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Le Meurtre De L'arabe L'Etranger Camus

Compte Rendu : Le Meurtre De L'arabe L'Etranger Camus. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  11 Juin 2014  •  2 096 Mots (9 Pages)  •  1 799 Vues

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CAMUS, L'Etranger : le meurtre de l'Arabe.

Né à Alger en 1913, dans un milieu modeste, et orphelin de père, Albert Camus connaît la pauvreté, la maladie (tuberculose) et enfin la guerre, en 1939. S'il n'a pas pris part à celle-ci en tant que combattant, son métier de journaliste et son départ pour la métropole lui ont permis d'y participer indirectement. Les prises de conscience induites par ces expériences douloureuses l'amènent à attacher son nom à une doctrine personnelle : la philosophie de l'absurde, qu'il définit dans Le Mythe de Sisyphe en 1942.

Dans ce passage, extrait de L'Etranger (1942), le personnage-narrateur Meursault est retourné seul sur la plage après une altercation opposant son ami Raymond et deux Arabes. L'un d'eux est le frère de l'ancienne femme de Raymond. Le narrateur a sur lui le révolver de son ami : il l'avait forcé à le lui remettre pour éviter tout débordement. Il rencontre par hasard l'un des deux Arabes.

Ce texte présente une progression dramatique où le hasard joue un rôle déterminant. Pourtant, de nombreux éléments insistent sur la fatalité de cette rencontre et l'absurdité de son dénouement.

I Une scène dramatique.

1) Le drame en marche

Le drame est lié a la progression de M.

Il est revenu à la source parce qu'il avait trop chaud et la personnification de la chaleur montre bien à quel point elle était atroce (« son grand souffle chaud »).

Il voit l'Arabe et dans un premier temps s'immobilise : « j'étais assez loin de lui, à une dizaine de mètres ». Puis il avance vers l'Arabe, sans que cela porte vraiment à conséquence : « J'ai fait quelques pas vers la source. L'Arabe n'a pas bougé. Malgré tout, il était encore assez loin ». Enfin, une action, soulignée avec insistance et comme étirée dans le temps montre le drame qui peut en découler : « A cause de cette brûlure que je ne pouvais pas supporter, j'ai fait un mouvement en avant », « en me déplaçant d'un pas »; « Mais j'ai fait un pas, un seul pas en avant ».

2) Le rôle du hasard

-Le retour du pge est présenté comme une banale promenade. Il se retrouve face à l'Arabe qui devient alors son adversaire, alors même qu'il est surpris de le voir à cet endroit. (« j'ai été surpis un temps »)

-L'Arabe se trouve dans une position d'abandon, dont semble rêver le narrateur : « il reposait sur le dos, les mains sous la nuque, le front dans les ombres du rocher, tout le corps au soleil ». Il est donc dans une posititon non agressive; c'est le hasard qui va conduire au dérapage final.

3) Le temps suspendu

-Le drame est relié à l'altercation qui a précédé : « C'était le même soleil, la même lumière sur le même sable qui se prolongeait ici ». La répétition de l'adv. « même » signale que l'affrontement va se réitérer. De plus, le rythme ternaire de la phrase ajoute une profondeur dramatique à la scène.

-Le temps semble de toutes façons s'être même immobilisé : « Il y avait deux heures que la journée n'avançait plus, deux heures qu'elle avait jeté l'ancre dans un océan de métal bouillant ».

- M. enfin lui-même rapproche cette scène d'une autre journée qui a eu lieu au début du roman : « C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman », comme si le temps n'avait pas avancé.

Le hasard, l'immobilité du temps renforcent l'aspect dramatique de cette scène; cependant, l'on peut se demander si leur présence imposante n'a pas une signification plus profonde : montrer que le personnage est le jouet de la fatalité et que le dénouement de cette scène relève de l'absurde.

II La fatalité

1) Omnipotence des éléments : un monde hostile

a- Le décor est immobile (plage), mais semble pourtant en mouvement, impression donnée par les nombreuses métaphores et personnification de la mer (« océan de métal bouillant », « la mer haletait de toute la respiration rapide et étouffée de ses petites vagues », « vibrante de soleil », « murmure de son eau »)

Le décor est ainsi un pge à part entière

b- La lumière joue un rôle important puisqu'elle trouble la vision de M. Ses yeux sont soumis aux incertitudes et à l'aveuglement : les verbes employés témoignent de l'imprécision de sa vision (« je devinais son regard », « son image dansait devant mes yeux », « mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel »).

La luminosité, ici, loin de rendre plus claire la perception, est source de confusion : « Peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait l'air de rire ». Ce qui conduit à la métamorphose du couteau en « épée » et en « glaive » et fait croire à M. qu'il est agressé. Les termes évoquant la lumière sont très nombreux dans ce passage et le mot « soleil » est répété huit fois, comme pour l'accuser.

c-La chaleur également conduit au meurtre.

– La chaleur est personnifiée, ce qui en fait un élément vivant. Les verbes d'action insistent sur son influence néfaste sur M. « Toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi », « s'opposait », « s'appuyait ».

– L'évocation, à plusieurs reprises, d'une « brûlure » fait du personnage une victime. C'est cette brûlure qui le force à avancer vers l'Arabe : « A cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant ». Le lien logique « à cause de » montre bien la relation de cause à effet entre la chaleur et le premier pas vers le drame.

– De plus, la chaleur ajoute au trouble de la vue : «La sueur amassée dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais ».

La confusion des perceptions chez M. est visible dans le mélange qu'il fait de l'eau et de la lumière : « la lumière a giclé » : le narrateur est dans l'incapacité de discerner ce qu'il voit et ressent, ce qui va le conduire à l'irréparable.

d- C'est tout

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