LA PEAU DE CHAGRIN

Balzac a trente -deux ans lorsqu'il écrit La Peau de Chagrin. Nous sommes donc aux environs de 1830, époque des complaintes et des situations mélodramatiques.

Tout d'abord, faisons une courte analyse de La Peau de Chagrin.

Un tout jeune homme, Raphaël de Valentin, noble ruiné mais aux ambitions fortes,veut tenter sa dernière chance. Il entre dans un de ces tripots qui heureusement n'existent à peu près plus de nos jours, et perd tout ce qui lui reste. Il se décide alors à mourir ; pas le jour bien sûr, car il trouve cela "ignoble", mais il attendra la nuit. Après s'être promené sans but il échoue quai Voltaire. Dans ce paradis des antiquaires de luxe que constitue ce coin de la rive gauche. Et là l'invraisemblable se produit. Un antiquaire lui montre et finit par lui offrir un talisman. Celui-ci constitué par une peau de chagrin, donne à celui qui le possède le pouvoir de réaliser tous ses désirs. Seulement, car il y a un seulement, à chaque désir réalisé, la peau de chagrin se rétrécira et son possesseur mourra le jour où elle sera si réduite que sa surface ne sera plus qu'un point. Naturellement, que va faire le jeune homme ruiné possesseur du talisman?

Il va se précipiter chez un banquier, un certain Taillefer. Et le talisman fonctionnera ce dont doutait un peu Raphaël.

Le voilà également transformé en journaliste. N'oublions pas qu'à cette époque les journalistes étaient les rois. Enfin, il a la fortune et une situation ; peu importe encore que la peau de chagrin rétrécisse déjà, il voit ses souhaits réalisés, il a la puissance car celle-ci se résume pour lui comme pour l'antiquaire, à deux mots : vouloir et pouvoir.

Après voir aimé Pauline Gaudin, une jeune fille douce et pure, il voit un jour la princesse Foedora et en tombe amoureux. Elle est élégante et distinguée.

Au sommet des réalisations qu'un jeune homme puisse souhaiter, Raphaël, insouciant jusque là, voit un jour, avec terreur, que la peau de chagrin s'est rétrécie dans de larges proportions. Comment faire marche-arrière? Alors il est au supplice : ne plus avoir de désirs, ne plus rien souhaiter constitue la sujétion lancinante de chaque minute de sa vie. Il comprend alors que toute cette puissance a été inutile. Il n'aspire plus qu' à revoir Pauline, mais celle-ci est devenue riche. C'est à ce moment-là que la peau de chagrin est devenue si petite que Raphaël meurt.

On le sent bien, il s'agit là d'un simple conte. L'histoire du morceau de peau est cependant plus philosophique que celle du tapis volant ou de la lanterne magique. Balzac a situé son histoire dans un monde réel : c'est l'invraisemblable dans la réalité. Et en effet, on serait tenté de trouver dans ce roman quelques traits de la vie de Balzac. Est-ce alors une autobiographie de Balzac? Il ne saurait être question d'aller jusque là. Balzac, certes a vécu des années très dures e ses débuts à Paris furent décourageants. On dit que Balzac, ans son premier manuscrit aurait écrit " moi" au lieu de Raphaël. Mais lorsqu'on sait qu'incompris de sa famille, étudiant le droit dans une étude d'avoué, logeant dans une mansarde, "et vivant de trois sous de pains, deux sous de lait et trois de charcuterie" on est obligé de trouver des points communs entre Balzac et Raphaël. Mais

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