La cérémonie, Nagisa Oshima
Dissertation : La cérémonie, Nagisa Oshima. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar pooshinette • 12 Mars 2017 • Dissertation • 1 126 Mots (5 Pages) • 807 Vues
La cérémonie, Nagisa Oshima (1971)
La Cérémonie met en scène la famille Sakurada. C'est une famille japonaise traditionnelle, c'est-à-dire, constituée de beaucoup de membres (jusqu'à 4 générations regroupées sous le même toit) formant l'ie. On ne connait pas bien les liens familiaux, qui est le père de qui, qui est le fils de qui.
Le film procède par flashbacks. L'histoire prend place en 1971 lorsque Masuo et sa cousine (sa sœur ?), Ritusko se rendent sur l'île où vit un de leur cousin dont un télégramme leur a annoncé la mort prochaine. Il y a ensuite des allers-retours entre l'année 1971, pendant le trajet de Masuo et Ritsuko qui se rendent sur l'île, et des scènes de cérémonies en 1946, 1952, 1956 et 1961 se déroulant presque toutes dans la maison familiale.
Oshima fait en sorte que chacune de ces cérémonies ait lieu à une date bien précise qui correspond à un événement précis de l'après guerre au Japon, à une année près environ :
- 1946 : un an après la capitulation
- 1952 : quelques mois après la guerre de Corée
- 1956 : réorientation du parti communiste vers une ligne moins radicale
- 1961 : mouvement de contestation citoyenne au Japon
- 1971 : quelque mois apres la guerre de Tokyo (des émeutes étudiantes)
Ainsi, l'histoire familiale et l'histoire du Japon se répondent. On pourrait dire qu'Oshima a fait de la famille Sakurada un modèle réduit du Japon. De cette manière, La cérémonie crée un parallèle entre l'histoire d'une famille patriarcale rigide et la chute du Japon militariste.
La première cérémonie à laquelle on assiste se passe sans encombre. On observe une certiane stabilité au sein de l'ie. Mais au fur et à mesure, les cérémonies deviennent de plus en plus absurdes, les conflits se multiplient. Ce n'est qu'une question de temps avant que la situation ne dégénère. Plus le film avance, plus on se demande, en tant que spectateur, quand le conflit va éclater, quel incident va se produire, etc... On ressent une sorte de malaise et d'incertitude.
Kazuomi Sakurada, le chef de famille est d'une froideur implacable, ce qui lui donne un aspect inhumain. Il semble ne jamais vieillir avec ses cheveux couleur argent et son visage qui reste le même alors qu'on peut observer un soucis du réalisme dans le reste de la réalisation. On constate le même phénomène avec la pièce principale de la maison des Sakurada où se déroulent toutes les cérémonies (sauf celle du mariage de Masuo) : c'est un espace blanc monochrome, froid et qui ne change jamais, comme figé dans le temps. Au fur et à mesure du film, il devient de plus en plus dissonant de voir les jeunes générations qui se modernisent, qui vieillissent, de retour dans cette pièce et avec ce chef de famille qui ne change pas. Oshima montre ainsi que la vieille génération (celle de la guerre) reste ancrée dans un passé et des traditions qui ne correspondent plus à la société d'après guerre, qu'elle refuse les changements sociétaux en cours. Cette situation crée un fossé entre les deux générations qui entrent en conflit.
Le personnage de Masuo témoigne un désir d'échapper à ces cérémonies mais il ne franchit jamais le pas. Il revient à sa maison familiale dès qu'il est appelé et retombe sous le contrôle de Kazuomi, incapable de s'affranchir totalement. C'est une façon de critiquer l'abus de pouvoir au sein de la famille japonaise traditionnelle et, par extrapolation, de la Nation japonaise. Oshima semble rejetter le passé tout en se moquant de l'apathie de sa propre génération.
Le thème du baseball est récurrent dans le film. On voit Masuo jouer quand il est enfant, on apprend ensuite qu'il est en phase de devenir joueur professionnel et la scène finale est une partie de baseball imaginaire.
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