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Antigone, le monologue du choeur, Anouilh

Commentaire de texte : Antigone, le monologue du choeur, Anouilh. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Juin 2017  •  Commentaire de texte  •  525 Mots (3 Pages)  •  3 323 Vues

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Séance  : La tragédie, une machine implacable

  • Le monologue du Chœur dans Antigone, Jean Anouilh

  1. Un chœur atypique
  • Anouilh se positionne ici comme l’adaptateur et continuateur de la tradition antique : il reprend le Chœur mais ici c’est un seul personnage (comme le Coryphée antique, le chef de chœur).
  • Dans la tragédie antique, le Chœur commentait l’action de la pièce en rappelant les valeurs morales de la cité grecque.
  • Chez Anouilh, le Chœur parle au nom de l’auteur : il commente le travail de l’auteur. Son langage est familier : « pris comme un rat », « gueuler », « le sale espoir » souligne la différence avec la tragédie antique.
  • Les métaphores pour qualifier la tragédie : celle de la mécanique bien huilée, du cinéma, montrent qu’il n’entend pas écrire une variation de la pièce de Sophocle. Anouilh se fait plutôt le continuateur d’une tradition, l’adaptateur.

II- Une réflexion sur le Théâtre

  • Par le procédé de la mise en abîme  (le théâtre dans le théâtre), l’auteur nous livre ici, par la voix du Chœur, une réflexion sur le théâtre : le pronom « on » renvoie donc à l’auteur.

  • Anouilh oppose ici la tragédie au drame (genre théâtral du XIXème dont le représentant est Victor Hugo : Lucrèce Borgia, Hernani…)
  • Le vocabulaire employé pour qualifier le drame est dépréciatif : « cela devient épouvantable de mourir », alors que le vocabulaire employé pour la tragédie est mélioratif : « c’est reposant ; on est tranquilles, c’est propre, c’est gratuit… ».
  • Une distinction des deux genres : d’abord dans les personnages et l’absence d’espoir. Dans la tragédie, pas de « méchants », que des « innocents » mais qui sont « pris comme des rats » (métaphore familière du Destin tragique, de la moïra ou du fatum). Les personnages sont victimes d’une machine implacable, d’où le champ lexical de la mécanique, contre laquelle il est inutile de lutter.
  • Dans le drame, les personnages agissent, se débattent, les rebondissements et les coups de théâtre leur font garder espoir, dans la tragédie, ils subissent la fatalité.
  1. Les recettes d’une réécriture ?
  • au-delà d’un éloge de la tragédie, on peut percevoir ici une interrogation : à quoi bon répéter les mêmes recettes depuis des millénaires ? à écrire de la tragédie ?
  • les ingrédients sont énumérés : « la mort, la trahison, le désespoir et l’amour ».
  • le champ lexical très présent du silence attire l’attention sur l’impuissance des acteurs de la tragédie : la parole ne sert plus à rien « on n’a plus qu’à gueuler à pleine voix », « le son est enrayé ».
  • Dans la tragédie, on ne peut que hurler sa condition humaine. C’est le cri de l’homme dans lequel l’homme se découvre lui-même « pour rien, pour se le dire à soi-même, pour l’apprendre à soi ».

BILAN : La réécriture d’Antigone permet à Jean Anouilh, en pleine occupation allemande, de jeter à la face du monde l’image de cette jeune fille incarnant une résistance sans espoir. Les sentiments qu’elle suscite sont la terreur et la pitié, définition même de la tragédie.

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