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Écriture d'invention

Fiche de lecture : Écriture d'invention. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Mars 2015  •  Fiche de lecture  •  872 Mots (4 Pages)  •  569 Vues

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Moi. – Il n’empêche, il est vraiment trop pessimiste : il réduit l’homme à une simple « espèce ». Du coup, il passe sous silence la dimension spirituelle de l’homme… Vous ne trouvez pas ça abusif ? C’est d’une mauvaise foi !

Le professeur. – Il ne la passe pas sous silence : il en parle au début du texte.

Moi. – Oui, mais c’est pour mieux l’effacer par la suite. Un peu facile, non ?

Le professeur. – Mais, en tant que biologiste, il est normal qu’il prenne la question sous son angle scientifique. D’où la différence qu’il fait entre les moralistes et lui. Lui ne s’occupe pas de l’individu : il ne parle que de l’espèce humaine ; il la remet en contexte pour nous faire comprendre que, d’un point de vue purement biologique, nous ne sommes supérieurs à aucune autre espèce sur la longue durée, et ce malgré nos avancées scientifiques, notre « intellect ». Et en cela, il a raison. Regarde : la nature fait ce qu’elle veut de l’homme : un tsunami, un tremblement de terre réduisent à néant des populations entières… L’espèce humaine n’échappe pas aux lois de la nature.

Moi. – Je veux bien que l’homme soit imparfait et susceptible de disparition, comme tous les autres êtres vivants. Mais nous avons quand même de quoi être fiers de ce que nous avons accompli jusqu’ici. Rostand fait comme si les découvertes scientifiques, les inventions, le progrès ne comptaient pour rien. Il y a tout de même un juste milieu entre la reconnaissance de notre imperfection et la conscience de nos accomplissements…

Le professeur. – D’accord, mais tu oublies un point essentiel : tu te places du point de vue de l’homme alors que Rostand, lui, se place du point de vue de l’espèce. Tu singularises ; il généralise. Ce qui n’est qu’une « aventure » pour lui, te semble important. Pour toi, l’homme est grand parce que tu réfléchis à ton échelle ; pour Rostand, la Terre n’est qu’un « grain de boue », parce qu’il réfléchit à l’échelle de l’Univers.

Moi. – Mais après tout, ce n’est pas pour rien que Robert Oppenheimer, le père de la bombe A, a cité le Mahâbhârata après le premier essai nucléaire, en s’exclamant : « Je suis devenu la Mort, le destructeur des mondes ! » La bombe atomique, tout de même, c’est quelque chose !

Le professeur. – Pour toi, pour moi, pour n’importe qui, c’est « énorme ». Mais uniquement si l’on en reste à l’échelle humaine. Et là est bien le problème : nous ne pouvons nous départir de cette échelle. En réalité, je suis tout à fait d’accord avec ce qu’écrit Rostand, mais seulement quand j’y réfléchis, quand je considère la question de façon abstraite. Mais l’admettre définitivement rendrait la vie invivable : nous avons besoin de penser que nous sommes importants.

Moi. – Tout cela ne serait donc qu’une affaire de point de vue ? D’accord, vivre sur une autre planète relève aujourd’hui de la science-fiction, mais sans doute aurons-nous un jour les moyens de perpétuer définitivement « l’espèce », comme il nous appelle. Et nous aurons damé le pion à toute l’évolution ! Après tout, Cyrano de Bergerac (le vrai, pas celui de la pièce), au xviie siècle, n’a-t-il pas imaginé

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