Discours sur l'esclavage (rédaction)

Votre café a goût de sang. Votre chemise en coton a la couleur du sang. Votre tabac a l’odeur du sang. De votre sang, de celui des hommes : de celui de vos esclaves. Car oui ! Ces hommes que les Européens méprisent et appellent sauvages, ces hommes que les européens achètent et vendent comme de la marchandise sont du même sang que nous ! Vous réduisez vos propres frères en esclavage ! Vos frères sont-ils de simples choses vouées à la production ?

Vous qui êtes si civilisés, distingués et qui traitez ces hommes d’animaux, lorsque vous êtes arrivés en Afrique n’avaient-ils pas une organisation, un chef, des coutumes, des croyances et du savoir ? Regardez ce que vous leur infligez ! Aujourd’hui ils sont obligés de se battre, d’être le plus fort pour avoir à manger ! Ils doivent être le plus productif afin d’échapper au fouet ! Mais vous qui les considérez comme des bêtes sauvages, posez-vous cette question : n’est-ce pas dans le monde animal que la loi du plus fort triomphe ? Vous doutez encore, mais avez-vous déjà osé regardez un de ces esclaves dans les yeux ? Non ! Bien sûr que non ! Je vais vous dire pourquoi. Parce que vous avez peur ! Peur d’admettre qu’ils sont des hommes. Peur de reconnaitre qu’ils sont comme nous ! N’y a-t-il pas d’humanité dans leurs larmes lorsqu’ils sont arrachés des leurs et de chez eux ? N’y a-t-il pas d’humanité dans la colère qui les unit dans leur révolte ?

Vous qui êtes si fidèles aux valeurs chrétiennes, où se trouvent la bienveillance, l’amour du prochain, la bienfaisance ? Le christianisme n’est-ce pas la reconnaissance des droits à la vie et au respect de la dignité humaine ? Vous qui êtes si sensibles et vertueux, dites-moi qui est le plus humain entre le barbare venu d’Europe qui vend ses frères et sœurs comme du bétail, les exploitant dans des conditions atroces et celui qui rêve d’un jour devenir libre ? Ces violences et souffrances ont lieu dans les colonies,  dans les territoires appartenant à la France. Or nous nous battons pour une France où règnent la liberté, l’égalité et la fraternité, donc comment pouvez-vous refuser d’appliquer ces valeurs dans vos colonies ? Nieriez-vous que ces espaces constituent votre pays ? Rejetez-vous donc toutes leurs richesses et trésors ? Vous qui souteniez hier la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, pourquoi vous cachez vous aujourd’hui ?

Mes amis, nous nous battons pour atteindre des idéaux : la Liberté, l’Egalité et la Fraternité. Mais imaginez un instant : d’abord la Fraternité puis l’Egalité et enfin la Liberté. La Nature est notre mère et c’est pourquoi nous devons, en premier lieu, agir avec fraternité avec les hommes : nous devons agir avec humanité avec nos frères. Unissons-nous pour défendre ces innocents et faire reconnaitre leurs droits aux yeux de tous. Car c’est seulement grâce à cette fraternité que nous accéderons enfin à la liberté et l’égalité de tous les hommes.

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