Dans quelles mesures les désirs d’un individu ne le concernent que lui ? Un individu peut-il déterminer avec précision ce qui peut le satisfaire ?

Le désir est une réaction à un manque. Lorsque l’on désire quelque chose, c’est que quelque chose nous fait défaut, et surtout, que l’on considère, que l’on s’attend ou pressent que le fait de combler ce manque nous procurera satisfaction. Besoin et désir sont es deux tensions intérieures et involontaires qui nous poussent vers des fins que nous ressentons comme nécessaires. Le désir semble être le propre de l’homme et se distingue du besoin uniquement déterminé par les lois de la nature et de la survie. Ainsi le désir semble révéler la connaissance parce qu’il est directement lié aux aptitudes de conscience et d’imagination même qui distinguent l’homme, mais aussi dévier le sens du besoin naturel au superflu. Cependant, dans quelles mesures les désirs d’un individu ne le concernent que lui ? Un individu peut-il déterminer avec précision ce qui peut le satisfaire ? Comment ? Par ailleurs, si le désir nous confronte à autre chose que soi, ne représenterait-il pas, au contraire, un instrument de connaissance ? Nous verrons que, pour savoir ce qu’un individu désire, celui-ci doit d’abord se connaître lui-même afin d’évaluer ses manques et ses besoins. Dans un second temps, nous verrons que l’individu doit se rendre maître d’un processus de désir qui par principe lui échappe.

Le besoin apparaît comme le manque de quelque chose de nécessaire pour vivre. Aucune volonté ne peut s’y opposer. Le désir ressemble au besoin, mais il poursuit des fins qui semblent superflues. Le désir comme manque s’impose à notre conscience pour être satisfait. En effet, si je désire m’acheter de nouveaux vêtements, l’objet du désir m’est connu : se sont les vêtements. Ainsi le sujet à connaissance de ce manque et cherche l’objet qui le comblera.

Tout d’abord, le désir amoureux est un objet de notre complétude, la recherche de l’autre est une alternative pour combler son manque. En effet, dans le Banquet, Platon figure le désir sous la forme d’Éros. Il montre que désirer est aimer ; la nature semi-divine du désir indique une autre dimension que l’impuissance à assumer notre temporalité, et nous même. Nous y recherchons l’absolue, la complétude. De plus, le Banquet propose le discours d’Aristophane, philosophe de la Grèce Antique, récite dans son discours l’histoire de la nature de l’homme. Selon Aristophane, « chaque ancienne moitié recherche désormais sa moitié complémentaire. D’où les trois formes d’amour possibles : hommes-femmes, hommes-hommes, femmes-femmes. Le désir de chaque homme est de se fondre avec celui ou celle qu’il aime. L’amour […] cherche à rétablir l’unité, il est la plus parfaite expression de la piété » : ici Aristophane explique qu’un être éprouve constamment le besoin de rechercher éternellement son âme sœur et sa moitié, afin d’être totalement combler.

Par la suite, le désir de reconnaissance est le désir initial de la conscience. D’après Hegel, le désir fondamental est la reconnaissance d’une autre conscience que soi car, sans celle-ci, la conscience de soi ne peut se sentir exister. Autrement dit, il se demande si le désir n’est pas fondamentalement une tension pour rencontrer un autre que soi et être reconnu. Effectivement, dans la série américaine Riverdale, le personnage Hiram Lodge, joué par Mark Consuelos, désire plus que tout le pouvoir, le contrôle et la reconnaissance. Il se permet tous les coups imaginables afin d’atteindre son objectif : meurtres, manipulations.. Aussi, dans le roman de Dino Buzatti, Le Désert des Tartares, le personnage principal, Giovanni Drogo, rêve d’être un jeune militaire, son rêve le pousse à renoncer à de multiples choses (amour, affaires,…). Cependant, la guerre n’est jamais arrivée,il est donc passé à côté de nombreuses choses.

Quel est le moteur de cette tendance à désirer un objet ? Le sujet, lui-même, pour ainsi dire l’homme. Cependant, le « moi » est composé d’une

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