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Lorenzo

Commentaire de texte : Lorenzo. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Mars 2014  •  Commentaire de texte  •  2 096 Mots (9 Pages)  •  788 Vues

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commentaire composé pour la scène du meurtre , Lorenzaccio, acte IV, scène 11, issu du site MAGISTER

Exercice : la lecture analytique du texte théâtral

Connaissances nécessaires : les types de texte, la tragédie classique, le drame romantique

Alfred de Musset, Lorenzaccio (1834), Acte IV, scène XI

(Florence, 1537. Le duc Alexandre de Médicis fait régner la débauche et la tyrannie. Son cousin Lorenzo, que le peuple appelle avec mépris Lorenzaccio, a joué depuis deux ans le rôle du compagnon de débauche pour l'assassiner. Ainsi il a ménagé pour le duc un faux rendez-vous avec sa tante Catherine dans sa propre chambre, où il a pris soin, avec son valet Scoronconcolo, d'habituer les voisins au tapage. Voici le duc pris au piège de Lorenzo malgré les avertissements du cardinal Cibo ("Lorenzo aurait fait demander des chevaux de poste pour s'enfuir dans la nuit même".)

La chambre de Lorenzo. Entrent le Duc et Lorenzo.

LE DUC. - Je suis transi, - il fait vraiment froid. (Il ôte son épée). Eh bien, mignon, qu'est-ce que tu fais donc ?

LORENZO. - Je roule votre baudrier autour de votre épée, et je la mets sous votre chevet. Il est bon d'avoir toujours une arme sous la main. (Il entortille le baudrier de manière à empêcher l'épée de sortir du fourreau.)

LE DUC. - Tu sais que je n'aime pas les bavardages, et il m'est revenu que la Catherine était une belle parleuse. Pour éviter les conversations, je vais me mettre au lit. - A propos, pourquoi donc as-tu fait demander des chevaux de poste à l'évêque de Marzi ?

LORENZO. - Pour aller voir mon frère, qui est très malade, à ce qu'il m'écrit.

LE DUC. - Va donc chercher ta tante.

LORENZO. - Dans un instant. (Il sort.)

LE DUC, seul. - Faire la cour à une femme qui vous répond "oui" lorsqu'on lui demande "oui ou non", cela m'a toujours paru très sot, et tout à fait digne d'un Français. Aujourd'hui, surtout que j'ai soupé comme trois moines, je serais incapable de dire seulement : "Mon cœur, ou mes chères entrailles", à l'infante d'Espagne. Je veux faire semblant de dormir ; ce sera peut-être cavalier, mais ce sera commode. (Il se couche. - Lorenzo rentre l'épée à la main.)

LORENZO. - Dormez-vous, seigneur ? (Il le frappe.)

LE DUC. - C'est toi, Renzo ?

LORENZO. - Seigneur, n'en doutez pas. (Il le frappe de nouveau. - Entre Scoronconcolo).

SCORONCONCOLO. - Est-ce fait ?

LORENZO. - Regarde, il m' a mordu au doigt. Je garderai jusqu'à la mort cette bague sanglante, inestimable diamant.

SCORONCONCOLO. - Ah ! mon Dieu ! c'est le duc de Florence !

LORENZO, s'asseyant sur le bord de la fenêtre. - Que la nuit est belle ! Que l'air du ciel est pur ! Respire, respire, cœur navré de joie !

SCORONCONCOLO. - Viens, Maître, nous en avons trop fait ; sauvons-nous.

LORENZO. - Que le vent du soir est doux et embaumé ! Comme les fleurs des prairies s'entrouvrent ! O nature magnifique, ô éternel repos !

SCORONCONCOLO. - Le vent va glacer sur votre visage la sueur qui en découle. Venez, seigneur.

LORENZO. - Ah ! Dieu de bonté ! quel moment !

SCORONCONCOLO, à part. - Son âme se dilate singulièrement. Quant à moi, je prendrai les devants.

LORENZO. - Attends ! Tire ces rideaux. Maintenant, donne-moi la clef de cette chambre.

SCORONCONCOLO. - Pourvu que les voisins n'aient rien entendu !

LORENZO. - Ne te souviens-tu pas qu'ils sont habitués à notre tapage ? Viens, partons. (Ils sortent.)

Objectif 1 : situation de la scène dans l'œuvre :

- le "chapeau" vous aura appris à quel moment de l'action se situe cette scène : il s'agit d'un meurtre attendu par le spectateur depuis au moins l'acte précédent, au cours duquel Lorenzo en a informé le vieux républicain Philippe Strozzi. Par rapport à cette attente, le meurtre qui se déroule sous les yeux du spectateur vous paraîtra sans doute rapide et presque escamoté. Pourquoi ?

- quels sont les indices qui signalent au spectateur qu'il ne s'agit ici nullement du dénouement, mais d'une dernière péripétie qui génère de nouvelles attentes. Lesquelles ?

- vous savez que les codes classiques, au nom de la bienséance, proscrivaient toute représentation d'un meurtre sur la scène. Vous pourrez montrer comment Musset déroge à cette règle mais déplace aussi l'intérêt du spectateur vers l'exaltation finale de Lorenzo.

- par quels autres caractères la scène échappe-t-elle au code tragique, tel que vous pouvez le connaître par des œuvres de Corneille ou de Racine ? Soyez notamment attentif à la diversité des tons employés, à la nature des personnages présents et au rôle qu'il semblent jouer les uns par rapport aux autres.

Faites un rapide bilan de ces remarques préliminaires. Le sens du meurtre perpétré par Lorenzo commence à s'éclaircir. S'agit-il à votre avis d'un geste politique ? Pourquoi ?

Pour caractériser le genre de la pièce, le mélange des tons que vous avez pu constater dans la scène - et la date de composition de l'œuvre - vous auront orienté vers le drame romantique. Celui-ci a ses textes fondateurs : Racine et Shakespeare de Stendhal et la Préface de Cromwell de Victor Hugo ont manifesté un souci de rupture par rapport au théâtre classique et prôné,

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