissance objective et de ces palliatifs. Ils veulent connaître directement, ils prétendent guérir complètement. Au lieu de dissimuler les abîmes troublants du moi, ils veulent arracher les voiles avec lesquels on prétend les recouvrir ils affirment qu’il est moins dangereux de sonder les gouffres que de les ignorer. Il n’est plus question d’expérimentation, de phénomènes que l’on pourra provoquer, faire varier et mesurer quelquefois à l’aide d’instruments précis, ils s’attaquent à l’essence même, à la cause psychique ; ils abandonnent la méthode objective ; c’est par l’analyse qu’ils espèrent pénétrer dans l’inconscient et s’enfoncer plus avant dans ce domaine inexploré ; en somme, ils reviennent à l’ancienne méthode de l’introspection avec cette différence que le malade, le véritable introspectionniste, est aidé par une sorte de professeur qui s’appelle un psychanalyste.

Ces médecins, si on peut ainsi les appeler, ne se sont pas contentés de faire de la thérapeutique, ils n’ont pas borné leur ambition à guérir les malades, ils ont constitué un vaste système philosophique, une métaphysique, d’où découlent d’originales conceptions esthétiques, morales et sociales. La psychanalyse semble devoir renouveler la pensée humaine et le grand apôtre de cette féconde [p. 332] doctrine, celui qui l’a dotée de sa plus magnifique floraison, c’est Freud.

Freud amorce et insinue en nous l’idée de la prépondérance de la vie inconsciente par la théorie des actes manqués. Les actes manqués, pour lesquels nous n’avons pas en français de désignation générale, englobent le lapsus, l’erreur d’audition ou d’écriture, l’acte maladroit, l’oubli, etc.

Freud croit relever, dans la formation de ces actes, l’intervention d’une volonté inconsciente, volonté refoulée qui revendique sa place et la reprend à notre insu. Mais il subsiste, à l’état de veille un contrôle trop efficace du conscient sur l’inconscient pour que nous puissions tirer des menus faits involontaires de notre vie quotidienne des renseignements très importants sur nos désirs inconscients et refoulés.

C’est par l’étude du rêve que Freud essaie de dévoiler les appétits secrets que notre conscience n’ose pas s’avouer à elle-même.

Le rêve est toujours, d’après Freud, la satisfaction symbolique d’un désir, généralement d’un désir sensuel. Les représentations du rêve sont, en effet, des représentations symboliques et ces symboles pour la plupart représentent l’élément sexuel masculin ou féminin et les personnes de notre entourage immédiat.

L’emploi de ces symboles s’explique par ce fait que, dans le sommeil, tout contrôle n’est pas complètement aboli il subsiste une censure et cette censure ne permet pas à l’inconscient d’exprimer clairement son désir honteux par une subtilité vraiment satanique, l’inconscient tourne la difficulté en mettant, à la place des objets obsédants, des symboles.

C’est grâce à l’interrogatoire très minutieux du malade, à l’évocation en lui des parties oubliées de son rêve, à l’interprétation des symboles dont le médecin connaît la signification, que l’on peut tenter une reconstitution [p. 333] du rêve et connaître les tendances ignorées du rêveur lui-même qui causent les désordres de son système nerveux. Le plus souvent le complexe d’Œdipe est la cause de la rupture d’équilibre de la vie sexuelle. Qu’est-ce donc que ce complexe d’Œdipe ?

D’après Freud, la vie sexuelle est éveillée chez l’enfant dès le premier jour ; il croit voir une preuve de cette assertion dans le plaisir sensuel que l’enfant éprouve à téter et dans la préférence qu’il manifeste pour son père ou pour sa mère. Par une fatalité pressentie par la fable antique d’Œdipe, l’enfant, si c’est un garçon, désire épouser sa mère et tuer son père ; si c’est une fille, elle désire son père et tue sa mère en rêve. Vers l’âge qu’on appelle l’âge de raison, et qui est précisément celui où l’on situait, avant Freud, les premières manifestations de la puberté, l’éducation pousse l’enfant à refouler son désir. Celui-ci semble complètement oublié, cependant il subsiste toujours dans l’inconscient. Ce désir ignoré n’aura pas d’autre inconvénient, il n’acquerra aucune force agissante et n’apparaîtra pas dans la vie psychique si l’évolution sexuelle de l’individu se développe d’une façon normale. Mais si, pour une raison quelconque, l’individu, soit que l’occasion lui manque, soit qu’il appartienne à un type dégénéré ou diminué, ne développe pas normalement sa vie sexuelle, les désirs de la première enfance, refoulés dans l’inconscient, prennent une place importante dans la vie psychique et sont la cause de névroses et de psychoses.

Ces

...

Télécharger au format  txt (14.7 Kb)   pdf (144.1 Kb)   docx (14.2 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com