Ruy Blas
Note de Recherches : Ruy Blas. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dylan162 • 15 Juin 2015 • 1 344 Mots (6 Pages) • 736 Vues
Cours
Ruy Blas, Victor Hugo
Objectif : situer une œuvre importante du théâtre romantique dans l’histoire littéraire ; distinguer les éléments qui font de cette œuvre une référence en matière d’innovation et de renouveau.
1. Victor Hugo et le théâtre romantique
a. Un besoin de renouveau
Le XVIIIe siècle a mis à mal la tragédie et a surtout vu s’opérer un virage dans le genre de la comédie : comédie bourgeoise ou de mœurs, elle a été servie notamment par le talent de Marivaux ou Beaumarchais et s’est progressivement émancipée des règles classiques sans renier réellement l’héritage de Molière.
Le XIXe siècle cherche de nouvelles pistes : le mélodrame commence à faire recette et le drame se profile doucement. La Préface de Cromwell (1827), drame historique de Victor Hugo, formule enfin clairement les nouvelles tendances : le mélange des genres, plus de réalisme, abolition des règles unitaires.
b. Les innovations de Victor Hugo
Victor Hugo rompt officiellement avec la tradition lors de la représentation d’Hernani (1830) qui va guider et drainer tout un flux de jeunes auteurs en mal de renouveau : le ton est hardi, la versification se débride, l’épopée s’invite sur scène (ce qui n’est pas sans rappeler Le Cid, aussi à l’origine d’une querelle de chapelles littéraires en son temps).

Doc. 1 : Ruy Blas Acte 5, Scène 3. Ruy Blas lève l'épée contre Don Salluste : « Je crois que vous venez d'insulter votre reine ! »
L’auteur remplace le destin par le hasard (parfois excessif) qui pousse les personnages vers quelques invraisemblances, notamment dans le dénouement ou l’accomplissement de ce destin (le héros d’Hernani ne met pas en œuvre son projet proclamé d’éliminer le roi lorsqu’il se trouve en face de lui). Le support historique et la couleur locale ne suffisent pas à faire oublier ces caractéristiques déjà présentes à l’époque classique. Cependant, son théâtre se distingue surtout par une formidable énergie déployée par les personnages (et le héros romantique en tête) entraînés dans une intrigue brillante et rythmée.
Les sentiments sont exaltés, ardents comme le veut l’époque. Et le lyrisme est mis au service de ces grandes passions : la poésie et la prose expriment la mélancolie, l’amour, l’enthousiasme. L’épopée aussi transpire à travers l’expression, comme le montre l’invective de Ruy Blas aux ministres corrompus (III, 2).
2. Ruy Blas
a. Sources de l’œuvre
Le thème du valet travesti en maître ou « déclassé » n’est pas nouveau : Molière et ses successeurs du XVIIIe siècle (Diderot, Marivaux…) l’ont largement popularisé. Quant au personnage même de Ruy Blas, il a été nourri par les ambitions politiques de son auteur et par son attachement pour Hélène de Mecklembourg (épouse du fils aîné de Louis-Philippe, le duc d’Orléans), qu’il a essayé en vain de faire nommer régente en 1848.
En ce qui concerne la réalité historique, et notamment la précision de la peinture de la Cour d’Espagne, on sait que Victor Hugo s’est servi de textes qu’il avait pratiqués (mémoires de Mme d’Aulnoy, ou encore L’Etat présent de l’Espagne de l’abbé Vaurac, 1718) et de ses souvenirs d’un voyage en Espagne effectué en 1811, qui ont suffi à lui fournir quelques noms de rues et autres mots ou noms à sonorités espagnoles nécessaires à la couleur locale de son drame.
b. La préface
La préface fait écho à l’arrière-plan théorique du théâtre romantique dont Victor Hugo est chef de file.
L’auteur montre qu’il essaie de tenir compte des aspirations de son public (qu’il décompose en trois catégories : les penseurs, les femmes, la foule) et de captiver chacun en soignant, dans ses pièces, ce qui les intéresse : « la foule demande surtout au théâtre des sensations ; le femme des émotions ; le penseur des méditations. Tous veulent un plaisir. » C’est en cela que le drame peut se définir comme un genre hybride.
Il justifie ensuite le choix de son personnage principal et de sa destinée, puis montre que ses sources sont réalistes. Mais surtout, l’auteur a à cœur qu’aucun des aspects de son drame n’échappe
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