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L'illusion Comique

Rapports de Stage : L'illusion Comique. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  28 Juillet 2013  •  1 494 Mots (6 Pages)  •  1 674 Vues

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L’Illusion comique est écrite en 1639 par Corneille. La pièce s’inscrit dans le courant baroque, et est divisée en cinq actes. Elle possède trois niveaux d’illusion, le premier étant la pièce elle-même. Le second niveau est une illusion magique créée par le magicien Alcandre, personnage omniscient de la pièce. Il présente, à un père inquiet, la vie de son fils Clindor. Pridamant et Alcandre peuvent être considérés comme un second niveau de spectateurs, le magicien étant aussi l’auteur de l’illusion. Ce n’est à la fin de l’acte V qu’est démasqué le troisième niveau d’illusion, à nouveau théâtrale. Cette œuvre est une apologie intelligente du théâtre qui s’inspire d’une idée philosophique : le « théâtre du monde ». Ce concept repose sur une triade fondamentale : L’Auteur, l’Acteur, et le Spectateur . Clindor est L’Acteur de la pièce, cependant il est évident que Matamore est lui aussi un acteur. L’acteur de sa propre vie. La scène 9 de l’acte III est un dialogue comique opposant Clindor et Matamore, capitan fanfaron grotesque. Le sujet de l’opposition se prénomme Isabelle, tout deux sont amoureux d’elle. Les deux hommes sont rivaux, mais il est su dès l’acte I, que c’est Clindor que la jeune femme aime. Nous tenterons ici de dégager les rapports de force qui se dessinent entre Clindor et Matamore grâce à une analyse précise de leur dialogue et de leurs conceptions du monde.

Matamore vient d’interrompre un échange entre Isabelle et Clindor ne laissant aucun doute sur la nature de leurs sentiments amoureux respectifs, il est furieux et indigné: « Ah, traître ! »(v.911). Cette tromperie nous propulse immédiatement dans l’un des thèmes principaux de la pièce, à savoir l’univers du masque. En effet, partout au fil des actes, on trompe, on dissimule, on ment. Cela pour faire croire, aux autres ou à soi-même, à une illusion. Or, Matamore vient de découvrir que Clindor, au lieu de parler à Isabelle en son nom, a joué un double jeu : « Viens çà, tu sais ton crime, et qu’à l’objet que j’aime, loin de parler pour moi, tu parlais pour toi-même » (vv.915-916). Il a été trompé et s’en trouve ridicule. Matamore est un personnage complexe tout droit sorti de la tradition. Il est, en effet, un type littéraire utilisé depuis plusieurs millénaires. Il est à lui seul un thème du baroque car il est tout entier dans l’ostentation. Il sert à faire rire le publique autant qu’à énerver ou servir de sujet de moquerie aux autres personnages, il y a donc une double destination dans ses répliques. On s’aperçoit du faible effet de frayeur qu’il produit sur Clindor, plus préoccupé par les valets du père d’Isabelle : « Parlez bas : ces valets… » (v.912), « ils fondront tout à l’heure et sur vous et sur moi » (v.914). En effet, le père d’Isabelle voit d’un très mauvais œil la cour que Matamore fait à sa fille, et les avait déjà congédiés à la fin de la scène 3 du même acte :

Adieu, modérez-vous, il vous en prendra mieux :

Bien que je ne sois pas de ceux qui vous haïssent,

J’ai le sang assez chaud et mes gens m’obéissent. (vv.732-34)

La troisième réplique de Clindor marque un tournant dans la scène : « Oui, j’ai pris votre place, et vous ai mis dehors. » (v.917). Ce moment marque un renversement, celui des rôles. Clindor se transforme en Matamore. Il ne faut pas oublier qu’il est acteur ; on avait déjà pu le constater à l’acte 1, dans l’énonciation des divers métiers par lesquelles il était passé, lors du récit d’Alcandre. On peut le comparer à Protée, une des figures dont parlait Rousset, à savoir un être de métamorphose. L’ironie est qu’il le fait en face à face avec Matamore, qui ne s’en rend pas compte. Le monde se renverse, Matamore se retrouve devant lui-même et prend peur, il est pris à son propre jeu. Il tente de garder le masque en choisissant une réponse hyperbolique, donnant à Clindor le choix entre différentes morts:

Je te donne le choix de trois ou quatre morts.

Je vais d’un coup de poing te briser comme un verre,

Ou t’enfoncer tout vif au centre de la terre,

Ou te fendre en dix parts d’un seul coup de revers,

Ou te jeter si haut au-dessus des éclairs

Que tu sois dévoré des feux élémentaires.

Choisis donc promptement et songe à tes affaires. (vv.916-22)

Si Matamore est tant dans l’exagération, c’est qu’il a besoin de combler un manque. Déjà pendant la scène 2 à l’acte II, on retrouvait des allusion directes au Divin, ici aussi: « au-dessus des éclaires », « feux élémentaire ». On

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