Corpus: La critique faite en vers: Aubigné, Rimbaud, Bellay, Fontaine

La critique faite dans les poèmes peut être rendue plus efficace grâce au registre. Dans le poème de Du Bellay, il s'agit du registre satirique qui permet de faire la caricature des aristocrates et de leur comportement à l'époque du poète. En effet les aristocrates sont comparés à des animaux précisément à des singes, on trouve donc cette animalisation au vers 2 : «Ces Singes de Cour ». Il dénonce l'hypocrisie des courtisans avec des anaphores afin d'insister sur le fait qu'ils ne font qu'imiter le Seigneur : (v5) « Si leur maître se moque ils seront le pareil » ;(v6) «  S'il ment, ce ne sont eux qui vont dire le contraire » ; (v9-10) « Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage, Ils vont le caresser .. » ; (v11) « S'il reçoit le mauvais, ils le montrent du doigt ».

Le poème d' Agrippa d'Aubigné, lui, appartient au registre pathétique et évoque la guerre de religion entre les protestants et les catholiques. C'est un poème engagé qui fait en sorte de créer de la pitié chez le lecteur (v 10) « La faim va devant moi : force est que je la suive » ou encore (v 21) «  Faites-moi d'un bon coup et promptement mourir. »

La forme du poème peut aussi avoir un impact sur l'efficacité de la critique. La Fable de la Fontaine et le sonnet de Rimbaud ont tous deux cette propriété. La Fable, qui dénonce la Cour et ses courtisans comme Du Bellay, nous apprend grâce à sa morale dans les quatre derniers vers, qu'il faut agir avec prudence et faire attention à ce que l'on dit ou fait. Le sonnet, quant à lui, rend la critique de la guerre efficace grâce à sa chute dans le dernier tercet.

L'argumentation indirecte peut être aussi utilisée. Dans le poème de Du Bellay, les courtisans parlent de choses n'ayant aucun sens ce qui les rend stupides et ridicules et qui permet de renforcer la moquerie (v 7-8) « Plutôt auront-ils vu, afin de lui complaire, La lune en plein midi, à minuit le soleil ».

La Fontaine utilise lui aussi l'argumentation indirecte en mettant en scène des animaux : Le lion qui représente l'autorité, l'ours la maladresse, le singe qui est flatteur et le renard qui est futé représente donc l'intelligence. Le fait que ce soit des animaux et non des hommes permet au lecteur de réfléchir au sens du texte et permet par la même occasion à l'auteur de faire indirectement la critique sociale.

Enfin « Le dormeur du val » de Rimbaud, lui, évoque d'abord un paysage paisible décrit de manière méliorative (v1) « C'est un trou de verdure où chante la rivière » ; puis la description du soldat qui est en fait mort (v 13-14) « Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit » afin de faire réfléchir le lecteur aux dangers de la guerre et aux joies de la vie, de la nature, dont on est privé une fois que le pire est arrivé.

Afin de réussir à rendre leur critique efficace, les auteurs du corpus utilisent plusieurs manières. Ils peuvent utiliser le registre selon la critique qui est faite et peuvent aussi jouer sur la forme du poème comme avec le sonnet qui généralement se termine par une chute. Un type d'argumentation comme ici l'argumentation indirecte

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