L'écume Des Jours, Boris Vian
Dissertation : L'écume Des Jours, Boris Vian. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar avril • 8 Avril 2014 • 2 817 Mots (12 Pages) • 7 879 Vues
Edition de l’écume des jours utilisée, livre de poche.
BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR
Boris Vian est né le 10 mars 1920 à Ville-d’Avray (92), mort d’une crise cardiaque, à l’âge de 39 ans, le 23 juin 1959 à Paris. Ingénieur diplômé de l’Ecole Centrale, il a consacré la plus grande partie de sa vie à la littérature et à la musique.
Trompettiste de jazz, il a participé activement au bulletin officiel du Hot-Club de France, le magazine mensuel Jazz-hot, pour lequel il a écrit de nombreux articles, qui lui ont permis de se faire défenseur du jazz, musique à l’avenir encore incertain dans la France de cette époque. Il en a d’ailleurs profité pour dénoncer l’oppression dont les Noirs américains faisaient l’objet, surtout dans les Etats du Sud.
Ses écrits sont nombreux et variés : des chansons, on lui doit le célèbre Déserteur, des poèmes, les Cent sonnets, des traductions, des articles critiques, des nouvelles, des pièces de théâtre, des romans noirs inspirés des romans noirs américains sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, dont J’irai cracher sur vos tombes, Elles se rendent pas compte…et quatre romans : l’Ecume des jours (1946), l’Automne à Pékin (1947), l’herbe rouge (1950) et l’Arrache-cœur (1953).
RESUME
Colin, jeune homme riche, a pour ami Chick, grand admirateur de Jean-Sol Partre et pour cuisinier, Nicolas, dont la nièce Alise plaît aux deux jeunes gens. Mais c’est Chick qui la rencontre le premier et qui s’engage avec elle dans une relation amoureuse. Peu de temps après, Colin rencontre Chloé et c’est le coup de foudre réciproque. Les deux couples sortent ensemble, à la patinoire, à différentes fêtes chez des amis et mènent une vie superficielle d’adolescents, rejoints par Nicolas et Isis, une amie du groupe.
Bientôt, Colin épouse Chloé lors d’une cérémonie très gaie, symbole de leur bonheur, et ils partent en voyage de noce. Le trajet affreux, le paysage inquiétant, sans vie, préfigurent la maladie de Chloé qui, d’ailleurs, commence à tousser pendant le voyage.
Pendant ce temps, Chick, resté à Paris, assiste à une conférence de Partre avec Alise et Isis, commence à négliger son travail et dépense, pour assouvir sa passion, l’argent que Colin, suffisamment riche pour n’être pas obligé de travailler, lui a donné pour épouser Alise.
Colin et Chloé rentrent de voyage et le professeur Mangemanche, après un examen approfondi, révèle que Chloé a un nénuphar dans le poumon droit. A partir de ce moment, l’appartement se dégrade – le plafond baisse, la lumière disparaît, les murs rétrécissent – suivant l’évolution de la maladie de Cholé. Le médecin préconise des séjours à la montagne et l’inhalation du parfum de nombreuses fleurs, aussi, Colin, ruiné, est-il obligé, dans un premier temps, de vendre sa géniale invention, le pianococktail, puis dans un deuxième temps, de chercher du travail. Chloé est opérée, elle va mieux, puis le second poumon est atteint.
Chick, qui ne s’intéresse plus qu’à Partre et qui n’a plus d’argent pour vivre, quitte Alise. Elle finit par tuer Partre pour éviter qu’il ne publie l’Encyclopédie de la Nausée, que Chick voudra se procurer par tous les moyens et brûle les librairies, en tuant au passage les libraires, dans lesquelles il a acheté des livres ou objets de Partre. Nicolas la retrouvera morte dans l’une d’elles. Les agents d’armes tuent Chick qui n’a pas payé ses impôts, Colin travaille, dans des conditions inhumaines, pour la Défense du pays, puis pour la banque et enfin, pour l’Administration afin de pouvoir continuer à acheter des fleurs pour Chloé, mais il ne parvient pas à la guérir et elle meurt. Colin n’est plus que l’ombre de lui-même et semble prêt à se suicider
ANALYSE CRITIQUE
L’Ecume des jours nous permettra d’explorer trois pistes. Tout d’abord, nous situerons l’œuvre de B. Vian dans le courant surréaliste à travers la critique des institutions, la dénonciation de la toute puissance de l’argent, l’élasticité du temps et de l’espace, les jeux sur le langage. Puis, nous aborderons l’Existentialisme, à travers le personnage de Chick entièrement dévoué à Jean-Sol Partre, enfin, nous verrons que le jazz était aussi présent dans l’œuvre de l’écrivain que dans sa vie.
LE SURREALISME :
L’écume des jours, écrit en 1946, s’inscrit dans le courant surréaliste, dont la popularité, pourtant, décline après 1945. Défini par le manifeste d’André Breton en 1924, ce mouvement est la mise en place d’un projet qui se veut révolutionnaire et qui souhaite affranchir l’homme. Il exprime la révolte contre la soumission à la société, dénonce l’absurdité des institutions qui entravent la liberté et élève l’imagination au plus haut degré ; en lui permettant de s’exprimer, l’homme peut atteindre la liberté et la connaissance de soi.
La critique des institutions :
L’une des causes majeures de l’aliénation de l’homme étant le travail, sa critique apparaît dans l’écume des jours, où elle prend différents visages.
Le travail :
Dans un premier temps, le travail modifie la nature et déshumanise l’homme qui apparaît à Colin et Chloé, lors de leur voyage de noce, comme « une bête écailleuse » (p. 133) qui n’a pas nécessairement conscience de l’absurdité de sa démarche : « ce n’est pas leur faute […] on leur a dit le travail c’est sacré, c’est bien, c’est beau » (p. 138). Pour Colin et sans doute pour B. Vian, le travail devrait être effectué par les machines afin de libérer l’homme et de lui permettre d’accéder au bonheur. Déshumanisation aussi dans la critique de la hiérarchie qui produit une réaction en chaîne de la culpabilité et dresse l’homme contre l’homme : au chapitre XLIX le directeur pénalise le sous-directeur qui fera rejaillir la faute sur sa secrétaire (p.238).
Mais le travail, non content d’aliéner l’homme, le tue prématurément. Le vieil homme rencontré par Colin lors de son premier emploi n’a que 29 ans mais les signes de sa dégradation physique sont nombreux : « voix cassée, épaissie par l’âge », « main ridée et tremblante », « plis du visage »… Le travail tue donc, et il atteint l’homme dans ce qu’il a de plus intime et de plus précieux : sa dignité. En effet, c’est l’humiliation qui prévaut
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