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Voltaire Guerre

Mémoire : Voltaire Guerre. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  16 Mars 2013  •  1 500 Mots (6 Pages)  •  1 004 Vues

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Introduction :

Jugeant l’Encyclopédie parfois trop prudente dans ses critiques, Voltaire entreprend la rédaction de son propre Dictionnaire philosophique en 1765, un dictionnaire qui se veut « portatif » et qui remet en cause tous les aspects de la société. L’ouvrage prend en particulier pour cible les contradictions entre les dogmes de l’Eglise et les Evangiles. Dans cet article, le polémiste dénonce les ravages de la guerre légitimée par une « religion artificielle » qu’il oppose à la « religion naturelle » qui définit son théisme. Par quels moyens Voltaire rend-il particulièrement efficace cette dénonciation ? Nous verrons que si dans un premier temps, le philosophe utilise le registre privilégié de l’ironie pour condamner la guerre et la religion qui l’encourage, c’est pour échapper à un désespoir qui nourrit son ton polémique et l’amène finalement à un certain pathétique.

I Une condamnation ironique de la guerre :

Idée : La cible de cet article comme son titre l’indique est bien sûr la guerre, envisagée comme source de chaos et de souffrances tant morales que physiques, cause de la dilution de toutes les valeurs humaines les plus nobles. Comme souvent dans son œuvre, Voltaire appuie sa critique sur les procédés ironiques.

A) La dénonciation des ravages tant physiques que moraux est faite à travers le champ lexical de la destruction avec le verbe détruire répété en début et en fin de texte, les verbes égorger, mourir, fracasser, le terme de « ruines », les désignations des victimes par les adjectifs substantivés « exterminés » et « mourants ». Ces ravages concernent les « corps » des individus autant que le corps social que sont les villes ; ils sont condamnés par l’emploi de termes accusateurs comme « crime », répété deux fois, ou « meurtres », ce dernier venant clore une longue énumération qui, par son effet d’accumulation, rend compte du caractère implacable de ce fléau. Cette énumération du deuxième paragraphe est à mettre en opposition avec celle du dernier qui énumère les grandes vertus humaines que la guerre précisément détruit : le contraste entre la parataxe de l’énumération des qualités humanistes avec l’allusion très concrète à la « demi-livre de plomb » souligne la fragilité de ces vertus sous l’attaque de la barbarie de la guerre.

B) Le recours à l’ironie, comme implication mordante et éloquente de l’auteur : loin de la neutralité du dictionnaire, et ce dans la lignée de l’Encyclopédie / ironie perceptible aux formules oxymoriques : « le merveilleux de cette entreprise infernale », « aller exterminer son prochain » et dans les antiphrases : « un chef n’a eu que le bonheur d’égorger deux ou trois mille hommes », « pour comble de grâce une ville a été détruite », ou encore « [marcher] gaiement sous la bannière de son saint » / ironie soutenue par une véritable éloquence portée par des effets de rythme et d’effets d’assonances et d’allitérations : allitération en [r] dans « mais lorsqu’il y en a eu environ dix mille d’exterminés par le feu et par le fer » qui illustre l’horreur de cette extermination ; ou dans le reste de la phrase, les consonances en [on] et en [en] qui donne comme la cadence martiale au Te Deum.

Transition : Voltaire déploie toute sa verve ironique pour dénoncer le phénomène de la guerre mais il double cette critique par celle de la religion qui, en légitimant la guerre menée par les princes au nom de Dieu, s’associe à cette barbarie. A cette religion dévoyée, il oppose un déisme éclairé.

II et de la religion artificielle opposée au théisme voltairien :

Idée : on retrouve à travers la critique double de la guerre et de la religion artificielle, la défense du théisme de Voltaire qui prône une « religion naturelle » fondée sur l’adoration d’un « Dieu juste et vengeur » et la morale du bien.

A) la religion sous le feu de la critique ironique de la guerre: les deux champs lexicaux sont étroitement liés dans chaque phrase : « fait bénir » ; « exterminer son prochain » ; « sous la bannière d’un saint » ; les actions militaires sont liées à des rituels religieux : « invoque Dieu solennellement » ; « il n’en remercie pas Dieu » / une même ironie à travers une distanciation qui est un procédé présent dès Candide dans les chapitres sur la guerre ou sur l’Inquisition : le Te Deum n’est pas nommé directement ; les guerres religieuses des croisades ou entre protestants et catholiques,

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