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Bilinguisme et autotraduction à l'œuvre dans l'écriture de Samuel Beckett

Cours : Bilinguisme et autotraduction à l'œuvre dans l'écriture de Samuel Beckett. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  29 Décembre 2019  •  Cours  •  1 145 Mots (5 Pages)  •  567 Vues

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Le sud-ouest université « Neophyte Rilski », Blagoevgrad
Faculté philolologique
Departement des langues germaines et romaines

Thème de la course : Bilinguisme et autotraduction à l'œuvre dans l'écriture de Samuel Beckett


L’œuvre bilingue de Samuel Beckett présente des caractéristiques différentes selon la période pendant laquelle l’original et sa traduction ont été écrits. Le temps qui sépare les deux textes bicéphales en deux langues détermine aussi l’attitude de l’auteur bilingue face à son texte. Le bilinguisme de Beckett peut se diviser en quatre périodes principales suivant l’attitude de l’auteur face à la langue qui est aussi  un « déplacement » constant du sujet et de sa relation au langage. Des exemples illustrent comment la poétique bilingue prend forme chez l’auteur irlandais.

Plus tôt, Beckett avait cité Proust en acquieçant : L'artiste a acquis son texte: l'artisan le traduit. «Le devoir et la tâche d’un écrivain (pas un artiste, un écrivain) sont ceux d'un traducteur. Par ces mots Beckett rapproche la tâche de l’écrivain à celle du traducteur, l’éloignant paradoxalement de l’artiste. Ces réflexions sur le bilinguisme, la traduction et le rôle de l’écrivain comme traducteur sont accompagnées par des considérations sur les langues. Dans Rêve de Foire aux  femmes médiocres, roman publié de façon posthume, Belacqua semble ériger le français à la « langue sans style » qui permettrait de découvrir la « marguerite ». De plus, en 1937, dans la « lettre allemande » écrite à l’ami Axel Kaun au sujet des traductions des poèmes de Joachim Ringelnatz (pseudonyme de Hans Bötticher), Beckett observe que l’écrivain se trouve dans une position désavantageuse par rapport aux autres artistes à cause de la « terrible matérialité du mot ». Il affirme ainsi vouloir mettre à mal sa langue comme le mathématicien fou le ferait, c’est-à-dire en changeant d’unité de mesure à chaque calcul. Au moment où il écrit, ajoute-t-il, il ne fait que mettre à mal les langues étrangères. C’est l’époque du « monolinguisme polyglotte », que j’ai ainsi défini car Beckett écrivait en anglais, tout en utilisant des langues étrangères, et traduisait pour gagner un peu d’argent, tout en s’interrogeant aussi bien sur le rôle de l’écrivain que sur celui du traducteur. Ce n’est qu’à partir de Murphy (1935 a - 1947 f) que l'idée d'une écriture bilingue comme projet poétique commence à prendre forme. Mais c’est dans Watt (1945 a - 1967 f) que la langue est véritablement « mise à mal » et que Beckett atteint un point de non retour. Après ce roman, Beckett écrira presque exclusivement en français pendant une dizaine d’année. Il s’agit en effet de deux premiers romans « traduits par l’auteur » (Murphy en collaboration avec Alfred Péron et Watt avec Ludovic Janvier). Écrits en deux langues, ces deux romans font partie de la deuxième période, celle du « bilinguisme à dominance anglophone ». La référence au « serviteur de deux maîtres » (« the servant of two masters ») dans Murphy, et la rupture symbolique (malgré l’interdit final « Honni soit qui symboles y voit ») avec la mère, dans Watt, où Tetty rompt le cordon avec ses dents signifiant ainsi la rupture avec la langue maternelle, permettent l’appréhension de l’oeuvre bilingue.

Pour ce qui est de l’auto-traduction, nous pouvons constater que les deuxièmes versions subissent aussi l’influence des périodes pendant lesquelles elles ont été rédigées ; en d’autres termes, si la traduction a été faite au cours d’une période autre que celle de la première rédaction, le texte II subit aussi des modifications liées au changement de poétique qui s’est produit pendant ce temps. L’ «original » sera toutefois reconnaissable et proche de la version traduite car Beckett agit toujours dans le « respect du texte », selon Berman, mais à sa façon, qui est aussi celle de l’auteur-traducteur.

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