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Mka_1001_travail_synthèse

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Par   •  20 Décembre 2016  •  Étude de cas  •  1 847 Mots (8 Pages)  •  619 Vues

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MKA-1001 TRAVAIL SYNTHÈSE

eBay : confessions d’un accro

Un vieux sandwich adjugé à 28 000 $... Comment voulez-vous garder la tête froide?

PAR TOM HAWTHORN

ENCHÉRIR, ce n’est rien, mais attendre, quel enfer ! Que vais-je faire si quelqu’un surenchérit ? Je vérifie une fois, deux fois... La page n’a pas fini de s’afficher que je clique à nouveau sur « Actualiser ». C’est plus fort que moi. J’aurais peut-être dû miser plus. L’objet de ma convoitise est-il sans prix ou hors de prix ? Les paumes moites, je vérifie encore une fois...

JE M’APPELLE TOM, et je suis accro. Ma drogue, c’est eBay, la plus grande maison de vente aux enchères de la cyber-planète. Depuis cinq ans, j’y ai acheté des affiches de films, des fanions, d’antiques étiquettes, des timbres à l’effigie de Cendrillon, des livres microsillons, de la fausse monnaie électorale (« Diefendollars »), des tabliers de camelot, des bandeaux publicitaires de tramway, un thermomètre promotionnel du Montréal-Matin, des revues à scandale datant du Watergate et – ma plus folle enchère à ce jour – un calendrier publicitaire Export A du Maple Leafs Gardens de Toronto, avec toutes les équipes de hockey que j’idolâtrais dans mon enfance. Laquelle ne semble pas tout à fait terminée, malgré mes 55 printemps.

J’appelle ça ma collection. La mère de mes enfants, une sainte femme, la taxe de camelote. Je suis vaguement tenté de lui donner raison. Ce calendrier qui m’a coûté la bagatelle de 79,99 $ me permet certes de savoir contre qui les Leafs joueront demain – si demain c’est bien le 15 octobre 1969. Ma seule défense, c’est la loi du nombre. « Tu vois, chérie, un internaute canadien sur deux hante les sites d’eBay. Si ce n’est pas moi, ce sera toi... ou ton frère. »

En février dernier, eBay a vu défiler 10,2 millions de visiteurs canadiens. Ils y ont passé une moyenne de huit heures et demie à chasser l’aubaine ou à suivre le déroulement d’une vente. Je me demande comment un travailleur branché peut faire son boulot en ayant accès à cette perpétuelle vente-débarras planétaire.

Les internautes canadiens y font provision de parfum à raison d’un flacon toutes les deux minutes. À toute heure du jour ou de la nuit, cinq DVD du Seigneur des Anneaux y changent de mains. Une paire de lunettes de soleil Ray-Ban y est bradée toutes les deux heures. Mais le chiffre qui me stupéfie – la preuve éclatante de l’optimisme béat de mes concitoyens –, c’est le rythme des ventes de voitures : une par demi-heure ! Comment font-ils pour vérifier l’état des pneus?

La vieille garde marchande ne se rend pas, mais doit s’attendre au pire, car son rival virtuel est en train de se transformer en « guichet unique » pour la consommation en ligne. Après la société de paiement par ordinateur PayPal, eBay s’est offert en 2005 une compagnie de téléphone par Internet appelée Skype.

D’absorption en acquisition, un immense centre commercial, bancaire et récréatif d’envergure planétaire prend forme. Ce colosse-là n’aura pas des pieds d’argile.

IL Y A 10 ANS, eBay n’était encore que le passe-temps d’un ingénieur convaincu qu’on pouvait faire des affaires en ligne avec des inconnus. En 1995, pendant le congé de la fête du Travail, Pierre Omidyar a donc pondu un programme de gestion automatique des enchères qu’il a appelé AuctionWeb.

Le premier article qu’il met en vente est un pointeur laser détraqué. On lui en offre 14,95 $, mais, avant d’accepter, Pierre vérifie que l’acheteur est au courant du problème... et découvre qu’il a affaire à un collectionneur de pointeurs lasers abîmés! (Le collectionneur voit un trésor là où les autres voient une ruine.)

La micro-entreprise campe quelque temps sur la table à café du salon, avant de se faire évincer par la compagne de Pierre (aujourd’hui sa femme). Le trafic a tellement augmenté que le fournisseur de services Internet lui réclame 250 $US par mois au lieu des 30 $ usuels. Qu’importe : on facturera à l’acheteur une « commission sur le prix final », c’est-à-dire une fraction de l’enchère gagnante.

Sentant qu’il risque d’être débordé, Pierre Omidyar consulte Jeffrey Skoll, un ingénieur électricien originaire de Montréal qui a fait un MBA à Stanford. Le diagnostic n’est pas encourageant : « Pierre, c’est une idée nulle. »

Jeffrey accepte tout de même d’apporter son expertise à l’entreprise. Au mois d’août 1996, les deux hommes s’associent. Ils ont déjà quitté leur emploi salarié. Devant l’avalanche de commentaires et de plaintes, Pierre crée un forum pour que les participants puissent évaluer leurs transactions. C’est le germe de la future  « communauté eBay ». Deux ans plus tard, la société, rebaptisée eBay, loue un modeste local à San Jose, au cœur de Silicon Valley, en Californie.

Suit une introduction en Bourse qui fait la fortune des deux fondateurs. Jeffrey Skoll, qui détient 22 pour 100 des actions, voit la valeur de sa participation, payée 68 000 $US, dépasser le milliard de dollars. Depuis 2000, il se consacre à la philanthropie et à la production de films comme Syriana et Good Night, and Good Luck.

Vendre sur eBay est devenu un métier – à temps complet ou partiel – pour 724 000 Américains (eBay ne tient pas de statistiques pour le Canada, mais, si on se fonde sur le ratio standard de 1 pour 10, environ 72 000 Canadiens vivraient de ce négoce). Un million et demi d’Américains en tirent un revenu d’appoint.

JARMILA ELIASOVA est un cas typique aux antécédents atypiques. Âgée de 56 ans, cette immigrante tchèque installée à Châteauguay travaillait à l’origine dans un bureau de poste. Il y a six ans, elle a perdu son emploi, et ses chances d’en retrouver un paraissaient minces. C’est alors que sa fille lui a fait une suggestion déconcertante. « Je ne savais pas ce qu’était eBay », avoue Jarmila.

 

Elle s’est initiée en catastrophe aux marchés et aux transactions en ligne, puis s’est cherché un créneau, si possible une spécialité de son pays natal. Son choix s’est fixé sur les boutons de verre et les flacons de parfum Art déco. Sa modeste commande initiale s’étant bien vendue, elle a graduellement augmenté sa mise – et ses ventes. Aujourd’hui, Jarmila Eliasova vit exclusivement du revenu de sa boutique virtuelle, BohemianGlass. Elle traite surtout avec des Américains, mais a des contacts jusqu’au Japon.

 

La plupart des articles mis en vente sur eBay ne sortent pas de l’ordinaire, mais il y a de saisissantes exceptions. Dans un livre récent, un auteur du Maryland, Christopher Cihlar, recense 100 ventes particulièrement loufoques, dont celle d’un sandwich au fromage grillé vieux de 10 ans. La vendeuse, une dame de Fort Lauderdale, en

Floride, prétendait qu’une image de la Vierge était visible sur une des rôties et demandait 3 000 $ pour ce casse-croûte rassis. Le Golden Palace, un casino virtuel de Montréal en mal de pub, l’a payé 28 000 $ (plus les frais d’expédition de 9,95 $ – on ignore combien a pu coûter l’assurance).

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