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Andromaque de Racine acte III Tirade 8

Commentaire de texte : Andromaque de Racine acte III Tirade 8. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  6 Avril 2022  •  Commentaire de texte  •  1 912 Mots (8 Pages)  •  424 Vues

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Commentaire Andromaque de Racine

  Au 17ème siècle, les auteurs classiques reprennent les mythes  pour les imiter. Grâce à  des génies français, ces œuvres reviennent  et participent au culte du roi Louis XIV. La reprise des thèmes antiques tendent les hommes vers un idéal grâce à la catharsis, épuration des passions, où les dramaturges mettent en scène des situations ahurissantes à l’image de Racine qui , dans sa pièce Andromaque, conte les malheurs de cette dernière. Se situant à la suite de la guerre de Troie, cette fameuse pièce met en jeu une intrigue où amour et politique se mêlent entre eux et  où tous les personnages sont contraints de faire des choix particulièrement complexes. Dans la tirade de la  scène 8 de l’acte III, Andromaque se retrouve face à un dilemme : suivre sa raison ou son cœur. Représentative de toute la pièce, cette scène joue sur les sentiments des spectateurs torturés entre terreur et pitié. Nous verrons tout d’abord qu’Andromaque n’a su guérir les blessures de la douloureuse guerre de Troie qu’elle remémore à maintes reprises. Ensuite, nous constaterons que la scène présente une hypotypose singulière et terrifiante. Enfin, nous observerons l’horreur et la pitié suscitée à la suite de cette scène épique.

        Tout d’abord, cette scène est une remémoration précise des horreurs vécues à Troie.          

        En effet, Andromaque récite ce massacre à sa confidente « Céphise »(v.997) en apostrophant son discours. Elle lui demande de « songer »(v.997) et appelle ses souvenirs à  surgir de nouveau. Avec l’utilisation de nombreux verbes au passé « tenait », « fut », « vint », elle est alors complétement plongée dans ce passé destructeur. Andromaque devient à la fois actrice et spectatrice de la scène, son cœur parle à sa place, elle est démunie et contrainte de  « condamner »(v.980) son propre fils. L’utilisation de son propre nom « Andromaque »(v.1005) traduit la mise en distance de son état actuel, elle n’est plus elle-même. Alors imprécis et épars, son discours se resolidarise ensuite durant son monologue. Elle expose les douleurs subies, les « funérailles »(v.993), « l’honneur »(v.994) souillé de sa famille de façon très organisée. Ses dires ne dérivent plus, c’est dorénavant son cœur raisonné qui parle. Ce dernier dira d’ailleurs« non »(v.1009) à Pyrrhus ; il ne veut être « point complice de ses crimes »(v.1009). Le décor et les personnages sont eux aussi décrits méthodiquement. La « nuit »(V.998) et les « murailles »  (v.994) soulignent la peur vive vécue par Andromaque à Troie et permettent d’imaginer un décor froid et belliqueux. De même, le rappel du « père » (v. 995) de son mari « Hector » (v.993) ou encore ses « frères morts »(v.1001) organise le texte, le structure mais est présent également pour rappeler l’effroi lors de cette nuit terrible.

        Effectivement,  l’émotion est palpable dans ce passage. Andromaque utilise le pronom « je » à maintes reprises afin de faire transparaître ses sentiments . (v.992-993-995). Contant ensuite cette « nuit cruelle » (v.997) à Troie, elle témoigne des « cris des vainqueurs » et « des mourants » (v.1003). Avec cet oxymore, elle suscite la pitié des spectateurs qui ne peuvent que compatir devant cette situation extrême et pleine de douleur. De plus, grâce aux  multiples questions rhétoriques du vers 992 à 996, Andromaque s’engage pleinement dans son discours soulignant l’émotion vive du personnage qui souhaite trouver des réponses à ses nombreuses interrogations. L’auditeur se sent alors concerné, s’emplit de sympathie pour cette veuve sincère et désespérée. Les hyperboles du texte telles que « mes frères morts »(v. 1001), « ces horreurs » apportent au contraire un sentiment de terreur ; les horreurs ont été vécues laissant une trace indélébile. L’auditeur est alors conscient de la gravité de la scène et les émotions qui le traversent sont intensifiées. De même, les anaphores « dois-je oublier »(v.995), « songe » (v.1003)et « voilà »(v.1006) ou l’hémistiche du vers 999 manifestent l’émotion d’Andromaque complétement bouleversée à l’idée de choisir entre son fils ou son époux.

        Ainsi, nous pouvons remarquer qu’à travers ce récit méthodique et précis, Andromaque se livre sur sa condition et les tourments qu’elle vécut. L’émotion est constamment tangible, tant bien pour la protagoniste que pour l’auditeur qui voit dans cette scène bien plus  que la peine d’une femme mais un véritable tableau terrifiant et mystérieux.

        En effet, dans cette scène, nous assistons à la mise en place d’un tableau en perpétuel mouvement.

        Dès les premières phrases du texte, le récit s’organise sous la forme d’une hypotypose grâce notamment aux verbes de perception tels que « songe » (v.997) ou « figure-toi »(v.999) qui sont répétés de nombreuses fois et qui permettent de mettre ce tableau percutant aux yeux de Céphise. Elle y est donc introduite également et devient la protagoniste responsable de la décision à prendre avec l’appui des pronoms personnels de la 2ème personne. Organisé, le tableau commence alors à transformer Andromaque qui s’adresse non plus seulement au public mais bien  à elle-même également. De même, les nombreux passés simples et imparfaits introduisent la notion d’un resurgissement du passé qui « fut » (v.998) « cruel »(v.997) et qui marquera Andromaque à tout jamais. En outre, le parallélisme de constructions du vers 1005 soulève l’importance de l’opposition entre le camp de Pyrrhus et celui d’Andromaque. Tous ces éléments structurent évidemment le tableau et nous en imaginons donc parfaitement les scènes. Pour accroître le réalisme de ce dernier, l’auteur joue sur des jeux de couleur et de lumière au caractère symbolique.

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