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La Fontaine

Mémoire : La Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  31 Mars 2014  •  1 331 Mots (6 Pages)  •  634 Vues

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I ORIGINE ET ORGANISATION DU PARI

Position du chêne

C’est un bavard (seize vers, dont la moitié sont des alexandrins, vers particulièrement solennel et majestueux). Son discours s’ouvre et se clôt sur une remarque incitant le roseau à se plaindre en dénigrant la Nature :« Vous avez bien sujet d’accuser la Nature » (2)« La Nature envers vous me semble bien injuste » (17) En agissant ainsi, il ouvre donc les hostilités doublement. Tout se passera en effet comme si « la Nature » avait eu à cœur de punir cette accusation d’injustice la visant directement (« Acceptons-nous tels que la Nature nous a faits » semble dire le fabuliste).

Par ailleurs, le chêne cherche à humilier et à blesser directement le roseau. La souplesse de ce dernier lui apparaît comme un défaut : il ricane de le voir courbé sous le poids d’un roitelet (3) ou le souffle de la plus légère brise (4 à 6).

Il se surestime ensuite tellement qu’il ose comparer sa frondaison à un massif montagneux prestigieux : le Caucase ! (700 kms de long, point culminant : 5633m). Rien de moins. Son autosatisfaction, sa fatuité sont indissociables de sa volonté de ridiculiser et d’intimider le fluet roseau.Gonflé d’orgueil, le chêne en rajoute dans un vers où le parallélisme syntaxique, phonétique et rythmique renforce l’antithèse : « Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr ».La comparaison entre la violence de l’aquilon et la légèreté du zéphyr sert ici à illustrer la force prodigieuse du chêne. Ce dernier profite de la situation : le caractère grêle du roseau fait ressortir sa robustesse. A la plus grande puissance s’oppose la plus grande légèreté. Le chêne trouve encore le moyen de se complimenter dans quatre vers : si le roseau se trouvait sous son feuillage, il le protègerait ! (11 à 16) A la fois brimade supplémentaire et nouvelle occasion d’autosatisfaction, le compliment est surtout remarquable parce qu’il ne coûte rien : le roseau pousse loin du chêne et la situation est purement hypothétique.

Trois articulations logiques attestent que le discours de l’arbre est argumentatif, mais il n’a pas convaincu le roseau pour autant. Hautain, condescendant, méprisant, blessant, prétentieux, imbu de lui-même, paternaliste, tel est le chêne selon La Fontaine.

Position du roseau

A cet acte d’accusation provocateur, le roseau, conformément à sa « Nature », semble n’opposer qu’une faible résistance : six vers seulement (18 à 24).Il commence par une concession : oui, c’est vrai, le chêne a « jusqu’ici » (21) « résisté sans courber le dos » (23) aux « coups épouvantables » (22) des vents. Mais l’humble roseau ne craint pas de démentir ce que le chêne présentait comme une vérité universelle ne souffrant aucune exception : « les vents [lui] sont moins qu’[au chêne] redoutables » (20). Ce décasyllabe (seul vers de ce format) contient tout simplement la réfutation intégrale de la thèse du chêne. Insidieusement, le roseau glisse même aussitôt l’argument qui fonde cette thèse audacieuse : « [il] plie, et ne rompt pas » (21), ce qui est une façon habile de suggérer : « vous ne courbez pas le dos, mais vous vous romprez ».

Perfide, il feint de prendre pour de la compassion (18), ce qui était pur mépris et affecte de croire que l’orgueilleux chêne a « un bon naturel » (19). Deux articulations logiques (mais 19, 24) : elles permettent de passer de la concession à la réfutation : la petite plante choisit l’économie de moyens et préfère éviter la joute verbale.Humilité, modestie, confiance en soi, et aussi, on le voit, tranquille ironie, voilà la réponse du roseau.

Appel de l’arbitre

Habileté aussi, car en ajoutant « attendons la fin » (24), il signifie au chêne qu’il accepte de parier avec lui et qu’il veut bien en appeler à l’arbitrage d’une force susceptible de les départager.Cette force, ils en parlent depuis un moment : le vent (4), la tempête (9), l’aquilon (10), le zéphyr (10), l’orage (14), le vent (16), les vents (20), les coups épouvantables [des vents] (22). Le vent

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