Le Misanthrope, Molière, 1666, acte I, scène 1
Commentaire de texte : Le Misanthrope, Molière, 1666, acte I, scène 1. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nceatei • 19 Mai 2020 • Commentaire de texte • 1 689 Mots (7 Pages) • 1 507 Vues
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Support : Le Misanthrope, Molière, 1666, acte I, scène 1, pages 260-261 du manuel
Le théâtre au XVIIe siècle est du mouvement classique et est marqué par de grands auteurs tels que Corneille, Racine ou encore Molière. Ce dernier est d’ailleurs l’auteur du Misanthrope ou aussi appelé L’atrabilaire amoureux. C’est une pièce de théâtre est plus précisément une comédie jouée en 1666. L’extrait que nous allons étudier est la scène 1 de l’acte I : la scène d’exposition. La pièce s’ouvre sur une dispute entre deux amis, Alceste et Philinte. Le spectateur est donc immédiatement plongé dans l’action (« in media res »). Nous allons pouvoir nous questionner sur comment Molière a-t’il réussit à mettre en scène deux personnages totalement opposés dans une scène d’exposition comme telle. Dans un premier temps nous allons étudier la tension présente dans cette scène d’exposition puis l’opposition présente entre les deux personnages.
Dans cette première partie, nous allons nous intéresser à la tension de la scène d’exposition avec dans un premier temps, les mots et tournures péjoratifs employés par le personnage d’Alceste, les contradictions exprimées par Philinte et enfin la fin du débat. Lors de la tirade d’Alceste, ce dernier emploie de nombreuses tournures et mots péjoratifs. Comme par exemple le verbe haïr, qui au XVIIème siècle, exprime un sentiment très négatif envers quelque chose ou une personne : « Je ne hais rien tant que les contorsions » (v.9). Il utilise aussi l’adjectif « affables » au vers 11, « fat » au vers 14 qui désigne une personne (homme) montrant sa prétention de façon déplaisante voir ridicule. Il utilise également le champ lexical de la prostitution au vers 11 « embrassades frivoles », « estime prostituée » et « régals peu chers ». L’utilisation de ce champ lexical pointe les conventions sociales négatives, dégradantes, humiliantes et ridicules. Ces expressions montrent donc la haine et le dégout éprouvés par Alceste envers les personnes non-sincères et les normes sociales. De part et autre, cela montre aussi, en quelque sorte, la frustration qu’éprouve Alceste. La tension se fait également ressentir à travers les contradictions dites par Philinte depuis la tirade d’Alceste : « de civilités avec tous font combat » (v.13) ≠ « quelques dehors civiles que l’usage demande » (v.32), « on devrait châtier, sans pitié, ce commerce honteux de semblants d’amitié » (v.33-34) ≠ « la pleine franchise deviendrait ridicule, et serait peu permise » (v.39-40), « Le fond de notre cœur dans nos discours se montre » (v.36) ≠ « cacher ce qu’on a dans le cœur » (v.42). Aussi, au dernier vers, Alceste répond de manière claire et nette aux précédentes questions de Philinte. Ce dernier lui avait posé deux questions relativement complexes et existentielles à laquelle Alceste lui répond de manière assez froide qui marque la détermination, sa confiance personnelle. Le « oui » permet aussi, implicitement, de mettre fin au débat qu’Alceste aura finalement remporté. Ce « oui » met aussi en évidence son caractère qui est très têtu et montre qu’il est bien borné et qu’il ne reviendra pas sur ses propos.
Dans cette seconde partie, nous allons analyser la forte opposition de nos deux personnages avec dans un premier temps comment cette opposition est marquée, les valeurs qui caractérisent les personnages et enfin le rôle des interrogatives dans la réplique de Philinte. L’opposition entre nos deux personnages est marquée par la détermination d’Alceste : dès le premier vers, celui-ci impose une règle, celle d’être sincère : « je veux qu’on soit sincère » (v.1) et que chaque parole soit réfléchie avant d’être dite pour ainsi, ne rien regretter « on ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur » (v.2). Cependant, Philinte marque déjà son opposition en insinuant l’hypocrisie : « il faut bien le payer de la même monnoie » c’est-à-dire, faire donnant-donnant (tu me donnes quelque chose et je te rends la même sans être forcément sincère ou honnête). Le lexique est donc opposé entre les deux « amis ». Comme il a déjà été dit, Alceste est déterminé et il le marque en utilisant « je veux » dès le début de sa réplique ce qui permet aussi aux spectateurs de se faire une idée du caractère d’Alceste. Tandis que Philinte, lui, est un peu plus hésitant et on sent qu’il est obligé d’agir comme tel, comme si la société l’obligeait à être ainsi : « il faut bien » (v.4), « comme on peut » (v.5). Il se sert également d’un exemple quotidien pour illustrer sa réplique : « lorsqu’un homme vous vient embrasser avec joie » (v.3). Les vers sont mis en alexandrin et rend le dialogue plus rythmé et argumentatif. Cela donne aussi un effet d’égalité entre les deux. À présent, nous allons donner les valeurs de chacun des personnages. Pour commencer, Alceste est un personnage qui porte des valeurs sures et très différentes de l’époque à laquelle il se trouve. Il est déterminé, sincère, honnête, et véridique : « je veux qu’on soit sincère et qu’en homme d’honneur, On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur » (v.35-36). Aux yeux d’Alceste, cette société reste une société aux mœurs corrompues à laquelle il reproche particulièrement sa duplicité : il s’élèvera donc contre elle et s’opposera à ce système : « je ne puis souffrir cette lâche méthode, Qu’affectent la plupart de vos gens à la mode » v.8-9. Alceste déteste l’hypocrisie et ne supporte pas l’injustice ni la fourberie. Pour cela, il adopte comme stratégie la misanthropie (c’est un homme qui méprise le genre humain dans toute sa conception). Tandis que son ami, Philinte, est l’opposé de lui. Il est soumis à la société en répondant à ses exigences sans chercher à comprendre pourquoi. Il ne voit à quoi sert d’être franche : « La pleine franchise deviendrait ridicule » v.39-40. Il ne veut pas blesser les autres en exprimant son avis ou en disant la vérité. Il est également calme, modéré, conciliant et plus pessimiste qu’Alceste. D’ailleurs il pense que ce dernier ne peut pas corriger le monde à lui seul. Au vers 43, Philinte pose des questions à laquelle il n’attend pas forcément de réponses : ce sont des questions rhétoriques. Ces questions jouent le rôle d’essayer de persuader Philinte de certaines choses. Il essaye de se tenir tête en se disant que l’hypocrisie n’est pas si mal que ça et sera toujours mieux que la pleine franchise, qu’elle fera toujours moins mal : « Serait-il à propos et de la bienséance De dire à mille gens tout ce que d’eux on pense ? » v.43-44.
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