Subconscient
Dissertation : Subconscient. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 12 Mai 2013 • Dissertation • 2 452 Mots (10 Pages) • 1 024 Vues
L’homme est une conscience posée sur un corps animal. Il est capable de penser le monde, autrui, et lui-même. Il est conscient de soi, et cette conscience lui permet de mieux se connaître. Il agit également en conscience, en parlant, riant, pleurant, chantant, aimant…Pour autant, sommes-nous toujours conscients ? N’y-a-t-il pas des instants de notre vie qui sortent du champ de la conscience ? Avons-nous conscience de tout ? Et ce que l’on pense décider est-il véritablement le fruit d’une conscience volontaire ? Autrement dit, n’existe-t-il pas quelque chose hors de la conscience, un inconscient, qui nous accompagne, nous influence, voire nous gouverne ?
La vision classique à propos de la conscience…
La vision classique concernant la conscience est dominée dans l’histoire de la philosophie par la pensée cartésienne. Selon Descartes, l’âme est conscience et rien ne lui échappe. Si l’homme existe, c’est parce qu’il pense, et cette pensée ne s’arrête jamais. Le postulat cartésien est de considérer que toute pensée est conscience, et ce qui ne relève pas de la conscience appartient au corps, à la matière. Ainsi, l’âme doit penser, et ce consciemment, pour exister toujours. Le reste est du domaine corporel, selon le dualisme théorisé par Descartes : […] je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser, et qui pour être n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune chose matérielle ; en sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et même qu'elle est plus aisée à connaître que lui et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est » (Descartes –Extrait du Discours de la méthode). Je pense donc je suis, mais alors que se passe-t-il dès lors que je ne pense pas ? Il y a certes la mort qui anéantit définitivement la pensée, mais avec elle la question de l’existence ne se pose plus. Mais que dire de ces états qui traversent le vivant, comme le sommeil, ou malheureusement le coma ? Dans ces deux cas, la pensée consciente s’absente, et pourtant impossible de prétendre que le sujet n’est plus. Que dire également de l’inattention, ou de la distraction. Être inattentif, ou distrait, c’est être en inadéquation avec le réel, être en décalage par rapport à ce que demande l’instant présent, soit le contraire d’un état conscient.
Les principales réponses aux objections à la vision classique de la conscience sont de deux ordres. Le premier revient à considérer que la conscience peut subir des périodes d’intermittence, période durant laquelle elle n’est plus active, sans pour autant que la continuité de l’âme soit remise en cause. Cette considération est un point de vue partagé par des cartésiens comme Leibniz et Spinoza. La seconde proposition abandonne l’idée que l’âme et la pensée soient indissociables. En d’autres termes, l’âme est indépendante de la pensée ; elle existe non par elle, mais avec elle. Même Descartes n’exclut pas la reconnaissance de quelque chose en plus de la conscience, soit une inconscience. Mais il renvoie celle-ci au travail de mémoire. Selon lui, l’âme oublie des pensées qui l’ont animée. Cette affirmation cependant n’est pas suffisante. C’est ce qui motive Leibniz à aller plus loin dans la réflexion à propos du champ de la conscience. Il en déduit la théorie des « petites perceptions », considérant que la perception comporte des degrés infinitésimaux, soient des objets qui pris isolément sont imperceptibles pour nos sens, mais dont la somme conduit à un résultat fini et qui peut être saisi par conscience : « D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion, c'est-à-dire des changements dans l'âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont ou trop petites ou en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à part, mais jointes à d'autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l'assemblage » (Leibniz – Extrait des Nouveaux essais sur l’entendement humain – La théorie des petites perceptions). Ainsi, lorsqu’un seuil quantitatif est franchi, le sujet peut avoir conscience de ce qui est. Ce franchissement transforme la sensation, c’est-à-dire ce que nous sentons sans nous en rendre compte, en perception. Leibniz conclut donc que ce qui est senti mais non perçu appartient à l’inconscient et que toute conscience est donc fonction d’une marge d’inconscience. Par conséquence, ce qui est une pensée consciente pourrait se former sur la base de ce qui précédemment ne lui appartient pas mais se situe dans l’inconscient. Leibniz poursuit également sur une distinction très importante : l’attention. Ce qui est conscient l’est parce que le sujet y prête une attention, comme cela est le cas concernant une nouveauté : « […] mais ces impressions qui sont dans l'âme et dans le corps, destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notre attention et notre mémoire, attachées à des objets plus occupants ». La conscience repose donc sur une attention du sujet vis-à-vis d’un objet, et le sujet est attentif parce qu’il en exprime la volonté. Ainsi, la volonté, le fait de tendre vers quelque chose, est un critère déterminant entre la conscience et ce que l’on peut dénommer le subconscient, au lieu de l’inconscient qui appartient plus au vocabulaire de la psychanalyse. Bergson s’inscrit dans cette idée, en considérant que la vie psychique se partage entre une attention volontaire portant sur l’existant, et ce qui tombe dans l’inattention, là où la volonté n’agit pas, comme pour les souvenirs. Bergson partage la vision classique de la conscience, mais il ajoute que celle-ci n’est pas seule. Existe ce qui n’est pas conscient et qui pourtant concerne le sujet, lui appartient. Mais cette partie est selon lui d’ordre mécanique et concerne exclusivement le corps. Cette idée, également partagée par Alain, suppose que l’attention à certains moments diminue suffisamment, jusqu’à disparaître, et alors c’est le subconscient qui entre en action. Ainsi en va-t-il, selon Bergson, de la dynamique du rêve : « Mais supposez qu'à un moment donné je me désintéresse de la situation présente, de l'action pressante,
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