Étude de l'acte I, scène 2 de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière
Documents Gratuits : Étude de l'acte I, scène 2 de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lephenixxx • 7 Avril 2013 • 2 189 Mots (9 Pages) • 2 695 Vues
Fiche BAC :
LA n°1 : acte I scène 2, Don Juan expose sa conception de l’amour:
Extrait de Dom Juan de Molière publié en 1665
1er niveau : DJ expose sa philosophie de l’amour.
2nd niveau : à travers sa conception de l’amour, DJ nous dresse son portrait.
Problématique :
Situation : Répondant aux inquiétudes de don Gusman sur le départ précipité de don Juan, Sganarelle lui a dit qu’il craignait que celui-ci ait abandonné sa maîtresse done Elvire après l’avoir épousée. Il lui a expliqué que son maître est « un grand seigneur méchant homme » sans aucun scrupule. DJ arrive, son entrée crée un effet dramatique et comique en confrontant le personnage à l’image qu’on a de lui à travers les valets. Une explication s’esquisse avec Sganarelle qui lui dit qu’il « trouve fort vilain d’aimer de tous côtés ». DJ réplique dans une longue tirade et lui expose sa philosophie de l’amour.
Ce texte fonctionne comme un texte argumentatif destiné à persuader. Il expose une conception et esquisse le portrait du séducteur.
I. Un discours pour convaincre
Analyse du fonctionnement du discours :
A. L’énonciation
->DJ s’adresse à Sganarelle : « tu » présent seulement dans la 1ère phrase : « tu veux » puis il parle longuement sans interpeller à nouveau son. On dirait qu’emporté par son discours, il l’oublie = le discours s’adresse aux spectateurs (double communication théâtrale),=> il est destiné à mettre en valeur le personnage qui trace son portrait en contraste avec celui fait par Sganarelle.
-> utilise le « je » entre « Pour moi » et « le changement »: une dizaine de fois, puis en fin de tirade « j’ai sur ce sujet » 4 fois : le discours prend un tour personnel, il décrit son penchant irrépressible.
->ailleurs il utilise « on » ou « nous » : le premier en sujet, le 2° en objet-> dès le début, puis en alternance avec le « je », il fait de sa conception une vérité générale.
->Le présent =valeur générale, alors que dans les autres, il décrit des traits de caractère. DJ considère donc sa conception comme justifiée, valable pour le plus grand nombre. C’est une vérité présentée comme une évidence. En fait, il hésite entre cette vérité générale (« La belle chose de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle ») et l’affirmation de sa propre liberté (« Pour moi, la beauté ma ravit partout »).
B. La construction argumentative :
La construction de l’argumentation et les types de phrases soulignent sa conviction et son désir de persuader.
1. l.1 à 8 : critique de la fidélité :
Il commence par une question rhétorique doublée d’une exclamation (« Quoi, tu veux qu’on se lie… ») qui traduit sa surprise devant la position de Sganarelle et l’évidence de sa propre conception. Puis il enchaîne par une exclamation qui renforce le mépris qu’il a pour la fidélité, elle lui parait le pire ennemi de l’amour : « La belle chose de vouloir se piquer d’un faux honneur d’être fidèle ». La 3° phrase commence par le redoublement de l’exclamation « non » qui conclut le rejet de la thèse adverse tout en insérant la sienne en cours de phrase après la virgule « toutes les belles ont droit de nous charmer ». Une sorte de maxime ou d’aphorisme se détache vers la fin de cette partie : « la constance n’est bonne que pour les ridicules ». Il utilise une métaphore dévalorisante « ensevelir, être mort » qui assimile la fidélité à une mort sentimentale.
2. l8 à 25 : éloge de l’inconstance en invoquant le charme irrésistible qu’exerce sur lui la beauté =>« Pour moi » introduit l’exposition de sa propre position. Il y a une succession de phrases déclaratives où alternent affirmations et négations, les secondes évoquant toujours le rejet de la thèse adverse « l’amour que j’ai pour une belle n’engage pas mon âme », « je ne puis refuser mon coeur ». Une nouvelle maxime se détache « tout le plaisir de l’amour est dans le changement »=cette phrase définit le donjuanisme, qui fait de la multiplication des conquêtes la condition de l’amour. Ces 2 maximes ressemblent à des alexandrins si on ne compte pas les e muets [vers blancs].
3. l25 à 50 : il expose sa stratégie, qui fait de la conquête amoureuse une entreprise aussi exaltante que la conquête guerrière. Retour au « on » et aux généralités, pour définir et justifier sa conception. Ici commence une période oratoire construite sur la proposition principale en tête : « On goûte une douceur extrême à » qui contient une série de compléments « réduire … » 66, « voir » 67, « combattre » 68, « vaincre » 71, « mener » 72 qui abordent les différentes phases de la séduction ; à l’intérieur, des subordonnées décrivent l’attitude de la femme « les résistances qu’elle nous oppose » 71, « les scrupules dont elle se fait un honneur » 72 et enfin la victoire du séducteur « où nous avons envie de la faire venir ». Cette période est éloquente, elle suit les détours de la stratégie du séducteur, exprime le plaisir de la tactique, c’est le vocabulaire militaire qui décrit l’entreprise amoureuse.
->Célèbre métaphore de la conquête est suivie d’une phrase commençant par « mais » qui décrit au contraire la suite de la conquête. La phrase est coupée en deux, la 1ère partie reprend la métaphore de la mort de façon plus légère (« endormons »), la 2° partie rebondit sur l’évocation d’une nouvelle conquête.
4. « Enfin » indique le bilan. L’enthousiasme grandit, cet orgueil l’entraîne à la mégalomanie, il termine par une comparaison audacieuse entre ses conquêtes amoureuses et celles d’Alexandre le grand. [IV° s avant JC, conquit le monde grec, l’Egypte et l’Asie jusqu’à l’Inde, il est au XVIIe chez les moralistes].
Le texte est donc bien un discours construit qui oppose deux thèses, la fidélité et l’amour conquête, en mettant en valeur cette dernière par la place qu’elle occupe dans le plan, les types de phrases, les images.
C-Un brillant plaidoyer :
-> Malgré l’immoralisme du contenu, cette tirade séduit le lecteur. On désapprouve la cruauté du libertin mais on admire son audace.
-> La langue
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