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Reve D'Emma Madame Bovary Commentaire II,12 (1857)

Dissertation : Reve D'Emma Madame Bovary Commentaire II,12 (1857). Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  25 Juin 2013  •  3 340 Mots (14 Pages)  •  11 308 Vues

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Les rêves parallèles de Charles et Emma.

Proposition pour un commentaire

Situation dans le roman : dans le chapitre 10, l’amour de Rodolphe et d’Emma s’est épanoui, puis racorni, sous l’effet d’un retour de religiosité et d’amour maternel. Dans le chapitre 11, la grande tentative médicale qui devait permettre à Emma d’admirer son mari comme un nouveau héros de la médecine se solde par un échec lamentable.

L’amour adultère recommence de plus belle, et Emma, de plus en plus, envisage la fugue, tout en écornant sérieusement sa fortune.

La scène des rêves parallèles se situe après la décision de s’enfuir, et juste avant l’abandon de Rodolphe. C’est pour Flaubert l’occasion d’ébaucher deux visions de l’avenir qui seront avortées.

Plan du texte : forme d’antithèse entre § 1, Charles voyant dormir sa femme et sa fille, imagine l’avenir, puis dort, et § 3, Emma rêve à son avenir personnel, jusqu’au moment où la réalité l’endort pour de bon. Le § 2 sert de charnière pour montrer l’impossibilité de concilier ces deux rêves.

Hypothèse de plan pour un commentaire : l’ironie du parallélisme entre les deux rêves, et la moquerie de Flaubert à l’égard du caractère des deux personnages.

Introduction

En l’absence de toute connaissance du contexte précis, on pourra se contenter de présenter la situation narrative, celle de deux personnes qui vivent dans la même chambre, le même lit, qui ont un enfant commun, et qui poursuivent des idéaux différents. Il serait judicieux de parler d’idéaux, justement, parce que le contraste avec le peu de détails de la réalité est frappant. Il serait judicieux aussi de dire, en matière de problématique, que ce texte ne donne pas le sentiment d’une harmonie entre les deux époux, et que le commentaire va essayer d’en rendre compte par deux procédés de lecture, une analyse de l’apparente symétrie dans le but d’en montrer les différences, et une analyse de la signification souhaitée par Flaubert : c’est un couple ridicule et pitoyable.

Première partie : En quoi consiste l’ironie de cette double description ? Un parallélisme qui montre les différences !

1°) Parallélisme : les parallèles ne se rencontrent pas … L’omniscience du narrateur est à noter. Flaubert est ironique parce qu’il n’explique rien, ne juge pas, ne fait pas de commentaire : le lecteur en sait suffisamment grâce aux détails racontés, et ces détails révèlent les motivations des personnages. Donc le parallélisme sert à montrer les différences entre les deux époux, et lorsqu’il y a des ressemblances, elles servent aussi à marquer l’éloignement entre eux.

Cette phrase médiane, qui sépare nettement les deux rêves, est d’ailleurs un condensé du vocabulaire afférent au sommeil et au rêve, de manière hyperbolique et répétitive : « Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d’être endormie ; et, tandis qu’il s’assoupissait à ses côtés, elle se réveillait en d’autres rêves ». Flaubert prend soin d’écrire qu’Emma « se réveillait en d’autres rêves » : cet adjectif traduit bien la distance entre les époux : sommeil séparé dan su lit commun, pensées séparées.

2°) La situation narrative de mensonge ou de non-dialogue constitue un premier décalage. Il s’agit de réflexions silencieuses, et non d’un dialogue portant sur un avenir commun, voire différent, puisque Emma simule le sommeil : « Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d’être endormie ; et, tandis qu’il s’assoupissait à ses côtés, elle se réveillait en d’autres rêves ».

Parallélisme des moments du rêve et du sommeil ; lorsque Charles rentre, « au milieu de la nuit » ou lorsque le jour se lève, « le matin, quand l’aube blanchissait les carreaux » : ce décalage entre les époux nous montre le lit conjugal comme scène de deux fantasmes séparés, et non pas une nuit d’amour : faire semblant de dormir est une marque claire du refus de la conjugalité.

Les bruits nocturnes sont totalement dénués d’idéal, familial ou adultère : l’enfant tousse, Charles ronfle, les auvents claquent : le lyrisme de la poésie familiale de Charles, de la poésie grandiloquente d’Emma, est annulé par ces bruits triviaux.

3°) Les deux pensées de Charles et d’Emma sont présentées séparées l’une de l’autre, en opposition dans deux paragraphes : il faut considérer comme importante cette composition, car le nombre de lignes est à peu près équivalent pour chacun des deux époux, ce pourrait être une égalité, mais la séparation en paragraphes signifie la différence.

3°) Autre différence dans la forme et la logique des phrases : parallélisme des phrases courtes de Charles, et longues et embrouillées d’Emma : le discours intérieur de Charles présente un aspect morcelé, par juxtaposition de phrases, amenées les unes derrière les autres par une sorte d’association d’idées, et dans un ordre chronologique du temps à venir envisagé par le personnage, avenir essentiellement pensé à la première personne du singulier (remplacée par la troisième personne du fait du discours indirect).

Le discours intérieur d’Emma présente un aspect compact, il est fait de grandes phrases complexes, dont chaque membre s’ajoute au précédent comme si elle ajoutait des détails au fur et à mesure d’une promenade géographique, alors que Charles envisage une progression temporelle. Tous ces détails se répètent ou se ressemblent, il y a moins de conditionnels que dans la pensée de Charles, comme si le souhait était déjà réalisé. C’est formulé à la troisième personne du pluriel, car Emma englobe son amant dans son imagination de l’avenir avec lui.

La pensée de Charles est morcelée, s’organise en rythmes binaires ou ternaires, signes d’une réflexion plus méthodique, organisée, allant chercher les détails en les assemblant l’un à l’autre pour n’en pas perdre le fil, réflexion contenant beaucoup de liaisons implicites explicatives, de cause à conséquence.

Groupes binaires :

« il faudrait la mettre en pension, cela coûterait beaucoup »

« louer une petite ferme aux environs, et qu’il surveillerait lui-même », « Il en économiserait le revenu, il le placerait », « quelque part, n’importe où », « elle lui broderait des pantoufles ; elle s’occuperait du ménage »

Groupes

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