Mory Camara
Dissertation : Mory Camara. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 2 Juin 2014 • 3 750 Mots (15 Pages) • 892 Vues
OMMENTAIRE DU
S
TATUT DE
R
OME DE LA
CPI
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Dans le même sens, la Cour a rejeté un certain nombre de charges dans
différentes affaires, démontrant ainsi que les juges des différentes Chambres
préliminaires assurent ce rôle de
filtre. Ainsi, dans l’affaire
Abu Garda
, qui était
accusé de certains crimes de guerre commis
lors d’une attaque contre la Mission
de l’Union africaine au Soudan (MUAS), les charges furent entièrement
rejetées
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.
Au regard de ma propre expérience, et plus précisément des six années que j’ai
passées à la Chambre d’appel, je peux témoigner de l’extrême vigilance des
juges de cette chambre à éviter toute possibilité d’atteinte aux droits de la
défense ou, plus généralement, à l’équité du procès ; cela reste vrai aujourd’hui.
- L’efficacité
La question de l’efficacité (ou de la célérité) des procédures est plus
problématique. On a relevé la lenteur du fonctionnement de la CPI, en utilisant
souvent les tribunaux spéciaux comme point
de comparaison. Cette observation,
qui est indéniable dans les faits, est le
produit de plusieurs facteurs. Les décisions
stratégiques prises par les parties, les acci
dents de parcours, les méthodes de travail
manquant d’efficacité, la longueur superflue de certaines décisions et d’autres
éléments internes à la Cour ont contribué
à cette situation ; ces
raisons doivent être
revues et corrigées. Néanmoins, si elle es
t tentante, la comparaison que l’on fait
avec les tribunaux spéciaux est boiteuse. La
CPI est dans une situation tout à fait
particulière qui a généré des obstacles
qui lui sont propres, du moins pour
le moment.
En premier lieu, le système est compliqué et rigide. La CPI n’est pas saisie de
situations « sur mesure ». Elle a tout d’abord l’obligation de déterminer si une
nouvelle situation répond aux exigences de compétence et de recevabilité.
Ensuite, il y a la double exigence des phases
préliminaire et de première instance
qui, selon bon nombre d’observateurs, se caractérisent non seulement par une
phase préliminaire trop longue et trop complexe mais également par un certain
chevauchement et une red
ondance entre les deux phas
es. La participation des
victimes est totalement nouvelle et a
généré nombre de problèmes à tous les
niveaux. Des considérations d’ordre ex
térieur entrent également en ligne de
compte. La CPI attend toujours une situation comparable à celle du procès de
Nuremberg ou même à celles dont ont été saisis les différents tribunaux spéciaux
qui ont été créés depuis le début des années quatre-vingt-dix. La CPI a surtout eu
à connaître de situations relatives à de
s conflits en cours, dans lesquelles les
questions logistiques et de sécurité posent des problèmes considérables. Bon
nombre de problèmes liés à la divulgation des preuves résultent de la double
obligation pour la CPI de respecter les droits de la défense et de garantir la
sécurité des victimes et des témoins.
Republic of France, the Federal
Republic of Germany, the Italia
n Republic, and the Republic of
South Africa », 2 décembre 2009.
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CPI,
Situation au Darfour, Soudan,
Le Procureur c. Bahar Idriss Abu Garda
, Affaire n°ICC-
02/05-02/09-243-Red, Chambre préliminaire I, D
écision relative à la confirmation des charges,
version publique expurgée enregistrée le 8 février 2010.
Extrait de l'ouvrage
Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
© éditions A.Pedone EAN 978-2-233-00653-0
www.pedone.info
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OUR PÉNALE INTERNATIONALE
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