Histoire d'immigration qui finit mal
TD : Histoire d'immigration qui finit mal. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 21 Novembre 2012 • TD • 963 Mots (4 Pages) • 1 303 Vues
Le 27 décembre 2008, j'ai raconté dans ces pages une histoire tragique. Celle de Talent, un réfugié congolais qui, la veille de Noël, avec ses enfants, déposait des fleurs sur une tombe. La tombe était celle de sa femme, Soki. Morte à 27 ans, au bout de son sang, à la suite d'une fausse couche.
L'histoire ne s'est pas passée en Afrique. Elle s'est passée ici même, dans un hôpital de Montréal, dans ce pays où Talent et Soki s'étaient réfugiés pour ne pas mourir.
Au Congo, Talent était l'enquêteur principal de l'Association africaine des droits de l'homme. Il a survécu à la torture et à des tentatives d'assassinat. Soki était infirmière. Ils se sont rencontrés dans un hôpital. Soki l'aidait à prendre des photos des blessés. Au chevet de l'horreur, une histoire d'amour est née.
Pour survivre, Talent a été obligé de s'exiler en 2003. Soki l'a suivi avec les enfants. Ils ont déposé tous leurs espoirs à Montréal. «C'est un pays pour les femmes, ici», disait Soki, qui avait foi en l'avenir. Elle était retournée aux études pour pouvoir travailler comme infirmière. Pour nourrir la famille, Talent travaillait d'arrache-pied dans le fin fond de la forêt au Lac-Saint-Jean, à faire du débroussaillage.
Ils se disaient que, dans ce pays en paix, tout était possible. Tout, mais pas ça. Pas mourir à 27 ans à la suite d'une fausse couche.
J'ai donc raconté cette histoire d'une tristesse infinie un 27 décembre, il y a quatre ans. Marc Boulanger, avocat de Québec spécialiste en responsabilité médicale, se trouvait à Montréal pour le congé des Fêtes. Le hasard a fait qu'il a lu La Presse ce matin-là. Il a été bouleversé par la photo de Talent et de ses six enfants (dont deux sont adoptés) en train de se recueillir sur la tombe de Soki. Photo crève-coeur d'un homme noir, immigré, pauvre, déraciné, dont la femme meurt dans des circonstances dramatiques... Et de cette petite de 3 ans qui sait que sa seule façon d'aller «voir maman», c'est d'aller au cimetière.
Ce jour-là, l'avocat m'a envoyé un petit mot. «Je ne manque pas de travail, m'a-t-il dit. Je ne suis pas en mal de publicité. Je ne veux pas que vous parliez de moi. Mais j'aimerais pouvoir aider cette famille démunie à obtenir justice.»
C'est ainsi que Talent a pu intenter l'an dernier une poursuite civile contre le Dr Kenneth L. Chan, l'obstétricien-gynécologue qui était de garde à l'hôpital Santa Cabrini la nuit du drame. Selon la poursuite, le Dr Chan s'est montré peu empressé de se rendre au chevet de Soki et n'a pas pris les décisions qui s'imposaient. L'affaire s'est conclue récemment par un règlement à l'amiable assujetti à des clauses de confidentialité.
Rien ne peut ramener Soki à la vie. Mais pour Talent, ce règlement est une étape symbolique qui lui permet d'espérer en finir avec son deuil.
Pour vraiment en finir et passer à autre chose, Talent attend la décision du Collège des médecins. En novembre 2011, devant le comité de discipline du Collège, le Dr Kenneth L. Chan, qui a démissionné de l'hôpital
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