Jouer un personnage au théâtre signifie-t-il effacer son vrai moi ?

Rédaction grand oral HLP exclusivement 

Intro

« Être ou ne pas être telle est la question » voilà la question que tout bon acteur pourrait se poser avant de jouer son personnage. En effet au théâtre nous devons jouer un rôle qui n’est pas le nôtre dans la plupart des cas.

Ainsi interpréter un personnage au théâtre signifie-t-il effacer son vrai moi soit sa vraie personnalité ?

Nous verrons dans une première partie qu’au 1er abord le personnage que l’on interprète prend le dessus. Puis nous expliquerons le fait que le moi transparaît forcément dans notre personnage. Enfin dans une troisième partie nous nous demanderons si cette problématique ne peut-elle pas s’appliquer à d’autres milieux que le théâtre.

1 -> le personnage que l’on interprète prend le dessus = on parle d’incarnation

Au premier abord nous pouvons voir que le personnage que l’on interprète prend le dessus. Ainsi nous ne parlons plus d’interprétation à proprement parler mais d’incarnation. C’est-à-dire qu’au lieu d’effacer partiellement notre personnalité pour jouer notre personnage il nous semble être gravé dans la peau comme s’il avait toujours fait partie de nous.

Mais comment se caractérise ce passage de l’interprétation à l’incarnation ?

Tout d’abord cela est caractérisé par un besoin de se mettre dans la peau du personnage pour lui être le + fidèle possible. Ainsi nous pouvons changer d’apparence ou bien de tonalité vocale afin de coller au mieux à notre personnage. C’est notamment ce que va faire Philippe Torreton pour jouer Cyrano de Bergerac. En effet celui-ci va se raser la tête afin d’être le plus proche de son personnage. (De même pour la comédienne Julie Marie Parmentier qui voit le regard de son chat changer à chaque fois qu’elle change de personnage et donc en incarne un nouveau. En effet l’incarnation se fait tellement forte que celui-ci ne reconnait même plus sa maîtresse.)

De plus dans le théâtre antique ou bien à l’époque de la Comedia Dell’Arte, les comédiens étaient forcés de porter des masques afin de cacher leur vraies émotions. Ainsi on ne voyait d’eux que les yeux et la bouche.***

En outre, au théâtre le comédien est forcé de suivre le texte qu’on lui demande de jouer. Comme le disait notamment Louis Jouvet, un grand comédien « Le personnage est d’abord un texte ». Ce qui nous montre bien que le comédien ne peut pas laisser transparaître sa vraie personnalité car il n’est pas libre de ses choix dans la pièce. Sans oublier bien évidemment que le comédien doit également écouter son metteur en scène qui va lui donner des indications précises sur son personnage pour au mieux l’incarner. Ainsi son vrai-moi va être alinéatisée afin que son personnage prenne le dessus. Pour citer un exemple, prenons Pierre Arditi et sa femme Evelyne Bouix qui jouent ensemble au théâtre. Seulement dans le cadre de la pièce de Sacha Guitry nommée « Le mari, la femme et l’amant », les deux tourtereaux ont dû jouer le rôle de l’épouse et de l’amant, ce qui s’éloigne de la réalité des faits car ils sont mariés dans la vraie vie. Ainsi nous pouvons dire qu’en suivant les indications de mise en scène en plus du script, tous les deux ont dû mettre leur vie personnelle de côté le temps de la pièce.

2 -> le moi transparait forcément dans notre interprétation

Seulement pour jouer un personnage, une partie de nous doit forcément être utilisée. En effet pour faire en sorte que les émotions ressenties par le personnage soient le + vraies possible nous devons utiliser la méthode analogique qui revient à se fier à nos expériences et à comment nous les avons appréhendé pour interpréter notre personnage. Dans le but d’ainsi pouvoir comprendre les émotions que ressent notre personnage et pouvoir plus facilement les interpréter. Méthode qui est notamment mise en avant par le philosophe Berkeley. ***

De plus à travers notre interprétation transparaît notre vraie personnalité car chacun va adopter une interprétation différente d’un personnage. Comme le disait Claude Henri Buffard « le théâtre n’est pas l’art de l’imitation ni du portrait-robot ». En effet lorsque notre jouons un rôle, nous allons le jouer selon une perception particulière et individuelle de ce même personnage. Par conséquent, c’est bien notre propre jugement et notre propre personnalité qui va nous servir à construire notre interprétation d’un personnage.***

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