Le loup et le chien
Commentaire de texte : Le loup et le chien. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar marinedemoya • 26 Octobre 2017 • Commentaire de texte • 1 844 Mots (8 Pages) • 1 205 Vues
De MOYA 2nde11
Marine
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« Le Loup et le Chien »
Contrairement à ce que l'on pense souvent, toutes les fables de Jean de la Fontaine ne s'adressent pas aux enfants. En effet, s'il a dédié son premier recueil au fils du roi, il écrit avant tout pour le public cultivé des salons, qui recherche le plaisir intellectuel d'une histoire bien racontée qui donne à réfléchir. « Plaire et instruire », telle est d'ailleurs la devise de fabuliste. Dans cette fable de 1668, il met en scène un loup et un chien qui se rencontrent par hasard et entrent en conversation. Le Loup est d'abord tenté par la condition du Chien, a priori beaucoup plus enviable, mais il y renonce en constatant que le Loup n'est pas libre. Aucune morale n'est formulée. Comment la Fontaine provoque-t-il ici la réflexion du lecteur ? Nous verrons que cette fable est assez classique, qu'elle donne du plaisir au lecteur, et qu'elle l'amène à réfléchir sur une grave question sociale.
On trouve dans cette fable les grands caractéristiques du genre.
Première caractéristique du genre : l'auteur nous raconte une histoire simple. Les protagonistes se rencontrent, entrent en conversation, font un bout de chemin ensemble, puis se séparent. On repère aisément dans la fable la situation initiale ( vers 1 et 2) ; l'élément modificateur : rencontre des deux personnages ; l'action: ils conversent et cheminent ensemble ; l'élément de résolution ( le Loup voit le col du Chien pelé) et la situation finale : le Loup retourne aux bois et à la liberté. Cette histoire est rapidement racontée, comme il se doit, car la fable est une forme courte. On peut d'ailleurs dire que l'action, entre le moment de la rencontre et la séparation, dure peu de temps.
Quant au décor, il est stylisé. En effet, dans une fable, l'action n'est pas parasitée par des descriptions trop abondantes. Ici, la Fontaine fait le stricte minimum : très peu de mots renvoient au décor : « Quittez les bois » (vers 15), « chemin faisant » (v.32). Tout est simplement suggéré. Pourtant, cela suffit. Le lecteur n'a aucun mal à se représenter cette rencontre de deux animaux dans la forêt, le domaine de Loup, puisque le chien s'y est « fourvoyé par mégarde » (v.4), puis il les imagine cheminant ensemble à travers la campagne vers un monde plus civilisé, puisqu'ils sont, au vers 32, comme on l'a vu, sur un chemin. Cette stylisation du décor fait que notre attention se focalise sur les personnages.
Nous voyons en effet évoluer deux animaux personnifiés. Ils sont bien caractérisés : le Loup est famélique : il n'a « que les os et la peau » ; il est rangé par le Chien dans la catégorie des « Cancres, hères et pauvres diables, / dont la condition est de mourir de faim ». Le Chien, lui, est « beau », « puissant », « gras », il y a de l' « embonpoint ». La Fontaine le nomme « dogue », « matîn » pour montrer que c'est un animal puissant ; il le met aussi en majesté par l'alexandrin du vers.3. Par ailleurs, les deux animaux sont dotés d'une psychologie. Le Loup éprouve une foule de sentiments successifs : agressivité, crainte, fausse humilité, envie (quand il « admire » l'embonpoint du loup vers12), intérêt, enthousiasme, déception. Quant au Chien, il manifeste un mépris certain quand il évoque les conditions sociales inférieures dites « misérables » (v.16), puis fait preuve de persuasion pour convaincre le Loup de le suivre, et enfin éprouve une gêne bien visible lorsque le Loup l'interroge sur son « col pelé » (v.32). Il est intéressant de noter que les deux animaux sont presque de même espèce, le chien étant la variante domestique du Loup. Des cousins, en quelque sorte- ou bien deux représentants d'une même humanité, un gras et maigre, qui ne sont pas du même côté de la barrière sociale ?
Enfin, seul élément un peu surprenant dans une fable, on constate que La Fontaine n'a pas formulé de morale explicite. C'est au lecteur de trouver une signification.
Mais « Le Loup et le Chien » n'est pas seulement une fable racontée avec efficacité. Elle est faite pour donner du plaisir au lecteur.
C'est en effet une courte comédie à deux personnages qui se déroule, comme nous l'avons dit, dans un décor stylisé. On pourrait facilement créer un décor et transposer le texte sur une pièce de théâtre. Certaines interventions du narrateur font aussi penser à des didascalies, comme « dit le Chien » ou bien « le Loup reprit ». Bien que le thème soit sérieux ( la faim, la survie dans les conditions difficiles), les deux protagonistes sont des personnages de comédie. Ils sont amusants par leur aspect caricatural. Le Loup « n'avait que les os et la peau », le Chien a « un embonpoint ». Leurs attitudes aussi sont amusantes, par exemple quand le Loup se met à « l'aborder humblement » ou que le Chien est gêné d'être attaché et qu'il ne le reconnaît qu'après plusieurs répliques.
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