Performance financière et responsabilité sociale des entreprise cas des entreprises tunisiennes
Mémoire : Performance financière et responsabilité sociale des entreprise cas des entreprises tunisiennes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar fatma30 • 15 Décembre 2015 • Mémoire • 25 410 Mots (102 Pages) • 1 481 Vues
Introduction générale
Les dénonciations des pratiques irresponsables, aggravées en cela par différentes catastrophes humaines, sociales et environnementales impliquant les entreprises, notamment la crise financière mondiale, ont contribué à illuminer la conscience et la sensibilité des opinions publique nationale et internationale sur les risques globaux qu’encourt l’humanité en cas de persistance de telles pratiques non éthiques. Aujourd’hui, on est forcé de constater que l’intérêt de l’actionnaire ne peut plus être la seule valeur du système libéral comme le prétend la thèse néoclassique, Friedman (1962). On se rend compte au passage, à quel point l’objectif économique, créer de la valeur actionnariale, est maintenant démystifié. En effet, la course folle vers la maximisation du rendement accompagné d’un rejet permanent des valeurs éthiques, ont conduit le système économique vers le cataclysme. L’intérêt de l’actionnaire n’est même plus garanti.
Les nombreux débats dans le monde académique et celui des affaires concernant la notion de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), dénote une prise de conscience importante quant aux répercutions sociales que les activités des entreprises peuvent avoir sur la communauté et l’environnement. Certains économistes préconisent la reconstruction du système économique capitaliste sur des valeurs morales qui donnent davantage de place à l’intérêt public. Néanmoins et malgré les nombreux travaux empiriques à travers le monde, le sentiment d’incertitude compte aux résultats d’une politique socialement responsable, n’est toujours pas dissipé.
La difficulté à laquelle ont été confrontés les chercheurs lors de la définition du concept de la RSE a sans doute une grande part de responsabilité dans la fragilité des résultats obtenus lors des tentatives d’opérationnalisation du lien entre la RSE et la performance financière (PF). Il serait par conséquent sans doute hasardeux, dans les circonstances actuelles de se prononcer d’une manière catégorique sur quoi la RSE débouchera ; en atteste les propos d’Allouche et Laroche (2005) « La vision retirée des résultats de ces travaux traduit pour une part l’influence probable de la responsabilité sociale de l’entreprise sur sa performance financière, et pour une autre part, le sentiment d’un lien fragile et quelque peu contrasté ».
Il nous est ainsi revenu de nous interroger sur l’impact que pouvait avoir la RSE sur la PF des entreprises et surtout sur la pertinence du développement de ce concept dans une économie émergente telle que la Tunisie. Car, si la RSE jouit déjà d’un statut de règle dans les pays développés en Europe et aux Etats Unis en particulier, son application dans les économies émergente reste timide. En effet, les pays en voie de développement sont confrontés à des problèmes sociaux, environnementaux et économiques spécifiques et on ne sait pas vraiment si la RSE peut s’accommoder avec les différentes réalités propres à ses économies.
La problématique à la base de notre recherche se présente alors comme suit : Une politique économique axée sur la notion de la RSE peut-elle générer des profits notamment dans un contexte où les entreprises, à priori, manquent relativement de fonds ?
Plus précisément, les questions sous-jacentes peuvent être formulées de la manière suivante :
- Quel est l’étendu des pratiques sociales dans l’économie tunisienne ?
- Quelle est la nature de la relation pouvant exister entre la RSE et la PF dans les entreprises tunisienne ?
Une fois la problématique et les principales questions de recherches déterminées, il reste à concevoir une démarche de recherche capable d’apporter une réponse à ces questions.
Ainsi, notre travail sera structuré en trois chapitres. Dans le premier nous entamerons par revenir aux fondements théoriques de la RSE afin de cerner ces concepts clés et d’identifier les différents courants qui s’y entremêlent. L’objectif de ce chapitre et de suivre l’évolution académique de la RSE afin de s’affranchir les risques d’incompréhensions inhérents à la multi-dimensionnalité de ce construit.
Le deuxième chapitre se propose de définir les hypothèses qui sous tendent l’impact de la RSE sur la PF. Cette étape nous conduit à dresser un inventaire des principales méthodes d’opérationnalisation des deux concepts et mettre la divergence des résultats auxquelles sont parvenues les nombreuses tentatives d’investigations.
Enfin, le troisième chapitre présente et analyse les résultats de notre étude empirique réalisée auprès des entreprises tunisiennes cotées en bourse. L’objectif est de dégager l’effet de la RSE sur la PF.
Chapitre I :
Responsabilité Sociale des Entreprises
Une revue de la littérature
Chapitre 1 : Responsabilité Sociale des Entreprises : une revue de la littérature
Introduction
La notion de la Responsabilité Sociale de l’entreprise (RSE) suscite de nos jours un regain d’intérêt sans précédent. L’accident de l’usine AZF en France, les réactions face à la fermeture des magasins Mark & Spencer et l’annonce dernièrement du plan de licenciement de RENAULT, appelé ironiquement plan social, sont des témoignages actuels des enjeux liés à la RSE. Cette montée attire l’attention d’un plus large ensemble de partie prenante (ONG, agences de notation, institution internationale…) et suscite l’attention particulière de la communauté académique tel que les travaux de Decock-Good (2000) et (2001) dans le domaine de l’éthique des affaires et Martinet et Reynaud (2001) avec la relation entre les parties prenantes et l’environnement.
Cependant, cette tentative de renouvellement a fait l’objet de sévères critiques de la part des économistes et sociologues qui dénient son caractère instrumental manipulateur (Salamon, 2002 ; 2005). On est allé même à penser que la faiblesse théorique de la RSE peut être son principal gage de pérennité dans la sphère académique, Wood (1991). Le vœu tant cher au chercheurs, de cerner le fondement théorique de la RSE, s’annonce alors délicat. En effet, tant que la RSE échappe à toutes définitions, cela rend difficile d’appréhender de près, ses fondements et pratiques extra académiques. Carroll (1999) l’un des fondateurs du construit considère même que « la RSE est en cours de définition ».
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