Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, scène de l'aveu
Commentaire d'oeuvre : Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, scène de l'aveu. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar loris5 • 31 Mars 2013 • Commentaire d'oeuvre • 1 454 Mots (6 Pages) • 1 368 Vues
Cyrano de Bergerac est une comédie héroïque écrite par Edmond Rostand en 1897. Elle met en scène un personnage historique, qui, gêné par sa laideur et son grand nez, ne peut être aimé par une précieuse Roxane. Celle-ci aime le jeune et beau Christian. Cyrano profite alors de la beauté du jeune homme et de sa maladresse avec les femmes pour déclarer ses sentiments à Roxane sans que celle-ci se doute du subterfuge. Mais face à l’aveu de Roxane qui dit pouvoir aimer Christian même laid, Christian se laisse tuer au combat, condamnant Cyrano à un silence coupable. Quinze ans plus tard, blessé à mort dans un attentat, Cyrano vient faire son compte-rendu habituel et ses adieux à Roxane.
LECTURE
En quoi cet aveu d’amour est-il tragique ?
L’étude de la scène comme un aveu d’amour mettra en évidence que cette scène est de nature tragique.
En effet, le dénouement de la pièce est constitué d’une scène d’amour. Cette scène (acte V, scène 5) est la résolution de la pièce, puisque l’élément perturbateur consistait en l’impossibilité pour Cyrano de se faire aimer par Roxane et donc de ne pas pouvoir lui avouer son amour. Ici, l’importance du thème de l’amour est marquée par le nombre de termes s’y référant : l’expression qu’emploie Cyrano « amour inexprimée »est très claire sur ce point. S’ajoutent à cela les mots « cœur », les différentes formes du verbe aimer « aima », « aimiez », « aimais » avec une alternance des pronoms qui montrent bien que ce thème est au centre du dialogue. De la même façon, les différentes désignations de Roxane traduisent ce sentiment : le premier « Roxane » est neutre mais va se créer ensuite une gradation dans ces apostrophes « Ma chère, ma chérie, mon trésor…mon amour », traduisant ainsi de manière parfaite les véritables sentiments de Cyrano.
Néanmoins cet aveu n’est possible que parce que le protagoniste lit une lettre, moyen détourné. Rappelons que Roxane croit Christian auteur de la lettre. Le champ lexical de la lecture, présent dans le texte, montre bien l’importance de cet outil théâtral dans la révélation : le mot « lettre », par ailleurs répété plusieurs fois est associé aux différentes formes du verbe « lire », « lisant, lisez ».0 L’usage des guillemets met en place un double niveau d’interprétation, faisant ainsi que le texte de Cyrano est emprunté à Christian, selon ce que pense Roxane. Néanmoins, l’importance des formes de la première personne ainsi que les différentes indications scéniques concernant la lumière nous montrent clairement que Cyrano est le véritable émetteur de cette lettre et que Christian un émetteur factice. La révélation est possible en partie grâce à la lumière déclinante et aux réactions intercalées de Roxane.
La mise en scène est donc ici cruciale parce qu’elle finalise l’aveu. La diminution de l’intensité lumineuse « le crépuscule commence à venir », « l’ombre augmente », « dans l’ombre complètement venue » ne fait que confirmer les soupçons de Roxane mis en avant par ses paroles mais aussi par ses gestes. En effet, comme nous l’avons dit, ses réactions sont intercalées à la lecture de la lettre : l’usage des points de suspension à presque toutes ses répliques montrent transcrivent la découverte progressive de Roxane mimant sa réflexion. Mais il faut ajouter à cela les déplacements sur scène. Roxane au début de la scène s’éloigne de Cyrano, une fois la lettre remise puis peu à peu se rapproche comme si cela exprimait dans le même temps le rapprochement de leurs deux cœurs – Roxane ne prononcera les mots « je vous aime » qu’à la scène suivante. Enfin l’aveu d’amour est marqué par la difficulté de Cyrano à rompre le silence dans lequel il est enfermé. Aussi la joute verbale entre Roxane et Cyrano reprenant termes à termes l’aveu n’est qu’une manière de retarder la défaite de Cyrano « non, non , mon cher amour, je ne vous aimais pas ». Pour la première fois dans la pièce, Cyrano ne sort pas vainqueur d’un duel verbal.
Cette scène a été longtemps attendue par le spectateur comme une nécessité : il fallait que le subterfuge soit révélé et que l’aveu d’amour de Cyrano à Roxane ait lieu. Cet aveu est travaillé, créé avec un suspens et un effet d’attente important, qui le dramatisent et qui
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