L'enfant de Jules Valles

Martha Myotte-Duquet

Commentaire

L’extrait qui nous intéresse, est tiré de L’enfant, de Jules Valles. Valles, un écrivain français du 19éme siècle et auteur du réalisme. Ses œuvres s’articulent autour d’un mélange entre du romanesque et autobiographique, leur donnant un aspect touchant et débordant de sensibilité. L’enfant est tiré d’une trilogie dont Jaques Vingtras est le protagoniste principal. Marqué par une enfance malheureuse Jules Valles se battra tout sa vie pour la liberté de la presse quitte à y laisser sa vie. En effet il sera même condamné à mort pour ses idées et actes et sera contraint de se réfugier à Londres.

Le texte proposé se déroule en deux parties : Une description comportementale puis physique du personnage d’Amélie. Derrière le portrait de la vielle tante, s’affirme celui d’un enfant plein d’innocence et d’espièglerie. Cet enfant en quête de connaissance provoque instinctivement, de part sa franchise et son insouciance, un profond attachement chez le lecteur.

Malgré la description enfantine et burlesque du personnage de Tante Amélie, on retrouve dans l’œuvre un caractère poétique très présent.

On peut donc se demander comment l’auteur dresse-t-il un portrait poétique de l’enfance ?

Dans un premier temps j’aborderai l’aspect poétique de l’extrait puis dans un second temps je m’intéresserai à la vision de l’enfance par l’auteur.

        On observe, dans l’écriture de Valles de nombreuses figures de styles, notamment un grand nombre d’antithèses. « dilatent/éteignent » , « rentrent/gonflent » donnant à la scène son caractère si original et comique. Valles enchaine les énumérations « ses yeux… sa peau », « harcèle, demande … » ajouté à la ponctuation, ces énumérations donnent un rythme fou à la scène. On retrouve aussi une allitération en « S » dans le premier paragraphe donnant lieu à l’impression d’une hystérie enfantine. Les métaphores utilisées sont maladroites mais très puissantes : « attraper sa pensée par la tête ou par la queue » . Valles guide le lecteur parmi les pensées farfelues de l’enfant et nous plonge dans son monde. L’enchainement des adverbes « lentement, brusquement, follement, pensivement » est particulier et propre au vocabulaire d’un enfant. Les tournures de phrases sont maladroites mais poétiques dans le même temps. « Se donner tout entier » est une phrase qui résume l’état d’esprit du narrateur, il se passionne pour cette personne âgée et lui consacre tout son être. « Pauvre fille » On s’attache à cet enfant qui essaie de reprendre des expressions d’adultes ce qui lui donne un air ridicule mais touchant. « Elle n’a pas trouvé à marier », « elle ne manque de rien » On observe ici une critique et une tournure au ridicule de l’importance du mariage. L’enfant ne lui accorde que très peu d’importance malgré sa place dans la société du 19ème siècle. Valles nous présente ce jeune garçon sans tabous, nous donnant son avis « elle a du gout » sans la retenue d’un adulte. « Il faut » cet enfant est fasciné par la vielle dame et ne comprend pas le désintérêt des adultes. On observe des anaphores « elle » qui témoignent de son parlé enfantin. « prêt de son cœur qui veut parler » on retrouve ici une magnifique personnification du cœur et une métaphore de l’incapacité de parler de la tante. L’enfant comprend très bien la situation, la poésie de cette phrase en témoigne. Son amour pour la vielle dame est palpable. Dans le dernier paragraphe l’enfant aborde l’apparence de sa tante grâce à une comparaison à une pomme de terre. Le ridicule de la chose nous est flagrant mais le sérieux avec lequel il l’annonce nous fait apprécier encore plus cet enfant. « sa tête rappelle par le haut, une pomme terre brulée et par le bas une pomme de terre germée » La poésie enfantine est encore une fois démontrée. C’est à travers la poésie que Valles nous présente le portrait d’un jeune garçon insouciant et encore très détaché de la vision adulte.

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