Commentaire Aragon - L'amour Qui N'est Pas Un Mot

Louis Aragon (1897-1982), poète surréaliste aux côtés de Paul Eluard et d'André Breton entre autres, a exploité avec eux le thème de l'amour fou, renouvelant ainsi le poème amoureux par la réflexion surréaliste sur l'essence de la poésie et du langage et par l'apport des techniques d'écriture surréaliste. Il forma avec Elsa Triolet, sa muse et sa femme, un couple mythique. Les nombreux recueils consacrés à Elsa forment le « cycle d'Elsa » auquel se rattache Le Roman inachevé, « autobiographie poétique », dans laquelle Aragon évoque sa rencontre avec Elsa comme un événement capital. Dans « L'amour qui n'est pas un mot », il raconte comment cette rencontre l’a métamorphosé et il chante une fois de plus, un hymne à Elsa, un éloge lyrique de la femme aimée et de l’amour. Il semble de plus, comme l’indique le titre, qu’il s’agisse ici de chercher une définition de l’amour qui n’est pas un simple mot pour Aragon. Nous nous demanderons donc quelles conceptions de la femme aimée et de l’amour offre ce poème. Dans un premier temps, nous verrons qu’il raconte sa renaissance grâce à leur rencontre, puis nous analyserons ce chant d’amour, son éloge lyrique, sa conception d’Elsa et de l’amour.

I. Le récit d’une renaissance : la renaissance d’Aragon grâce à Elsa et à l’amour

1. Le récit d’une métamorphose

a) Une rencontre charnière

Une vie coupée en deux (vers 40 + 43,44)

Poème construit sur une opposition : la vie du poète avant Elsa/ la vie du poète après sa rencontre avec elle ( opposition entre les strophes 1,9,10 et le reste du poème, illustrée par les temps des verbes)

b) Le temps d’avant Elsa est synonyme de désarroi

Anaphore de comment, tournures interrogatives et expression du questionnement du poète (strophe 1 + vers 6 et 46)

Absence du poète à lui-même (absence de pronoms de première et deuxième personnes, tournures impersonnelles ou infinitives)

Images qui évoquent la mort

Champs lexicaux qui évoquent la folie, la maladie, la souffrance

Métaphore du vers 27 : évoque le mal

c) La métamorphose après la rencontre d’Elsa

Omniprésence du « tu »

Images et vocabulaire liés à la vie, la lumière et la joie

Anaphore : Célébration du « tu » par le poète pour exprimer sa reconnaissance (vers 15, 16)

2. Les images du texte construisent le portrait d’une femme qui donne la vie, une mère

a) Elsa : ivresse et chaleur qui réchauffe le poète

Métaphore « pareille au soleil des fenêtres »

Comparaison « O forte et douce comme un vin »

Métaphore « caresse d’être »

b) Renouvellement de l’image traditionnelle de la flamme de la passion (=vie/torture)

Passion = flamme (vers 27)

Noël = renaissance (métaphore vers 51, 52)

Flamme = lumière et vie (parallélisme vers 51/53) + vers 27/ 28

3. L’amour est une renaissance

a) Retour de la vie grâce à l’amour

Répétition v 15 et 16 + préfixe « re »

Vers explicites vers 43,44,53,54

b) L’amour réveille tous les sens (vers 16)

Le goût (le vin, vers 13)

La vue (lumière vers 14)

Le toucher ( la caresse, vers 15 + vers 36)

L’ouïe (la voix vers 32)

Sensualité du baiser, émoi sensuel (vers 31, 22)

L'amour n'est donc pas un mot mais une nouvelle vie donnée à l'homme. Et Elsa est une mère qui dispense la vie au poète. Elle est même plus que cela et est élevée au rang d’une magicienne, d’une déesse salvatrice dans ce chant d’amour, cet éloge lyrique qu’il lui dédie, et l'amour qu'elle offre est un miracle contre le temps.

II. Un chant d’amour, un éloge lyrique : Elsa, une déesse salvatrice ; l’amour : un miracle contre le temps

1. Une dimension sacrée est attachée à Elsa

a) Elsa est assimilée

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