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Maupassant Incipit

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Par   •  15 Mai 2013  •  3 149 Mots (13 Pages)  •  1 423 Vues

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Introduction

Auteur :

Oeuvre : Une vie, premier roman de Maupassant, est publié d’abord en feuilleton en 1883. Maupassant nous annonce dès le titre qu’il va obéir à un principe de simplicité, de banalité même à l’image de la vie de Jeanne. La première page joue un rôle essentiel puisqu’elle propose une sorte de « contrat de lecture » qui met en place les principaux éléments caractéristiques et les règles de la fiction.

Extrait : La première page n’échappe pas à cette nécessité : la narration se fait à la troisième personne avec l’alternance de deux points de vue, correspondant à l’entrée en scène de deux personnages.

Lecture

Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.

L'averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d'eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l'humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.

Jeanne, sortie la veille du couvent, libre enfin pour toujours, prête à saisir tous les bonheurs de la vie dont elle rêvait depuis si longtemps, craignait que son père hésitât à partir si le temps ne s'éclaircissait pas, et pour la centième fois depuis le matin elle interrogeait l'horizon.

Puis elle s'aperçut qu'elle avait oublié de mettre son calendrier dans son sac de voyage. Elle cueillit sur le mur le petit carton divisé par mois, et portant au milieu d'un dessin la date de l'année courante 1819 en chiffres d'or. Puis elle biffa à coups de crayon les quatre premières colonnes, rayant chaque nom de saint jusqu'au 2 mai, jour de sa sortie du couvent.

Une voix, derrière la porte, appela : " Jeannette ! "

Jeanne répondit : " Entre, papa. " Et son père parut.

Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds était un gentilhomme de l'autre siècle, maniaque et bon. Disciple enthousiaste de J.-J. Rousseau, il avait des tendresses d'amant pour la nature, les champs, les bois, les bêtes.

Aristocrate de naissance, il haïssait par instinct quatre-vingt-treize ; mais philosophe par tempérament, et libéral par éducation, il exécrait la tyrannie d'une haine inoffensive et déclamatoire.

Sa grande force et sa grande faiblesse, c'était la bonté, une bonté qui n'avait pas assez de bras pour caresser, pour donner, pour étreindre, une bonté de créateur, éparse, sans résistance, comme l'engourdissement d'un nerf de la volonté, une lacune dans l'énergie, presque un vice.

Homme de théorie, il méditait tout un plan d'éducation pour sa fille, voulant la faire heureuse, bonne, droite et tendre.

Elle était demeurée jusqu'à douze ans dans la maison, puis, malgré les pleurs de la mère, elle fut mise au Sacré-Coeur.

Il l'avait tenue là sévèrement enfermée, cloîtrée, ignorée et ignorante des choses humaines. Il voulait qu'on la lui rendît chaste à dix-sept ans pour la tremper lui-même dans une sorte de bain de poésie raisonnable ; et, par les champs, au milieu de la terre fécondée, ouvrir son âme, dégourdir son ignorance à l'aspect de l'amour naïf, des tendresses simples des animaux, des lois sereines de la vie.

Extrait du chapitre 1 - Une Vie - Guy de Maupassant

Problématique :...............................................................................................................................................................................................................

Annonce des axes :

I- Deux personnages types de leur classe sociale et de leur temps.

1- Jeanne, la jeune fille qui sort du couvent

Jeanne est d’abord prénommée, c’est elle qui sera l’héroïne, c’est à elle que nous nous identifions par la focalisation interne.

Son état civil ne nous sera donné que par rapport à son père. Nous n’avons pas de description physique mais un portrait psychologique et une histoire.

a- Une psychologie rêveuse et naïve

Une jeune fille hyper sensible, impatiente, enthousiaste, rêveuse et très naïve. Nous sommes aussi avec Jeannette dans l’intimité de la jeune fille de 17 ans, traitée comme une enfant par son père.

Exemples du texte :

b- Une histoire, une éducation

Lieu des études : Elle sort du sacré cœur où son père « l’avait tenue […] sévèrement enfermée, cloîtrée, ignorée et ignorante des choses humaines ». Et cela depuis sa 12ème année.

• Elle a l’éducation qui correspond à celle d’une jeune fille de l’aristocratie normande avec une éducation religieuse formée selon les conventions de l’époque et de son milieu.

• Elle est aimée de ses parents, sa mère pleure à leur séparation et son père « voulait la faire heureuse, droite et tendre ». Leur relation est affectueuse, sans cérémonie.

• Le portrait de Jeanne se dessine d’abord de l’intérieur, puis à travers son éducation et sa famille. Les portraits du père et de la fille s’éclairent l’un l’autre.

2- Le baron Le Perthuis des Vauds

On attend un portrait physique du père vu par la fille mais Maupassant change de point de vue et nous présente le baron à distance en évitant la « photographie banale de la vie » pour nous donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même.

• Il évite tous les détails inutiles, il présente le représentant type d’une génération et d’un milieu.

• C’est le procédé inverse que celui adopté pour Jeanne qui est d’abord un individu unique puis peu à peu une jeune fille typique de l’aristocratie.

a- Son histoire, son milieu

Un homme du siècle précédent « un gentilhomme de l’autre siècle », prisonnier du passé, et mal préparé

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