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Le Sport Et L'argent

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Par   •  5 Janvier 2013  •  3 298 Mots (14 Pages)  •  1 225 Vues

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Corrigé de la synthèse « SPORT ET ARGENT »

DOCUMENT 1

Eric Maitro et Karim Nedjari, L'histoire secrète des Bleus. De la gloire à la désillusion. (2002)

Bleu, la couleur de l'argent

En début d'après-midi, les Bleus passent sous les ordres d'Adidas, l'équipementier officiel de l'équipe de France. Aujourd'hui, le nouveau maillot doit être présenté sur l'esplanade du Trocadéro, avec la tour Eiffel pour fond. La pluie gâche l'idée de la carte postale. La photo de groupe, visant à promouvoir la tenue de l'équipe de France pour la prochaine Coupe du monde, sera finalement prise à l'abri, sur le terrain synthétique couvert du Centre technique national à Clairefontaine. Les publicitaires ont préparé le décor. L'équipe de France n'attend pas le soleil. Un poster géant de la tour Eiffel, photographiée sous le ciel bleu trois jours auparavant, a été installé derrière les Bleus afin de s'approcher du résultat initialement prévu. Lors de cette séance photo, un incident oppose Lilian Thuram, Christophe Dugarry et Emmanuel Petit aux représentants d'Adidas. Sous contrat personnel avec Nike, les trois compères refusent de porter les baskets concurrentes. En équipe de France, chacun est libre d'évoluer avec la marque de son choix pour jouer. La marque aux trois bandes plaide sa cause. Il s'agit là du poster officiel de l'équipe de France. Un compromis est enfin trouvé. Lilian Thuram pose avec ses « Nike » grises, sans signe distinctif, et ses coéquipiers restent en chaussettes, bien cachés au second rang. Respectueux de ses engagements mais un brin provocateur, Christophe Dugarry crée l'événement un peu plus tard devant les micros des reporters en évaluant l'esthétisme du nouveau maillot : «je le trouve franchement moyen. Il n'est pas extraordinairement beau.» Un avis partagé par l'ensemble du groupe. Mais le reste des critiques restera dans l'intimité du vestiaire. Au nom de l'esprit d'équipe et de la stratégie marketing, les consignes du dossier de presse l'exigent : «En Corée et au Japon, les Bleus seront les ambassadeurs de la French Touch dans le monde grâce à un mélange d'élégance, de sobriété et de classicisme. Le maillot des champions du monde et des champions d'Europe en titre se doit d'être remarquable.» Et se doit d'être vendu. À partir du 13 février, 2002 maillots siglés «authentiques» édités en série limitée sont commercialisés à 100 euros l'unité. Pour le quidam, le Replica est offert à 65 euros. L'équipementier espère en vendre un bon million pour commencer. Et tripler le chiffre d'affaires en cas de nouveau titre en juillet prochain. Donc, ce maillot est forcément beau. «De toute façon, on ne nous a pas consultés», conclut Marcel Desailly pour clore la discussion du chiffon. [... ]

Grâce à l'argent et à la pub, la Fédération française de football affiche un budget de multinationale. Pour la seule année 2002, une cinquantaine de partenaires procurent à la FFF près de 40 % de ses ressources, soit 38 millions d'euros, deux fois plus qu'en 1998. Ces apports constituent le premier poste des recettes estimées à 95 millions d'euros en 2001-2002. Aucun club en France n'affiche un tel bilan. Si l'on ajoute l'argent de la télévision (32 millions d'euros versés par TF1 et Canal +), la Fédération vit à 71 % grâce à ses partenaires. La rançon de la gloire en quelque sorte, récoltée grâce aux bons services de Jean-Claude Darmon qui a une nouvelle fois remporté le jackpot. Début 2002, le contrat pour l'exploitation des droits marketing des Bleus détenu par la société Sportive a été reconduit jusqu'en 2006. Né de la fusion du groupe Jean-Claude Darmon, de Sport Plus (filiale de Canal +) et de UFA Sport (filiale de RTL-Group), le nouveau géant du marketing sportif présidé par «le grand argentier du football français» était en concurrence avec Havas Advertising Sport. Mais les dirigeants français ont préféré renouveler leur confiance à un «membre de la famille», comme régulièrement depuis la fin des années 1970. Pourquoi changer un attelage qui gagne : près de 22 millions de téléspectateurs ont suivi la finale de l'Euro 2000 face à l'Italie (77 % de part de marché), record du Mondial 98 battu et tous les sponsors rêvent d'associer leur produit à l'image parfaite des champions du monde.

1.Les sponsors de l'équipe de France sont classés en quatre catégories: les top sponsors qui payent un peu moins de 4 millions d'euros par an (Adidas, Carrefour, Canal + et LG, une firme d'électronique coréenne), les partenaires officiels qui versent entre 0,6 et 1,5 million d'euros (La Poste, Fuji, Coca-Cola, SFR, ... ), les fournisseurs officiels qui donnent entre 0,15 et 0,5 million d'euros (Lu, Kindy, façonnable qui habille les Bleus ... ) et les licenciés qui peuvent fabriquer des produits à l'effigie des Bleus.

DOCUMENT 2 Auth – « The Philadelphia enquirer » - 1997

DOCUMENT 3

Dans un entretien publié par le quotidien national Le Monde, Didier Primault répond aux questions d'Antoine Reverchon sur le thème des relations historiques entre le sport et l'argent et sur le caractère spectaculaire du sport.

Antoine Reverchon

L'irruption de l'argent et du spectacle de masse dans la pratique sportive est-elle un phénomène récent ?

Didier Primault

Pas réellement. Certes, le sport est, au XIXème siècle, une activité de loisir, qui se déroule dans des espaces et des moments (le soir, le dimanche) extérieurs au monde du travail et de l'économie. Il est pratiqué par des amateurs, encadré par des bénévoles. Mais en Angleterre, à partir du milieu du XIX° siècle, les matches de boxe qui se déroulent dans les arrière-salles des pubs donnent lieu à des paris; les amateurs, en exigeant de partager les gains avec les organisateurs, deviennent des professionnels. De même, les matches de football attirent un nombre croissant de spectateurs, ce qui donne l'idée aux organisateurs de créer des billetteries. Là aussi, les joueurs exigent une part du gâteau, et les clubs britanniques deviennent professionnels dès la fin du XIX° siècle. Cette « économisation » d'une pratique de loisir qui se transforme en spectacle de masse assuré par des «pros»

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