Les didascalies initiales: places et fonctions des didascalies dans Lorenzaccio d'Alfred de Musset
Analyse sectorielle : Les didascalies initiales: places et fonctions des didascalies dans Lorenzaccio d'Alfred de Musset. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lilykay • 4 Février 2014 • Analyse sectorielle • 1 411 Mots (6 Pages) • 1 375 Vues
LES DISDACALIES INITIALES
PLACES ET FONCTIONS DES DIDASCALIES DANS LORENZACCIO
Le mot didascalie (du grec , instruction donnée par le poète dramatique aux acteurs) désigne les indications scéniques destinées à informer les lecteurs et les metteurs en scènes. Elles sont le seul élément du texte dont l’auteur est, directement, l’énonciateur. Texte à lire, les didascalies ne sont donc pas prononcées lors de la représentation, elles n’ont qu’" une fonction de commande de la représentation " comme l’écrit Anne Ubersfeld dans Lire le théâtre. Le drame romantique rejette la règle des trois unités chère aux classiques, de ce fait, l’action s’ouvre à un contexte spatio-temporel beaucoup plus vaste, fondé sur l’allongement de la durée et la multiplicité des lieux. Le drame romantique refuse également les contraintes scéniques, ce qui lui donne une mobilité et une expressivité plus grandes. Tout cela explique l’abondance et l’importance des didascalies dans Lorenzaccio car à travers elles, c’est le discours de Musset que nous percevons, un discours indispensable pour le lecteur de cette pièce conçue comme " un spectacle dans un fauteuil ".
Nous étudierons tout d’abord la didascalie initiale, dont la longueur peu habituelle retient d’emblée l’attention ; dans un second temps, nous serons amenés à voir combien ces didascalies sont nécessaires à Musset pour faire de Lorenzaccio le chef d’œuvre du théâtre romantique.
Banale en soi, puisqu’elle est pour l’auteur dramatique un passage obligé, la didascalie initiale de Lorenzaccio surprend par sa longueur. Cette liste des personnages n’offre pas moins d’une quarantaine de noms très divers mais tous ont une consonance italienne. Nous remarquons en outre qu’au lieu d’organiser cette distribution en fonction du rôle et de l’importance qu’ils ont dans la pièce, Musset a préféré ranger ses personnages selon le rang qu’ils occupent dans la hiérarchie sociale. Ainsi, la liste qui s’ouvre par la mention d’Alexandre de Médicis, " duc de Florence ", immédiatement suivie des noms de Lorenzo de Médicis et de Côme de Médicis " ses cousins ", s’achève par l’énumération de personnages subalternes : un orfèvre, un marchand, deux précepteurs, etc. Il n’est pas inintéressant de remarquer que ces derniers sont juste précédés de la liste des personnages féminins de la pièce, simple reflet d’une société dans laquelle la femme n’est pas considérée comme l’égale de l’homme, misogynie de Musset ? nous ne saurions trancher mais le choix est significatif... Nous remarquons en outre que les personnages sont regroupés par famille, l’on serait tenté d’écrire par " clans ", cela laisse augurer de possibles rivalités. Nous constatons également que par la diversité de leur condition et de leur état, ces personnages constituent un microcosme qui est en quelque sorte la reproduction de la société florentine. Le pouvoir est aux mains d’un seul : Alexandre, mais il existe une opposition politique puisque Musset mentionne la présence sur scène de " seigneurs républicains " ; par ailleurs la mention de Roberto Corsini, " provéditeur de la forteresse " et celle d’ " un officier allemand " rappelle une situation historique précise : pour protéger l’autorité d’Alexandre, Charles Quint a imposé à ce dernier des troupes étrangères. Le passé artistique prestigieux de Florence n’est pas oublié, le personnage de Tebaldeo, " peintre ", en témoigne. A ces constatations il convient d’ajouter une dernière observation : beaucoup de personnages ont un lien de parenté avec Lorenzo, héros éponyme de la pièce. Il est aisé d’en déduire que le personnage principal dans cette pièce n’est ni celui qui détient le pouvoir, ni le premier personnage indiqué dans la didascalie initiale. En somme, cette première didascalie, très complète apporte une foule de renseignements au lecteur et supplée, pour qui veut la lire attentivement, la traditionnelle scène d’exposition du théâtre classique.
Dans le cours de la pièce d’autres didascalies, non moins importantes, retiennent notre attention, ce sont, en premier lieu les indications scéniques placées au début de chaque scène. Elles ont pour fonction de nous renseigner sur le lieu, le moment où se déroule l’action et de préciser qui est en scène. C’est le cas de la scène 1 de l’acte I où nous voyons que le décor, " un jardin
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