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Dissertation sur les Fleurs du Mal de Baudelaire

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Par   •  4 Octobre 2020  •  Dissertation  •  1 992 Mots (8 Pages)  •  4 017 Vues

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Dissertation des Fleurs du Mal, de Baudelaire

        Le recueil des Fleurs du Mal, paru en 1857, a renouvelé le lyrisme, mais il a également révolutionné la poésie. Il produit une profonde fracture dans l’histoire littéraire en introduisant la modernité dans la tradition lyrique occidentale. Au Moyen-Âge, l’alchimie est une pratique aux prétentions scientifiques qui recherche un moyen de transformer des métaux en or. Baudelaire reprend cette image de l’alchimie à la fin de son projet d’épilogue pour l’édition des Fleurs du Mal de 1861 : « tu m’a donné ta boue et j’en ai fait de l’or. » Il s’agit, pour Baudelaire, d’extraire la beauté du Mal, c’est-à-dire de la souffrance et des péchés humains, à la faveur d’un travail poétique sur le langage. Nous verrons alors en quoi le recueil des Fleurs du mal transforme-t-il la boue en or ? Dans une première partie nous étudierons la transformation de la laideur en beauté, dans une seconde nous verrons celle des vices, puis dans une troisième partie nous nous pencherons sur la transformation de la souffrance.

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Le titre du recueil l’annonce : le poète va extraire la beauté du mal, faire naître des fleurs métaphoriques de la laideur. Il innove également en usant d’un vocabulaire cru, familier, très réaliste, jusque-là réservé à la prose, car pour lui, le beau se trouve défini par son éloignement de la réalité. Le poème « Une Charogne » illustre ce parti pris dès le titre. Ainsi dans le poème, Baudelaire renverse l’idéalisation généralement attribuée à une femme ou à la nature en la rattachant à la figure de la Charogne. La charogne est présentée dans un décor idyllique, où « le soleil rayonnait » qui vient s’opposer au cadavre ignoble, immonde « charogne infâme », « pourriture ».  Cette monstruosité décrite par Baudelaire (« Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride/D’où sortaient de noirs bataillons/De larves qui coulaient comme un épais liquide/Le long de ces vivants haillons ») sera tout de même la source d’une certaine forme de beauté. En effet, le poète extrait de cette chose infâme une forme de beauté extraordinaire, éblouissante « ô la reine des grâces », « ô ma beauté », cette beauté qui finira par « moisir parmi les ossements ». Baudelaire oppose au long du poème laideur et beauté, ce qui fait de ce poème surement un des poèmes les plus provocants de Charles Baudelaire.

Mais Baudelaire sait entreprendre une autre approche de la laideur monstrueuse. Dans le poème « Les Petites Vieilles », Baudelaire compatit avec cette laideur extrême, et justement parce qu’elles ne sont pas « belles », Baudelaire fera leur description dans un de ses poèmes, alors que ce n’est que la beauté qui a sa place dans le recueil d’un poète. Ainsi, en évoquant ces petites vieilles, Baudelaire va leur donner une signification, donc une certaine forme de beauté. Comme dans « Une Charogne », Baudelaire entreprend tout d’abord une description très péjorative du sujet ou de la personne évoqués, puis il introduit cette once de beauté avec la conjonction de subordonnée « Et lorsque », dans « Les Petites Vieilles », ou encore « Et pourtant » dans « Une Charogne ». Mais dans « Les Petites Vieilles », ces « femmes » sont déshumanisées, comparées a des animaux : « rampent », « se trainent ». Elles sont notamment traitées par « ils », ce qui montre un manque d’attachement pour ces personnes. Mais Baudelaire se rend au-delà des apparences, pour extraire justement cette beauté du mal, « ces yeux mystérieux ont d’invincibles charmes », « yeux divins de la petite fille/Qui s’étonne et qui rit à tout ce qu’il reluit ». Ainsi, il évoque une certaine beauté, toujours alliée à la laideur (« des êtres décrépis et charmants »), et jette un voile de pitié sur ces femmes.

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Baudelaire écrit également plusieurs poèmes peignant les différents vices de l’Homme, le plus important étant la dépendance et les effets de l’alcool, dont les cinq poèmes de la partie « Le Vin » font référence. Il personnifie le vin dans le poème « L’Âme du Vin » où il établira le point de vue des gouttes de vin (« Car j’éprouve une joie immense quand je tombe/Dans le gosier d’un homme usé par ses travaux »). Dans ce poème, le vin reçoit une certaine forme d’éloge, comparé à une « végétale ambroisie », qui sera « pour ce frêle athlète de la vie/L’huile qui raffermit les muscles de la lenteur ». Dans les quatre autres poèmes de la même partie, chaque poème est dédié à une personne en particulier : « Le Vin Des Chiffonniers », « Le Vin De l’Assassin », « Le Vin Du Solitaire », et enfin « Le Vin Des Amants ». Ainsi ce vice de l’alcool sera glorifié, cet alcool qui déforme la réalité pour tourmenter et transformer la réalité de ceux qui s’en désaltèrent. « Le Vin du Solitaire » et « Le Vin De l’Assassin » sont deux poèmes qui s’opposent, l’un car il est à la recherche d’une femme, l’autre parce qu’il vient d’assassiner la sienne. Mais tous deux se réfugient alors dans le vin, qui les rend « triomphants et semblables aux Dieux », bien que pourtant ce dernier rend irresponsable : « Je serai ce soir ivre mort/Le chariot aux lourdes roues/Chargé de pierres et de boues/Le vagon enragé peut bien/Écraser ma tête coupable/Ou me couper par le milieu/Je m’en moque comme de Dieu/Du Diable ou de la Sainte Table ». Dans « Le Vin des Chiffonniers », le vin sert à faire oublier le malheur que peuvent vivre ces gens du métier de chiffonnier, cet « éblouissant pactole » et « fils sacré du Soleil » qui vient « noyer la rancœur et bercer l’indolence/De tous ces vieux maudits qui meurent en silence ».

        Outre les vices de l’alcool, Baudelaire évoque également la drogue, qui représente également un paradis superficiel créé par des substances humaines. Dans le poème « Le Poison », le poète fait une courte allusion au vin, « or de sa vapeur rouge », mais décrit surtout les effets de l’opium, ce poison (d’où le titre du poème). Mais cette consommation de la drogue est vouée à la mort : « Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remord/Et, charriant le vertige/La roule défaillante aux rives de la mort ». Mais on voit que Baudelaire, toujours dans la recherche de l’idéal. Baudelaire dresse un triste bilan, l’homme est voué depuis toujours à la faute et à la souffrance rédemptrice. Le monde réel provoque chez lui une tristesse profonde à laquelle il tente d’échapper par la recherche d’un idéal, une aspiration vers la perfection. Or c’est dans cette recherche que Baudelaire va tenter de trouver l’idéal dans le vin ou l’alcool, et c’est pour ça que ces deux substances sont embellies, rendues élogieuses presque. Baudelaire peut faire référence au vin comme ce « grain précieux jeté par l'éternel Semeur, /Pour que de notre amour naisse la poésie /Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! ». L'état d’ivresse procuré par l’eau rouge apparaît comme une délivrance de ce spleen, tout comme la drogue, un domaine sans référentiel spécial et de volupté, étiré à l'infini (« agrandit ce qui n’a pas de bornes », « projette l’illimité », « approfondit le temps ». Mais les plaisirs sont "mornes et noirs" : La chute est brusque, bien plus terrible que celle du vin. On retombe ici brutalement dans le spleen.

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