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Devoir de philosophie: Faut-il désirer l'impossible?

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Par   •  25 Janvier 2015  •  1 806 Mots (8 Pages)  •  3 908 Vues

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Devoir de philosophie

Faut-il désirer l'impossible?

Du désir d'un morceau de chocolat au désir de l'amour en passant par le désir de devenir astronaute, il semble que le désir est toujours lié à la jouissance de posséder quelque chose qui nous manque. Ainsi, l'impossible définit quelque chose d'inaccessible, d'irréalisable voire inexistant, l'impossible se présente au contraire comme quelque chose qui ne peut pas être, qui n'est pas réel, qui ne se possède jamais. Or, comme l'affirmait Leibniz, ce qui ne peut pas être, c'est le contradictoire ou la contingence: par exemple un cercle carré est une contradiction donc une impossibilité absolue. Ceci est alors le fondamental de la logique, le principe de contradiction selon lequel l'être ne se contredit pas, et le contradictoire est impossible comme cet animal ne peut pas être à la fois un oiseau et un mammifère. L'impossible peut alors être absurde, du point de vue logique. Nous pouvons alors nous interroger sur pourquoi désirons nous l'impossible? Est-ce quelque chose d'utile de désirer l'impossible? Pour quelles raisons sommes nous généralement attirés par ce qui ne peut pas être atteint? N'est-ce pas un risque d'être malheureux ou insatisfait? N'est-ce pas aussi ce qui nous pousse, contrairement aux animaux qui n'ont que des besoins, à transformer le réel par notre travail, à l'aménager pour le plier à nos volontés, à rendre possible ce qui ne l'était pas?

Dans cette première partie, nous allons voir si désirer l'impossible c'est absurde, ou si désirer l'impossible n'est-ce pas se condamner à être toujours déçu, malheureux, en état de manque permanent? Nous savons que l'impossible c'est ce qui ne peut pas être, c'est qui n'est pas réel, alors quel sens y aurait-il a le désirer? Ce serait alors désirer l'insatisfaction. Comme l'a si bien dit Simon de Beauvoir "c'est le désir qui crée le désirable, et le projet qui pose la fin" (extrait de Pour une morale de l'ambiguïté). Désormais, le désir c'est d'être satisfait et de déceler le manque.

De plus, Aristote suggère dans l'Ethique pour Nicomaque (internet) "tous les hommes tendent naturellement vers le bonheur", donc il pourrait sembler absurde de désirer l'impossible. En effet, un tel désir nous condamnerait à l'insatisfaction permanente et définitive. Si l'on considère que le bonheur réside dans la tranquillité et la plénitude qui résulte de la satisfaction de tous nos désirs, alors désirer l'impossible nous couperait définitivement du "souverain bien" (Kant) de l'existence. En outre, l'Homme doit limiter ses désirs sinon le désir devient une passion qui pourrait devenir dangereuse. Nous pourrions même décider de changer nos désirs, de les accorder à la réalité plutôt que l'inverse. Nous retrouvons la nécessité d'un tel désir chez des philosophes de l'Antiquité tel que les stoïciens: qui nous dit qu'il faut apprendre à désirer les objets dont la satisfaction dépend de soi-même, dont nous sommes sur que c'est possible de nous satisfaire. Pour les stoïciens, notre bonheur dépend de notre capacité de cesser de nous acharner sur ce que nous essayons d'obtenir. Grâce au pouvoir de notre raison et de notre volonté, nous pouvons donc apprendre à ne plus désirer l'impossible qui nous fait souffrir, et à désirer le possible qui peut nous rendre sage, et peut nous procurer le bonheur. Il est donc en effet absurde, pour des stoïciens comme Marc Aurèle ou Epictete, de désirer l'impossible: ce serait s'assurer une vie de souffrance; s'interdire le bonheur. Comme l'écrit Descartes, avec des accents nettement stoïcien, dans Discours de la méthode, "changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde" c'est à dire que nous serrons toujours heureux si nous décidons de désirer ce que nous savons déjà réalisé.

Épicure nous l'affirme lorsqu'il nous propose de faire le tri entre nos désirs: les "désirs naturels et nécessaires" et les désirs vains. Ces désirs vains sont ceux qui ont l'imagination pour principe et non la sensation, sont destinés à être insatisfaits du fait de leur propre contradiction. Désirer l'immortalité par exemple, c'est alors se condamner à l'insatisfaction. Celui qui voudrait être immortel pense qu'en allongeant la durée de la vie, on augmente la quantité de plaisir; or le plaisir n'est pas une quantité, mais un état. Qu'importe alors de vivre cinquante ans ou un millier d'années: un bonheur parfait n'est pas plus intense de durer plus longtemps. Celui qui désire l'immortalité ne comprend pas donc la nature du bonheur car en posant comme désirable ce qui ne l'est pas, il se rend malheureux, puisqu'il se persuade que son plaisir dépend de quelque chose que de toute manière il n'obtiendra jamais. Les désirs vains sont par nature illimités: ce qui est censé les contenter ne les contentera jamais, parce qu'ils en veulent toujours plus. Tel est le signe de leur insigne contradiction et il suffit de s'en rendre compte pour revenir à plus de raison, c'est-à-dire pour dépasser leur absurdité. Ainsi, une existence entièrement dévolue à la poursuite d'un bien chimérique, d'un idéal utopique, que toute personne sensée pourrait rayer de la liste des buts accessibles dans une vie d'homme pourrait donc paraître absurde. Ce qui serait sensé, au contraire, ce serait de se fixer des objectifs suffisamment accessibles pour être un jour atteints. Ne plus désirer l'impossible est alors la condition d'un bonheur se confondant avec la sagesse, défini comme ataraxie, soit l'absence de troubles

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