Le Personnage De Roman : être De Papier Ou être réel ?

Depuis le Moyen-Age, époque de création du roman, jusqu’à nos jours, le personnage de roman n’est qu’une simple invention de l’auteur. C’est une personne fictive, se différenciant d’une véritable personne, et ayant différentes fonctions de personnage : il peut avoir la fonction narrative, actancielle ou encore fictive. Néanmoins, il évolue selon les époques et les intentions de l’auteur. Le personnage devient, dès lors, vraisemblable et semble être plus qu’une simple création de l’auteur. Si le personnage de roman existe, de quel être s’agit-il : un être vivant ou un « être de papier » ? Tout d’abord, nous verrons que le personnage de roman peut être considéré comme une personne s’encrant dans la réalité et éprouvant de réels sentiments et sensations. Puis, nous verrons qu’il peut aussi être simplement vu en tant qu’être inventé, ayant pour seuls objectifs d’atteindre ceux de l’auteur. Il est légitime de se demander à quel moment le personnage de roman est un être humain capable de souffrir et à quel moment il est comme un « être de papier » servant les objectifs de l’auteur.

De nombreux personnages de romans reflètent la réalité et évoluent dans un cadre proche de la réalité. L’esthétique réaliste en est un exemple concret, car son but est de produire un effet de réel par l’intermédiaire de nombreuses descriptions détaillées. La physionomie des personnages, les détails morphologiques et psychologiques sont décrits avec précision, donnant ainsi une illusion de vérité. Toutes ces descriptions visent à donner au personnage une sorte d’humanité qui permettent au lecteur de s’identifier à celui-ci. Aussi, dans « Le temps retrouvé » (1927) de Marcel Proust, le personnage du vieux Duc de Guermantes est décrit avec une telle précision que le lecteur semble l’avoir déjà croisé tant l’image de ce personnage lui devient concrète. D’ailleurs, Proust ne se contente pas d’une simple description des traits du personnage : son visage et son corps se construisent petit à petit dans l’esprit du lecteur grâce à des descriptions métaphoriques. Ses cheveux, ses yeux, son visage semblent tellement exceptionnels qu’ils en deviennent presque mythiques. Ou encore, dans « Voyage au bout de la nuit » ( 1932) de Céline, le réalisme du cadre et du personnage principal de Bardamu est parfait. Soldat participant à la Grande Guerre, Bardamu s’efforce de décrire avec précision les lieux, les caractères et l’horreur de la guerre. Du cruel capitaine de chevalerie aux hommes qui tentent de survivre, tout est fait pour être au plus proche de la réalité. De plus, Bardamu décrit même son cheval, ce qui ne fait qu’accentuer le réalisme du cadre spatio-temporel et des personnages. Les auteurs de romans (le plus souvent réalistes) veulent donc apporter une imitation du réel grâce à une description parfaite des personnages, de leurs pensées et de leurs traits, donnant une image concrète au lecteur.

En outre, de vouloir dépeindre une réalité sans faille, les auteurs font, parfois, de leurs personnages des incarnations fictives de personnes réelles.

Des personnalités sont souvent choisies pour représenter un personnage (sans obligatoirement représenter le personnage principal). Du fait de ce choix, l’œuvre devient plus réaliste, les personnages évoluant dans un monde qui semble réel. C’est le cas de l’auteur Anna Todd qui, cette année, a publié son premier roman intitulé « After ». Cette nouvelle saga littéraire raconte l'histoire de Thérésa surnommée Tessa, une jeune fille qui s'apprête à quitter sa mère ainsi que son petit ami pour l'université. Elle va y faire la rencontre de Steph, une jeune femme aux antipodes de sa personnalité. De plus, elle va croiser le regard de Hardin, un garçon plus torturé qu'il n'y paraît. Tessa ne sera plus elle-même : cette jeune femme, qui a l'habitude de tout contrôler dans sa vie, ne comprend pas ce qui lui arrive. Son quotidien sera bouleversé à jamais. Ici, Anna Todd a choisi de s’inspirer d’une personnalité connue et réelle : Harry Styles (membre du groupe One Direction) pour élaborer son personnage de Hardin.

Enfin, un personnage de roman pourrait être un être vivant puisque ce dernier possède un état civil, il possède : nom, prénom, lieu d’habitation, entourage,… Ainsi, le lecteur peut pleinement s’identifier au personnage.

En plus de représenter la réalité, le personnage de fiction sert les objectifs de son auteur en permettant une meilleure compréhension des idées de ce dernier. En effet, celles-ci sont présentées de manière imagée et les notions théoriques prennent une dimension concrète.

Tout d'abord, à travers un récit fictif, le lecteur assiste à une description vivante d'une situation illustrant le message que l'auteur désire transmettre. Dans « Le supplément au voyage de Bougainville » (1772) de Diderot, l’île de Tahiti est décrite en plusieurs tableaux : avant et après le passage des occidentaux.

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