Etude du film Bienvenue à Gattaca

Etude du film Bienvenue à Gattaca

Dans le film « Gattaca », le réalisateur, Andrew Niccol, qui est aussi le scénariste du film, nous met en garde contre les dangers inattendus qui peuvent accompagner des avancées scientifiques importantes, comme actuellement la génétique.

Puisque nous allons étudier le film avec les jeunes en 2 parties, nous tâcherons de scinder les discussions pour nous attacher plus particulièrement :

 dans la 1ère partie à la psychologie et aux motivations des différents personnages, ainsi qu’au travail de réalisation cinématographique,

 dans la 2ème partie à une réflexion sur la génétique et les avancées de la science aujourd’hui.

1ère partie :

Les personnages

Il est important de commencer par proposer aux jeunes de définir ce qu’ils savent des différents personnages : qu’avez-vous appris sur eux, comment les percevez-vous ? L’idéal est d’aider les jeunes à différencier ce que le film dévoile et ce qu’ils ressentent.

Vincent :

Les pensées et les sentiments de Vincent nous sont largement accessibles dans cette 1ère partie, puisqu’il est la voix-off qui raconte.

Ce qui frappe évidemment chez lui, c’est sa détermination, sa volonté absolue de devenir astronaute, affirmée depuis l’enfance. Il s’impose non seulement des entraînements physiques extrêmes, des études scientifiques poussées, mais il va accepter également une opération chirurgicale traumatisante (se faire couper les 2 jambes pour les allonger de 5 cm).

Pour le moment, on ne sait pas ce qui attire vraiment Vincent sur Titan, une planète aussi vague, aussi insaisissable que la fumée de cigarette.

L’enfance donne bien sûr une part d’explication sur cette détermination du héros. Le 1er épisode de sa vie, qu’il nous raconte mais dont il ne peut évidemment se souvenir, est celui du changement de prénom que décide son père lorsqu’il apprend que le nouveau-né risque de souffrir de problèmes cardiaques. Ce geste équivaut à un reniement qui peut expliquer la rupture que Vincent devenu adulte, n’hésitera pas à provoquer entre lui et sa famille. Sa place n’a pas été reconnue dans le monde, et il cherchera, non pas à défendre ce qu’il est – un sous-homme-, mais plutôt à devenir ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire à prendre la place d’un autre.

Le rejet de la part du père est celui qu’exprime l’ordre social dans son entier. On comprend alors que le désir le plus cher de Vincent soit d’échapper à cette société, à ce monde où il ne compte pas, en devenant astronaute.

On découvre également la rivalité qui l’oppose à son frère Anton, génétiquement supérieur, ce frère qui refuse l’échange de sang que lui propose Vincent et dont la défaite inespérée prouvera que l’impossible est peut-être possible.

Jérôme Morrow :

C’est un être dit « génétiquement supérieur », mais cette supériorité semble avoir disparu avec l’accident qui l’a privé de l’usage de ses jambes. Il montre pourtant beaucoup d’assurance et il utilise une ironie grinçante et amère pour bien faire comprendre à Vincent qui est l’être supérieur (ce n’est bien sûr pas lui qui habite à l’étage, il mesure 1m 40, « bien sûr tu as réussi », il ne peut pas être astronaute : il a le vertige, etc.).

Sa perfection se double d’une supériorité sociale : son train de vie dont parle Vincent, sa faculté à savoir comment apprécier le vin.

Au début de leur relation, il est agressif avec Vincent : il sait que Vincent va le déposséder de son identité, alors qu’il lui est tellement supérieur !

Mais c’est un personnage complexe. Il n’a jamais supporté de n’avoir eu qu’une médaille d’argent. En fait, sa supériorité n’a jamais pu s’exercer réellement. Son désespoir devant la vie est manifeste, ses seuls goûts sont ceux pour l’alcool et la drogue.

On peut y voir évidemment une conséquence de son accident, mais on peut penser aussi que le désespoir est premier et que son penchant pour l’alcool traduit un manque fondamental de désir de vivre. Il est le portrait inversé de Vincent : Jérôme se sait supérieur, mais ne peut rien faire de cette supériorité, tandis que Vincent, qui se sait inférieur, fait tout pour échapper à cette infériorité.

On ne le sait pas encore, mais son désespoir le mènera au suicide.

Irène :

On comprend très vite qu’Irène est amoureuse de Jérôme Morrow (en fait Vincent) : tout le monde vante les qualités de Vincent et il va prendre part à une mission prestigieuse. Mais cette supériorité est d’un poids écrasant pour elle, car elle se sait imparfaite d’un point de vue génétique (elle éprouve une sorte de déception au vu des résultats de l’analyse du cheveu qu’elle a subtilisé : il est parfait, pas elle).

Contrairement à Vincent, elle accorde un crédit total à la génétique, dont elle ne met jamais en doute les conclusions : il y a ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Vincent lui prouvera le contraire.

Il sera intéressant de faire dire aux jeunes leurs sentiments sur ces 3 personnages principaux, car ils vont évoluer et il sera important d’en reparler à la séance suivante, quand les jeunes auront vu le film en entier.

Le travail de mise en scène

« Gattaca » étant un film d’anticipation, il paraît intéressant d’observer plus précisément la richesse d’invention dans la création et l’utilisation des décors, des costumes. Dans ce film, tous les costumes, les coiffures, les maquillages, les architectures, les intérieurs, les meubles, ont dû être créés par le réalisateur pour donner une signification précise. A nous d’essayer de comprendre ce qui a présidé à son choix.

Le titre, tout d’abord : « Gattaca » : l’ADN qui compose les gènes, est une molécule formée de l’assemblage de 4 petites molécules (appelées nucléotides) dénommées : adénine, guanine, thymine et cytosine et désignées conventionnellement par leurs initiales : A, G, T, C. La structure de l’ADN peut être décrite comme une suite excessivement longue de ces lettres dont la combinaison est propre à chaque individu. A Gattaca où règne la sélection

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