Mon Oncle- de Jacques Tati
Fiche : Mon Oncle- de Jacques Tati. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar leonlucien • 19 Février 2017 • Fiche • 2 959 Mots (12 Pages) • 1 386 Vues
Jacques Tati n’est pas n’importe quel cinéaste. Il est le créateur de Monsieur Hulot, et M. Hulot c’est un peu nous. Un homme qui avance, qui découvre, qui se promène, qui se trompe, qui émeut, qui fait rire.
Jacques Tati lorsqu’il prépare un film connaît son sujet par cœur. Il dessine tout, pense à chaque détail, visuel et sonore. Chaque image est composée, tel un tableau. Il écrit tout, d’une minutie extraordinaire pour nous en rendre compte avec une magnifique légèreté et un humour simple et vrai.
Dans ses films il y a la géographie, il y a l’histoire, l’architecture, le stylisme, la poésie, la musique, l’écriture, le temps. Il y a les déplacements, les véhicules, le corps et ses mouvements, la lenteur, la rapidité, la société moderne, la consommation, la couleur, les couleurs et jamais au hasard, toujours posées précisément comme le ferait un peintre. Il y a le son, les sons, de notre quotidien, des bruits qui deviennent mélodie.
Et puis, ce regard sur notre environnement, notre société, nos comportements, avec des stéréotypes, nombreux mais jamais cruels, car toujours avec une profonde tendresse qu’il transcrit par l’humour et Monsieur Hulot.
On veut changer M. Hulot, comme on souhaite changer la France. Ce M. Hulot, qui lorsqu’on lui dit d’aller à droite va à gauche, mais sans le faire exprès. « Lunaire M. Hulot » comme le décrivait Jacques Tati, à l’image des français, souvent dépassés par les évènements.
Mon Oncle est un film lucide et visionnaire, qui nous incite à l’esprit critique, nous apprend à regarder, nous donne un message d’espoir.
Jacques Tati n’est pas qu’un cinéaste, il nous propose une culture humaniste, une lecture du monde.
1. Le contexte : 1958
Mon Oncle, ce sont les années cinquante et leur contexte social : c’est le grand changement, les nouveaux modes de vie, les progrès techniques, l’évolution de la population active, la hausse du niveau moyen d’éducation, la consommation de masse, l’opposition du Paris traditionnel au « nouveau Paris » qui se développe :
Les Trente Glorieuses :
Origine de l’expression :
« Les trente Titre de l’étude publiée en 1979 par l’économiste Jean Fourastié, l’expression fut choisie en référence aux « Trois Glorieuses » de la révolution de 1830 et à la « révolution invisible », sous-titre de l’ouvrage, dont la France fut le théâtre au cours de ces années. La plupart des pays occidentaux, ainsi qu’en Asie, le Japon, ont également été marqués par cette phase d’expansion connue – en Allemagne et en Italie notamment – sous le nom de « miracle économique » ou, plus généralement, d’« âge d’or » de la croissance .
Nous sommes à une époque de grands changements : la généralisation du mode de vie propre à la société de consommation.
C’est une période de progrès techniques, d’industrialisation et de productivité du travail tirée par les activités industrielles et le bâtiment.
Jusque-là, la plupart des familles vivaient dans une seule et même pièce, très peu avaient l’eau courante, le chauffage central, des WC intérieurs et une salle de bain. Le baby-boom explose depuis la fin de la seconde guerre mondiale, période de très forte croissance économique qui permet une consommation de masse et une société de loisirs. Il y a ce « clivage » des années 50, celui des petits quartiers populaires et poétiques face à cet engouement pour le « monde moderne ».
Après-guerre, les ménages français s’équipent massivement en automobiles et biens d’équipement modernes.
En 1950 la création du salaire minimum interprofessionnel (SMIC) incite au pouvoir d’achat, en effet cette réduction des inégalités, associée à la création de la troisième semaine de congés payés (1956) change les habitudes de consommation (dépenses consacrées à l’équipement des foyers et aux loisirs) :c’est l’apparition de la consommation de masse.
Comme le souligne Nicolas Bouzou dans son dernier essai : « C’est l’âge d’or de la société de consommation.[…] On passe d’une consommation de sustentation à une consommation de masse »
Entre 1955 et 1960 la France propose le Prêt à la consommation.
Cette évolution économique majeure qui assure aux ménages un confort matériel significatif au regard des périodes précédentes est notamment permise par l’émergence du crédit. Ainsi que le mentionne l’ouvrage Histoire économique et sociale de la France : « Les besoins personnels de masse furent d’abord assurés par l’extension des ventes à tempérament. »
La période des Trente Glorieuses voit ainsi le développement des classes moyennes mais aussi celui du crédit, outil financier indispensable à l’équipement des ménages.
Le Salon des arts ménagers
Le premier Salon a lieu en 1923. Près de vingt ans après l'ouverture de la Foire de Paris, Jules-Louis Breton4 ouvre le «Salon des Appareils Ménagers » dans un baraquement de la Foire de Paris au Champs de Mars. Le salon est créé pour «récompenser les inventeurs des meilleurs appareils ménagers », sous le contrôle de la Recherche scientifique et du Ministère de l’Instruction publique. Un concours récompense les meilleurs appareils par des prix importants, de nombreuses médailles sont distribuées.
salon des arts ménagers 1956, photo H.Cartier Bresson
En 1925, le Salon n’aura pas lieu mais le Gouvernement décide de le rendre annuel
et le Salon s’installe au Grand Palais à partir de 1926, il se nomme désormais le « Salon des Arts Ménagers ».Il présente également des produits et matériels nécessaires à l’installation et à l’organisation de la maison et s’engage dans une voie de réflexion d’expérimentation pour une architecture nouvelle. En 1934, des architectes et des décorateurs se regroupent en une Union des Artistes Modernes (U.A.M.)5
Afin de mieux se faire connaître et comprendre, ils publient un manifeste et participent au Salon en y installant une Exposition sur l’Habitation dirigée de 1934 à 1939 par Paul Breton, ingénieur des arts et métiers, fils de Jules-Louis Breton
Le salon est interrompu de 1940 à 1947 à cause de la guerre, l'urgence de la situation conduit le ministre de la Reconstruction à se tourner vers Paul Breton pour
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