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La représentation d'une œuvre théâtrale

Mémoire : La représentation d'une œuvre théâtrale. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Juin 2015  •  1 788 Mots (8 Pages)  •  657 Vues

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Introduction

Amorce : La représentation d'une œuvre théâtrale est une création collective et incarnée. Une fois écrite, la pièce échappe à son auteur et ne lui appartient plus : ce sont les acteurs qui donnent corps à l'œuvre. Dans cette création collective, les accessoires, les décors et les costumes jouent un rôle important et les dramaturges eux-mêmes y accordent une attention particulière.

Problématique : Lors de la représentation, le metteur en scène doit-il suivre scrupuleusement les indications de l'auteur et prendre en compte tous les éléments concrets mentionnés dans le texte théâtral ?

Annonce du plan : Certes, il faut rester fidèle aux directives de l'auteur, mais le théâtre, par sa nature, autorise (et peut même exiger) des entorses à la fidélité absolue. Une mise en scène réussie doit satisfaire les trois « créateurs » d'une pièce : l'auteur, le metteur en scène et le public.

I. La fidélité à l'auteur et au texte

1. Pas d'amputation du texte, pas de solution de facilité

L'auteur est le créateur premier, le mieux placé pour savoir comment servir au mieux la pièce. Ne pas suivre ses indications, c'est risquer de la dénaturer.

L'objet est un élément de la pièce à part entière, il fait partie du texte. Le théâtre du xviie siècle comporte très peu de didascalies. Plus tard, elles se multiplient : les dramaturges, Hugo, puis au xxe siècle Beckett (document C), pensent que les éléments concrets enrichissent la pièce.

Si le metteur en scène ne tient pas compte des didascalies, il ampute l'œuvre. Ainsi de Dom Juan et Sganarelle, au début de l'acte III de la comédie de Molière : ils sont habillés l'un en médecin, l'autre en habit de campagne ; si Sganarelle n'est pas en médecin, il ne peut plus prétendre parler sous l'influence de son habit de médecin (« Cet habit me donne de l'esprit... ») et on perd toute l'intention de Molière.

2. Costumes et décors servent d'indicateurs

Objets, costumes et décors permettent d'identifier la pièce au premier coup d'œil, et de saisir l'essentiel de l'action de la pièce et son atmosphère. Dom Juan est vêtu en maître, Sganarelle en valet et, dès l'abord, les rapports sociaux sont instaurés.

Le rôle des éléments scéniques est d'autant plus important pour les pièces à sujet historique ou situées historiquement : ils mettent en place une toile de fond indispensable à l'action. Hugo précise dans le détail les costumes de ses drames historiques : pour faire revivre l'Espagne de Charles Quint dans Hernani, la « vieille » duègne est « en noir, avec le corps de sa jupe cousu de jais, à la mode d'Isabelle la Catholique ».

3. Costumes, accessoires et décors indispensables

Inscrits dans les répliques, ils déterminent quelquefois les mouvements des personnages, guident la mise en scène et dictent alors leur loi au spectacle. La carotte qu'Estragon mâche dans En attendant Godot est le centre des jeux de scène et de la discussion des deux clochards.

Ils sont parfois les piliers de l'intrigue. C'est la statue du Commandeur qui, dans Dom Juan, entraîne le personnage aux Enfers. C'est sur le jeu des costumes - riche manteau de Premier ministre qui, rejeté, laisse voir la livrée de valet - qu'intervient le coup de théâtre final de Ruy Blas, lequel revendique son statut d'homme du peuple.

Le changement de costume est un élément de complication de l'intrigue fréquent au théâtre : c'est alors lui qui soutient la construction dramatique. Le Jeu de l'amour et du hasard repose sur un quadruple travestissement qui provoque une série de quiproquos et sert de support à l'« expérience » amoureuse et sociale de Silvia (la maîtresse), devenue Lisette (la servante) et de Dorante (le maître), devenu Arlequin (le valet). Au point qu'ils ne savent plus qui ils sont et qui ils aimeraient être : seuls le spectateur et l'auteur peuvent démêler ce nœud créé par les costumes eux-mêmes, qui prennent le pas sur la volonté de ceux qui les portent. Ils dirigent le discours, chacun devant tenir les propos correspondant à son habit et non à sa véritable identité : on pourrait presque dire que ce sont eux qui parlent ! Quelle plus grande importance peut avoir un élément dans une pièce ?

Enfin, si on ne prend pas en compte certains objets, on peut aboutir au non-sens et le spectateur ne comprend plus rien à la pièce. Si Rodrigue ne sort pas son épée ensanglantée, la réplique de Chimène : « Quoi ! Du sang de mon père encor toute trempée ! » perd son sens.

4. « Les objets sont signifiants » (Artaud)

Enfin, certains éléments dépassent le statut de simples objets : ils donnent son sens à la pièce, ont une valeur symbolique et véhiculent son « message » essentiel.

Ainsi, la livrée de Ruy Blas lui « colle » à la peau : c'est l'image de son statut de valet qui montre que le peuple ne peut échapper à ses origines ; elle représente, en la concrétisant, la fatalité sociale qui pèse sur le peuple, « grand » mais esclave de son rang. Dans En attendant Godot, la carotte n'est pas qu'un légume banal : elle est l'image de la vie entière, qui perd son « goût » à mesure que l'on vieillit.

II. Laisser une marge de souplesse à l'interprétation

L'histoire du théâtre montre une évolution dans le domaine des objets, des décors, des costumes : on passe de l'absence d'exigences des dramaturges dans la tragédie et la comédie grecques ou classiques, à l'hypertrophie des didascalies dans le théâtre contemporain.

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