Composition de la scène Ionesco
Analyse sectorielle : Composition de la scène Ionesco. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar carole2323 • 8 Mars 2014 • Analyse sectorielle • 670 Mots (3 Pages) • 907 Vues
La composition scénique d’Ionesco est d’abord et avant tout caractérielle de cette vision absurde. L’utilisation de l’imagerie du rhinocéros comme élément central de l’intrigue témoigne de ce désir qu’a l’auteur de mettre en relief l’insouciance de l’homme en lui attribuant les caractéristiques d’une bête brutale et un tant soit peu dénuée de raisonnement logique. Cet animal, synonyme de fléau dans la pièce, est également le reflet de l’abrutissement de l’homme à travers ses idéologies et conceptions de masse. Une autre démonstration éloquente de ce phénomène de massification est la personnification limitée des personnages. Jean, Daisy, Béranger… jamais un nom ne complète un prénom et vice-versa. D’autant plus que plusieurs personnages sont nommés, voire plutôt identifiés selon une certaine extension de leur personnalité ou encore de leur occupation, comme M. Logique, Monsieur Bœuf, Le Patron du café et ainsi de suite. On efface ici des repères structurels de la pièce, ce qui confirme l’emphase des thèmes de l’incohérence et de la déshumanisation. Dans tous les cas, on perçoit une volonté d’établir un parallèle entre cette absence de noms complets et l’absence de principes individualistes que prônent les régimes totalitaires. Ionesco met donc à profit cette distorsion de la réalité, qui, à travers une imagerie loufoque et l’absence de repères, renvoi à ce phénomène de réification de l’homme qu’il voit comme une menace envers le progrès social de la seconde moitié du 20e siècle.
Cette perte d’humanisme, Ionesco la fait également transposer dans les personnages qu’il élabore pour la pièce. On remarque notamment leur caractère saugrenu dans les dialogues. Par exemple, dans la scène où fait son apparition un premier rhinocéros, on remarque que les diverses réactions verbales des citoyens ne peuvent pas être plus similaires. Les « Oh! Un rhinocéros » et « Qu’est-ce que c’est? » (p. 41-42) poussés à l’unisson à ce moment-là sont des répétitions – voire même des redondances – qui témoignent de l’étroitesse d’esprit des habitants quant à la formulation d’opinions, tous empreints d’un conformisme frappant. En effet, le manque de contenu dans le dialogue est une procédé à tout le moins absurde qui renvoi à la déshumanisation d’une société dirigée par une seule et même pensée totalitaire. Cette locution limitée est également doublée d’une oblitération de toute logique chez ces personnages. Prenons en exemple les syllogismes que l’on retrouve dans le récit, notamment dans une conversation menée entre Le Logicien et Le Vieux Monsieur. Ils en viennent à une réflexion particulière : « Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat. » (p. 32) L’absence de toute logique est également progressive, comme en témoigne le personnage de Jean. Étant un être au départ moralisateur et cultivé, il devient peu à peu victime de l’épidémie en affichant une attitude simpliste et défaitiste. « Après tout, les rhinocéros sont des créatures comme nous, qui ont le droit à la vie au même titre que nous! » (p. 75) Ionesco démontre que ses personnages échappent à toute logique et propose également une critique marquée de l’intellectualisme, en suggérant que la prolifération de l’homme est un danger pour lui-même et pour son bagage intellectuel.
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