Critique de Montaigne sur l'attitude paradoxale à la base des jugements des Européens sur les coutumes d'un autre monde
Fiche de lecture : Critique de Montaigne sur l'attitude paradoxale à la base des jugements des Européens sur les coutumes d'un autre monde. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 2 Octobre 2013 • Fiche de lecture • 1 254 Mots (6 Pages) • 1 219 Vues
Introduction
L’auteur humaniste Montaigne est connu pour son ambitieux ouvrage Les Essais écrit au XVIème siècle, en plein milieu des guerres de religion et de l’expansion de l’Europe vers le nouveau monde. On découvre dans cette œuvre son esprit critique et d’analyse dominé par le souci d'étudier l'homme à travers tous les siècles de l'histoire. Il s’interroge aussi sur les premiers effets du colonialisme européen. En effet, à cette époque, avec le Nouveau Monde sont découvertes de nouvelles populations dont les cannibales de la côte du Brésil et le texte que nous allons étudier est précisément un extrait du chapitre XXXII intitulé « des cannibales». Dans ce chapitre, en tentant de se libérer de ses préjugés, il va analyser ce qui conduit au rejet de l’autre et va mettre en évidence ici la relativité des jugements et critiquer l’ethnocentrisme européen.
Lecture
Nous allons voir comment Montaigne remet en question la vision de l’autre.
Nous montrerons qu’à travers un texte didactique et polémique l’auteur va remettre en question l’ethnocentrisme occidental pour donner une vision positive de l’autre afin de réfléchir au rapport entre la nature et la culture.
I/ Un texte didactique et polémique
1. D’une prise de position personnelle à une réflexion commune
- Enonciation : utilisation de la première personne avec un verbe de jugement « je trouve » : prise de position dans un carde rhétorique « or (…) pour en revenir à mes propos ».
-En s’appuyant sur un argument d’autorité « à ce qu’on m’en a rapporté », il va redéfinir deux notions « barbare » et « sauvage » pour établir sa thèse.
2. Invitation à la réflexion
- Il va inviter le lecteur à une adhésion réfléchie de plusieurs manières :
avec le sentiment d’évidence « comme de vrai »
On trouve le jugement de l’auteur : sous la forme d’un aphorisme : il s’agit d’une prudence stratégique afin d’inspirer la confiance (présent de vérité générale, généralisation du jgt): la notion de « barbarie » dépend de la culture qui juge « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ».
Généralisation du jugement : de « je » on passe à « chacun » : Il part d’une réflexion personnelle pour mettre en relief des comportements généralisés et très répandus en Europe. Enfin il emploie « nous » : il va s’impliquer dans cet aveuglement collectif occidental.
II/ Vision positive de l’autre
1. L’ethnocentrisme critiqué
- La perception de la « vérité » et de la « raison » dépend des « usances du pays où nous sommes » :« opinions » et « usances » sont au pluriel alors que « raison » et « vérité » sont au singulier: il existe plusieurs points de vue pour une seule chose, une seule notion.
- De plus, le terme « mire » et la tournure restrictive « nous n’avons autre mire (…) que » : traduisent la relativité et la subjectivité de ce jugement européen.
- mise à distance de cette attitude en faisant preuve d’ironie avec pour mettre en valeur l’antiphrase l’inversion sujet-verbe et la répétition de l’adjectif « parfaite » et avec la gradation hyperbolique : « Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses » : Cela montre l'exagération des européens (ils ont toujours raison et sont les meilleurs).
=> signification du « barbare » = personne étrangère et non mauvaise : « barbarie ce qui n'est pas de son usage ».
2. Eloge de l’état sauvage
- Les « sauvages » ne sont pas mauvais :
Là encore il fait appel au discernement
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