Lecture Analytique : Le Paysan Du Danube
Documents Gratuits : Lecture Analytique : Le Paysan Du Danube. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar adelie123456789 • 6 Mai 2014 • 2 019 Mots (9 Pages) • 6 084 Vues
Lecture analytique : « Le Paysan du Danube » La Fontaine, Fables, Livre XI, 1678
Introduction
Jean de la Fontaine
1621-1695
Après des études de droit et l’obtention d’une charge de maître des eaux et forêts (comme son père), il se consacre à l’écriture.et fréquentation du milieu des poètes à Paris. Il se met à écrire, d’abord des contes et nouvelles licencieux puis des fables. En moraliste, il observe les hommes et la société dont il condamne les excès Il finit sa vie dans la piété.
Auteur classique, classicisme : mvt qui se développe dans la 2° partie du 17°siècle :comme Molière, Pascal, Boileau , Racine, Corneille, La Bruyère Mme de La Fayette. Caractéristiques : idéal de l’honnête homme (élégance et finesse de l’esprit, mondain de la cour du roi qui brille par sa conversation),ordre et raison contre désordre et passion, volonté de corriger les défauts de hommes par le charme de l’écriture, imitation des anciens.
Les fables
La fable, du latin « Fabula » (conte) est un court récit allégorique (portée symbolique) en vers ou en prose contenant une moralité. La Fontaine reconnaît qu’il imite ses grands prédécesseurs (Esope, le latin Phèdre (1° siècle av JC) mais il revendique une volonté nouvelle : il enrichit leurs apologues (courts récit à visée morale) et joint l’agréable (charme de la poésie, sujets variés, animaux) à l’utile (enseigner une morale).
La Fontaine a publié 240 fables en 25 ans (1668-1694) dans 3 recueils qui comportent chacun plusieurs livres. Le livre I est dédié au dauphin (fils aîné du roi Louis XIV)
Succès des fables à leur époque et encore aujourd’hui : étudiées à l’école, illustrées par des nombreux artistes (chauveau 17°, Doré et Granville 19°), vers devenus proverbes.
Cette fable, tirée du livre XI, est une dénonciation de l’hégémonie des romains à travers le discours du paysan du Danube, représentant du peuple colonisé. Pour passer son message tout en évitant la censure, il place sa critique dans un cadre spatio-temporel différent, c’est à dire l’Antiquité.
Problématique : Comment La Fontaine, à travers le discours de son personnage, parvient-il à confronter deux conceptions du pouvoir ?
La condamnation de l’impérialisme romain.
Placé au centre de la fable, le discours du paysan s’apparente à un réquisitoire violent contre l’hégémonie (volonté de domination, de conquérir ) romaine. Discours énergique, argumentation directe donc à l’intérieur de l’argumentation indirecte que constitue la fable. Sur quels arguments s’appuie cette harangue (discours solennel prononcé devant une assemblée) ? En quoi est-ce un réquisitoire contre la colonisation romaine ?
L’argumentation du paysan.
Sa thèse est énoncée de façon très explicite aux vers 31/32 : « Rome est par nos forfaits, plus que par ses exploits/ L’instrument de notre supplice ».( attention au sens du mot forfait ici : il désigne les taxes, les impositions, l’exploitation subies par les peuples colonisés).
Son but est donc de convaincre les Romains -à qui il s’adresse directement- de renoncer à leur politique de conquête cf la double injonction : « Retirez-les » vers 63 et 73.
2 arguments principaux sont énoncés :
1) - un argument logique et politique : tout rapport de force basé sur l’injustice est amené à s’inverser ; c’est le risque du retour du balancier cf vers 33 à 51 .
2) - un argument d’ordre religieux (lié au premier) : les dieux condamnent de tels actes. Il s’agit d’un argument d’autorité 5cf vers 55, 56, 57.
B. L’inversion du rapport barbare/civilisé.
L’audace consiste surtout à décrire Rome sous le signe de la barbarie, de la corruption des mœurs alors qu’elle est censée symboliser la grandeur de la civilisation. Cf Montaigne
La force de conviction du paysan tient à la violence de la dénonciation et donc à l’emploi de procédés caractéristiques du registre polémique (affrontement des idées) : ponctuation expressive, questions rhétoriques, vocabulaire péjoratif et mélioratif, emploi de modalisateurs et de la 2° personne.
Le vocabulaire employé est sans ambiguïté :
Cf importance du réseau lexical du crime tout au long du discours : « mal, injustice, viole, punit, supplice »
Cf périphrase péjorative pour désigner les colons : « gens de rapine et d’avarice » (vers 76)
Par ailleurs le paysan souligne l’absurdité de la situation : au lieu de protéger les peuples nouvellement colonisés, les Romains par leur attitude font fuir la population des cités (symbole de civilisation) vers les montagnes (qui renvoient à l’état sauvage) cf vers 65
Enfin, la civilisation romaine est associée à l’image d’une corruption des mœurs. L’emploi d’un procédé d’ironie par antiphrase (vers 56) souligne cette inversion des valeurs : « Grâces à vos exemples/Ils n’ont devant les yeux que des objets d’horreur ». (opp entre la locution prépositionnelle et le terme exemple connotés positivement et l’expression « objets d’horreur »)
Un discours pathétique.
En plus de la pertinence des arguments invoqués par le paysan, la force de ce réquisitoire provient de sa valeur émotionnelle qui touche directement les auditeurs présents (les sénateurs romains) et au-delà le lecteur de la fable.
Une situation dramatique.
L’expression peut s’entendre de deux façons complémentaires : le tableau dressé par le paysan est tragique ; la situation d’énonciation, c’est-à dire ici, la façon dont son discours est « mis en scène » fait penser à une scène de théâtre.
Plusieurs éléments incitent
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