Le roman et ses personnages vion de l'homme
Dissertation : Le roman et ses personnages vion de l'homme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ANONYMEUR • 2 Mars 2015 • 10 241 Mots (41 Pages) • 1 148 Vues
1. Le romanCORPUS ET SUJETS 2 Séries ES, S - Sujets inéditsObjet d’étude : Le roman et ses personnages :visions de l’homme et du monde. CORPUS TEXTE A. Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1re partie, chapitre V, « Une négociation », 1830. TEXTE B. Victor Hugo, Quatrevingt-treize, 1874. TEXTE C. Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932. TEXTE D. André Malraux, La Condition humaine, 1933. ÉCRITUREI. Vous répondrez d’abord à la question suivante.Question (4 points)Après avoir repéré dans les différents extraits les personnages qui expriment un refusou une révolte, vous comparerez les relations qu’ils entretiennent avec leur milieu.II. Vous traiterez ensuite, au choix, l’un des sujets suivants.1. Commentaire (16 points)Vous commenterez le texte de Céline (texte C).2. Dissertation (16 points)Dans une lettre à sa sœur Pauline Beyle, datée du 3 août 1804, Stendhal écrit :« Tu sais bien que, dans les romans, l’aventure1 ne signifie rien : elle émeut, etvoilà tout ; elle n’est bonne ensuite qu’à oublier. Ce qu’il faut, au contraire, serappeler, ce sont les caractères. »Vous commenterez cette affirmation en vous interrogeant sur l’importance descaractères dans le roman et en vous appuyant sur des exemples tirés du corpus etde vos lectures personnelles.1. Aventure veut dire ici intrigue. 1
2. Le roman 3. Invention (16 points) Imaginez un personnage romanesque qui, dans un monologue intérieur, exprime les raisons et les moyens de sa révolte. Vous situerez ce personnage dans un contexte social ou familial précis. TEXTE A Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1re partie, chapitre V, « Une négociation », 1830. [Le jeune Julien Sorel, fils de charpentier doué pour les études, a de très mauvaises relations avec son père. Celui-ci, pour s’en débarrasser, compte le placer chez M. de Rênal, le maire de Verrières.] – Réponds-moi sans mentir, si tu le peux, chien de lisard1, d’où connais-tu Mme de Rênal, quand lui as-tu parlé ? – Je ne lui ai jamais parlé, répondit Julien, je n’ai jamais vu cette dame qu’à l’église. 5 – Mais tu l’auras regardée, vilain effronté ? – Jamais ! Vous savez qu’à l’église je ne vois que Dieu, ajouta Julien, avec un petit air hypocrite, tout propre, selon lui, à éloigner le retour des taloches2. – Il y a pourtant quelque chose là-dessous, répliqua le paysan malin, et il se tut un instant ; mais je ne saurai rien de toi, maudit sournois. Au fait, je vais être10 délivré de toi, et ma scie n’en ira que mieux. Tu as gagné M. le curé ou tout autre, qui t’a procuré une belle place. Va faire ton paquet, et je te mènerai chez M. de Rênal, où tu seras précepteur des enfants. – Qu’aurai-je pour cela ? – La nourriture, l’habillement et trois cents francs de gage.15 – Je ne veux pas être domestique. – Animal, qui te parle d’être domestique, est-ce que je voudrais que mon fils fût domestique ? – Mais, avec qui mangerai-je ? Cette demande déconcerta le vieux Sorel, il sentit qu’en parlant, il pourrait20 commettre quelque imprudence ; il s’emporta contre Julien, qu’il accabla d’in- jures, en l’accusant de gourmandise, et le quitta pour consulter ses autres fils. Julien les vit bientôt après, chacun appuyé sur sa hache et tenant conseil. Après les avoir longtemps regardés, Julien ne pouvant rien deviner, alla se placer de l’autre côté de la scie, pour éviter d’être surpris. Il voulait penser mûrement à cette25 annonce imprévue qui changeait son sort, mais il se sentit incapable de prudence ; son imagination était tout entière à se figurer ce qu’il verrait dans la belle maison de M. de Rênal. 2
3. Le roman CORPUS ET SUJETS 2 « Il faut renoncer à tout cela, se dit-il, plutôt que de se laisser réduire à manger avec les domestiques. Mon père voudra m’y forcer ; plutôt mourir. J’ai quinze30 francs huit sous d’économie, je me sauve cette nuit ; en deux jours, par des chemins de traverse où je ne crains nul gendarme, je suis à Besançon ; là je m’engage comme soldat, et, s’il le faut, je passe en Suisse. Mais alors plus d’avancement, plus d’ambition pour moi, plus de ce bel état3 de prêtre qui mène à tout. » 1. lisard : amateur de lectures ; le père de Julien s’est mis en colère quand il l’a vu lire au lieu de travailler à la scierie. 2. taloches : gifles. 3. état : condition sociale. TEXTE B Victor Hugo, Quatrevingt treize, 1874. [Hugo fait ici le portrait d’un des trois personnages principaux du roman, Cimourdain, ancien prêtre, acquis aux idées de la Révolution.] Cimourdain était une conscience pure, mais sombre. Il avait en lui l’absolu. Il avait été prêtre, ce qui est grave. L’homme peut, comme le ciel, avoir une séré- nité noire ; il suffit que quelque chose fasse en lui la nuit. La prêtrise avait fait la nuit dans Cimourdain. Qui a été prêtre l’est. 5 Ce qui fait la nuit en nous peut laisser en nous les étoiles. Cimourdain était plein de vertus et de vérités, mais qui brillaient dans les ténèbres. Son histoire était courte à faire. Il avait été curé de village et précepteur dans une grande maison ; puis un petit héritage lui était venu, et il s’était fait libre. C’était par-dessus tout un opiniâtre1. Il se servait de la méditation comme on10 se sert d’une tenaille ; il ne se croyait le droit de quitter une idée que lorsqu’il était arrivé au bout ; il pensait avec acharnement. Il savait toutes les langues de l’Europe et un peu les autres ; cet homme étudiait sans cesse, ce qui l’aidait à porter sa chas- teté, mais rien de plus dangereux qu’un tel refoulement. Prêtre, il avait, par orgueil, hasard ou hauteur d’âme, observé ses vœux ; mais15 il n’avait pu garder sa croyance. La science avait démoli sa foi ; le dogme s’était évanoui en lui. Alors, s’examinant, il s’était senti comme mutilé, et, ne pouvant se défaire prêtre, il avait travaillé à se refaire homme, mais d’une façon austère ; on lui avait ôté la famille, il avait adopté la patrie ; on lui avait refusé une femme, il avait épousé l’humanité. Cette plénitude énorme, au fond, c’est le vide. 1. opiniâtre : obstiné. 3
4. Le roman TEXTE C Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932, Gallimard. [Le personnage principal, Bardamu, participe à la Grande Guerre. Il évoque cette expérience au début du roman.] […] Si on avait dit au commandant Pinçon qu’il n’était qu’un sale assassin lâche, on lui aurait fait un plaisir énorme, celui de nous faire fusiller, séance tenante, par le capitaine de gendarmerie, qui ne le quittait jamais d’une semelle et qui, lui, ne pensait précisément qu’à cela. C’est pas aux Allemands qu’il en voulait, le 5 capitaine de gendarmerie. Nous dûmes donc courir les embuscades pendant des nuits et des nuits imbé- ciles qui
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