L'amour dans Polyeucte de Corneille
Dissertation : L'amour dans Polyeucte de Corneille. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lola Lubin • 5 Décembre 2021 • Dissertation • 3 230 Mots (13 Pages) • 647 Vues
L’amour dans Polyeucte
Introduction : + Petit résumé de l’histoire de Polyeucte sortie en 1641
« L'amour est un tyran qui n'épargne personne », Pierre Corneille, Le Cid. Cette réplique vient de la bouche de l’infante, femme amoureuse d’un homme promis à une autre. Dans Polyeucte aussi l’amour sera tyran, nous aurons également à faire à un triangle amoureux, bien que la tyrannie de la passion amoureuse ne s’exerce pas tant dans les rivalités entre hommes, que dans les rivalités idéologiques. Polyeucte est un martyre à qui l’amour de Dieu sera fatal, Pauline est sa femme qui sera malheureuse car elle aime un martyr sacrifié. Quand aux autres personnages ils seront eux aussi pris dans les mailles de l’amour passionnel ou paternel, qui sera en opposition avec leur devoir. Ainsi dans cette tragédie se mêlent des souffrances d’amours au pluriel, une pluralité des visions, et c’est cela qui tyrannise en quelque sorte les personnages. Seulement derrière ces conflits amoureux se dissimule l’emprunte d’une époque aux débats théologiques animés, débats auxquels Corneille apportera sa contribution à travers son génie tragique. Nous constaterons ainsi comment passions religieuses et passions amoureuses se mêlent au devoir pour faire naître un exemple des qualités chrétiennes ?
Il s’agira de montrer comment les personnages sont pris entre devoir vertueux et amour passionné, et deux visions de l’amour qui s’opposent (à travers la scène 3 de l’acte 4), pour finalement expliciter que cet amour passionnel est une porte vers le sujet religieux.
I/ L’amour véritable ou devoir amoureux ?
1) Passion amoureuse comme moteur dramatique
On a à faire à un triangle amoureux complexes : Le juste, le saint et la vertueuse. Ce qui fait l’originalité de ce triangle amoureux, c’est que tout les personnages sont profondément bons. En effet, Sévère est le juste, celui qui pense avant tout à ce qu’il est bon ou mauvais de faire, il va notamment être le personnage qui prendra la défense des chrétiens persécutés : « p.122-123 »
Il ne cherchera jamais à nuire pour obtenir ce qu’il veut. Pauline ne trompera pas son mari et lui restera fidèle, nous ne somme donc pas dans le cliché de la femme adultère ou pécheresse comme dans beaucoup de tragédie comme celles de Racine. Enfin Polyeucte suit un idéal mais ne cherche pas à sacrifier sa femme, l’abandonnant à Sévère et souhaitant son bonheur. Ce que l’on constate c’est que les motifs dramatiques n’émanent pas des personnages eux-mêmes ; en effet, c’est un triangle amoureux original car personne ne se met de battons dans les roues et ce sont les circonstances et non les passions des personnages qui les torturent. On peut noter que les personnage sont prisonniers de leurs sentiments, mais jamais une action mauvaise ne sera faite envers l’un des autre personnages du triangle amoureux, ce qui en fait la complexité. La femme n’est pas forcé par les amants mais par son père et les deux rivaux ont un respect mutuel l’un pour l’autre : «p.70 et p.76 » , encore une chose peu commune pour le genre, ici les scènes amoureuses tiennent plus du tiraillement entre deux visions du monde que des vices humains.
2) De l’amour du devoir …
Nous avons à faire à des personnages qui semblent faire passer morale, devoir et vertu avant toutes passions. André Gide a dit « Lorsque je me souviens du rôle de Pauline, il me semble que je n’en connaît pas de plus beau » ; il est vrai que Pauline est l’héroïne du devoir, c’est d’ailleurs un mot qui revient extrêmement souvent sur ses lèvres. Il y a en premier lieu son devoir de fille, auquel elle sacrifiera son premier amour, celui de Sévère, puis son devoir de femme qui l’incitera à s’opposer à son père pour défendre corps et âme son mari. Le devoir marital étant plus important alors que l’obéissance au père à l’époque, mais on peut se demander si Pauline aime alors vraiment son mari ou si elle ne fait que suivre ce que sa raison et sa vertu lui dicte «p.72-73 » . Polyeucte, lui, suit un devoir bien supérieur, celui du divin et s’accrochera à celui-ci laissant même derrière lui sa femme en larme. Aime-t-il alors vraiment Pauline à qui il semble préférer Dieu et la mort ?
Enfin il est important d’évoquer l’amour paternel, Félix est un père tiraillé entre devoir et amour pour sa fille et son gendre. C’est un personnage qui semble tiraillé entre devoir envers son empereur par un acte cruel, et amour pour sa fille et son gendre. Il y a donc chez lui une impulsion constante, une lutte contre ses passions de père et beau père pour accomplir son devoir de gouverneur.
3) … A l’amour véritable
Ce tiraillement, bien en valeur chez Félix est[1] aussi présent chez les autres personnages. Si Félix trouve un compromis entre l’accomplissement de son devoir par l’exécution de Polyeucte et de l’autre côté sa conversion au catholicisme suivant les pas de son gendre puis de sa fille ; on peut interroger la force de l’amour face au devoir pour les autres personnages.
Pauline semble amour véritable pour son mari, elle fait preuve d’une grande abnégation pour lui. Pauline aime Polyeucte et pas seulement par devoir puisqu’elle le suit jusque dans la mort, jusque dans la chrétienté « p.135 ». Elle oublis son amour de jeunesse pour son amour de femme et d’épouse, plus mature, plus puissant et elle va jusqu’au bout ce cet amour profond.
Il éprouve lui aussi amour véritable car il fait preuve d’abnégation pour Pauline, il abandonne son amour pour elle en faveur du bonheur et du choix de celle-ci. Sévère, quand à lui, est l’amant mesuré, en aucun cas il ne dépassera les règles de bienséance et de courtoisie auprès de Pauline, il est le gentil homme qui aimera et respectera les décisions de sa dame. Il est en quelque sorte de Duc de Chabannes Cornélien, celui qui aime au point de laisser l’autre partir. Polyeucte éprouve un amour doublement véritable, qui va bien au-delà du devoir. Il éprouve un amour infini envers son Dieu pour qui il abandonne l’amour humain et la vie terrestre pour s’élever vers le divin. Mais Polyeucte aime Pauline, il l’offre à Sévère souhaitant le bonheur de la femme qu’il aime plus que lui même. Bien au-delà du simple devoir on a donc des personnage qui éprouve un amour profond et sincère, ce qui accentue l’intensité dramatique de leurs souffrances et sacrifices, devoir et amour son deux notions qui tiraillent les personnages mais sont indissociables pour un amour pur et sincère.
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