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Les Fables

Analyse sectorielle : Les Fables. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  22 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  2 653 Mots (11 Pages)  •  581 Vues

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Introduction : L’apologue, bref récit imagé illustrant une morale, est pratiqué par de nombreux auteurs soucieux de convaincre leurs lecteurs en recourant à cette forme littéraire plaisante et efficace. La Fontaine, dans ses Fables, y voit le moyen d’instruire sans lasser : « Une morale nue apporte de l‘ennui ; le conte fait passer le précepte avec lui ». Son mot d’ordre, plusieurs fois affirmé, est en effet de « plaire tout en instruisant ». Comment peut-on penser l’articulation entre ces termes qui semblent a priori relevés de deux visées contradictoires ? C’est surtout parce qu’il joint l’utile à l’agréable que l’apologue paraît efficace à ces auteurs classiques, pour lesquels il est impensable de distraire sans instruire, et l’on peut se demander s’il ne serait pas, en effet, une des formes d’argumentation les plus efficaces qui soient, en raison de sa clarté, et de sa brièveté. Mais cela doit être nuancé : parce que la morale est cachée sous le récit, l’apologue court cependant le risque de manquer son objectif, et d’obscurcir son propos. La Fontaine semble donner la priorité au pouvoir de la gaieté tout en faisant réfléchir son lecteur : l’ironie ne serait-elle pas l’outil le plus efficace pour plaire et « instruire » ?

[I] L’apologue peut être une forme d’argumentation efficace en raison de ses qualités intrinsèques : c’est en effet un genre plaisant, qui articule une morale à un récit vivant, bref et clair. La fable, en mettant en scène des animaux ou des situations tirées de la vie quotidienne, comme dans « La laitière et le pot au lait » adopte des thèmes relativement simples et peut permettre une identification, d’autant plus que le « plus simple animal nous y tient lieu de maître ». Le récit est souvent court et animé, qui rend par exemple la démarche légère de Perrette ou le mouvement des grenouilles qui sautent « dans les trous du marécage », « dans les roseaux » grâce à un jeu d’anaphore. Le schéma narratif est celui du conte, avec des effets de chute et de retournement de situation, comme dans « Les animaux malades de la peste ». Cet effet de surprise est plaisant pour le lecteur qui se laisse prendre au jeu de la narration. En outre, La Fontaine ménage des rythmes particuliers et variés, avec de jeux d’hétérométrie qui permettent par exemple de rendre l’opposition entre la lenteur de la tortue et la rapidité du lièvre. Cela rapproche la fable écrite en vers de la prose et facilite la compréhension de la petite histoire. L’art de la variation empêche l’ennui : les fables doubles, comme « le pâtre et le lion », laissent entrevoir des jeux de parallélismes, de différences et de reprises, c'est-à-dire le travail de l’écriture dans ses subtils changements. Selon ces exigences, l’art de conter place la moralité à la fin du récit, au début ou en son cœur, comme dans « Le corbeau et le renard ». Le pouvoir de persuasion de la fable lui vient également de sa clarté. En effet, le récit bref ne souffre pas de grandes complexités : le nombre de personnages est souvent restreint, et l’intrigue offre le minimum de prolongements et de rebondissements : ainsi de la fable du Corbeau et du Renard, qui se contente de deux personnages et dont la péripétie conduit à une simple inversion des positions, entre celui qui possède le fromage et celui qui ne le possède pas. C’est la parole du renard qui a opéré ce renversement, illustrant bien sûr le pouvoir de la flatterie. Dans « le Loup et l’agneau », même chose : deux personnages antagonistes prennent la parole avant que le premier ne dévore le second. Encore le dialogue qui précède l’action est-il artificiel, le loup n’ayant au fond guère besoin de raisons pour dévorer sa proie naturelle, l’agneau. C’est bien une parodie de procès qui a eu lieu, pour montrer que la justice est illusoire et que seule y triomphe « la raison du plus fort ». L’apologue nécessite que le récit enrobant la morale soit aussi plaisant que possible, car « une morale nue apporte de l’ennui ». C’est pourquoi ce genre est volontiers humoristique. Amuser le public permet de préparer celui-ci à accepter la morale du récit. Les fables de la Fontaine recourent fréquemment à l’humour, ainsi dans « l’Ours et l’Amateur des jardins », un ours voyant son ami jardinier endormi assailli par des mouches décide de l’aider en se saisissant d’une grosse pierre, qui tue les mouches …et le dormeur, illustrant plaisamment la morale du conteur : « Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ». La satire, qui dénonce les défauts des hommes et les abus auxquels leur condition les conduit, contribue elle aussi à rendre l’apologue humoristique. Chez la Fontaine, c’est le milieu hypocrite et injuste de la cour qui fournit bien souvent la cible de la satire, comme le montre la fable « Les animaux malades de la peste » qui dénonce de même les « jugements de cour », capables de condamner l’innocent au mépris de toute équité.

[Transition] Drôle parfois, bref et clair toujours, l’apologue est de plus un genre argumentatif concret, qui met en situation la morale et se préserve donc d’une trop grande abstraction. Il peut ainsi prétendre à une audience universelle. Cette qualité explique par exemple le choix de genres enfantins comme la fable pour La Fontaine, et le succès de ces auteurs face à un jeune public. On voit ainsi que l’apologue peut enseigner une véritable sagesse, et proposer non seulement des conseils mais des maximes de conduite accessibles à tous. Les valeurs proposées par La Fontaine sont ainsi d’ordre épicurien, comme dans « le Héron et la Fille » par exemple, qui nous invitent à jouir des biens de ce monde au moment où ils se présentent, avant qu’ils ne nous fassent défaut. | pour votre « culture » : Jésus lui-même dans les Evangiles, recourt volontiers aux paraboles, afin de transmettre des valeurs universelles et accessible à tout public. La parabole du fils prodigue dans l’Evangile selon St Luc donne ainsi un exemple clair des vertus du pardon que tout chrétien est appelé à pratiquer. L’allégorie de la caverne, développée par Platon dans la République livre VII, délivre une vérité philosophique à prétention elle aussi universelle : le monde n’est qu’un théâtre d’ombres dont se désintéressent ceux qui ont aperçu le soleil de la vraie justice, du vrai Bien.

[II] Drôle, simple et concret, d’un côté, capable d’enseigner des valeurs universelles de l’autre, l’apologue a toutes les qualités pour séduire le public le plus large. Cependant, l’articulation du récit à la morale y est délicate, et là réside sans doute son point faible : que cette articulation manque de perfection, et le texte devient obscur. Plaire

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