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Commentaire Don Quichotte chapitre I

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Par   •  25 Septembre 2023  •  Commentaire de texte  •  5 617 Mots (23 Pages)  •  240 Vues

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INTRODUCTION

        Le document soumis à notre étude est un extrait du premier chapitre du premier volume de L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche (Don Quichotte en court), écrit en langue espagnole par Miguel de Cervantès et publié en 1605, pour enfin être complété d'un second volume dix ans plus tard. Considéré comme le premier roman moderne, il est en effet, à l'instar de l’œuvre de Rabelais en France, précurseur du roman humaniste. Cervantès, né en 1547 voit son œuvre imprégnée par le mouvement humaniste initié au XV' siècle par des théologiens tels Érasme et qui prônait d'abord une redécouverte de la pensée antique et un examen critique des textes grecs et latins, ensuite une culture de l'esprit accompagné d'un goût pour les études et les auteurs classiques, enfin de prendre l'homme et non plus Dieu pour fin et valeur suprême, visant à l'épanouissement de la personne humaine et au respect de sa dignité. Ce troisième aspect est une idée motrice de l'oeuvre Don Quichotte. Son auteur en entame l'écriture alors qu'il est retenu captif à Alger pendant cinq ans jusqu'en 1580, après sa capture par des pirates Barbaresques qui interrompt une vie aventureuse de soldat au service de la couronne d'Espagne. Il a notamment participé à la bataille de Lépante de 1571 où il perd sa main gauche. L'écriture de Don Quichotte est à la fois pour lui un moyen d'évasion, mais aussi en bon humaniste, un outil critique de la société espagnole. En effet, Don Quichotte s'inspire autant qu'il s'en détache du modèle du roman picaresque caractérisé par un récit autobiographique de héros miséreux vivant des aventures extravagantes offrant un regard sur des scène de la vie vulgaire puisque le héros y entre en contact avec toutes les couches de la société. Don Quichotte n'est pas un roman picaresque, son personnage y est néanmoins amené à vivre des aventures extravagantes qui mettent en scène la critique divers couches de la société espagnole. Au premier chef, Don Quichotte s'adresse directement aux populations lettrée de son temps, en ce qu'elle est une critique de l'engouement des contemporains pour les romans de chevalerie médiévaux, rendus désuets par une société en mutation où les valeurs chevaleresques médiévales ont laissé place aux idées marchandes. C'est l'hypocrisie de cette société mercantile, pourtant toujours prise de passion pour les romans de chevalerie jusqu'à la déraison, que Cervantès dénonce par le récit de ce personnage du Quichotte devenu fou de cet idéal chevaleresque. L'extrait étudié ici montre justement la naissance du personnage. De la ligne 1 à 19, le personnage ainsi que son statut et ses occupations sont décrites, puis ses actions pour se transformer en chevalier jusqu'à la ligne 39, avant que l'auteur de narre le choix de son cheval jusqu'à la ligne 52 et le choix du nom du chevalier jusqu'à la ligne 62 et enfin l'invention par lui de sa propre mythologie de son amour idéal. Nous chercherons à comprendre comment l'auteur, par le récit de ce personnage qui s'invente en dépit du réel, met-il en scène l'absurdité de sa société éprise de romans de chevalerie. Pour cela, nous montrerons d'abord que le récit manipule les codes et les apparences du roman de chevalerie médiéval, avant de nous intéresser a la puissance narratrice et évocatrice de la description réaliste proposée par Cervantès, en tension et opposition constante avec une deuxième narration ayant cours dans l'esprit du personnage principal en dépit de la première.

        PLAN

        I- Les apparences du roman de chevalerie

                A- Une reprise des caractéristiques

        D'abord, afin de montrer en quoi Don Quichotte a les apparences d'un roman de chevalerie typique, nous allons nous voir qu'il en reprend un certain nombre de caractéristiques structurelles. Le plus évident est en premier lieu qu'il s'agit d'une œuvre en prose, comme le sont la plupart des romans de chevalerie médiévaux. Ensuite, cet extrait appartient à une œuvre achevée en deux tomes, là encore comme presque tous les romans de chevalerie. Mais c'est avant toute chose la structure narrative de cet extrait, balisant la typique naissance du héros, du chevalier, qui s'inscrit en cela dans une narration caractéristique d'un roman de chevalerie, même si nous verrons plus tard les éléments qui la détournent. En effet, dès les trois premières lignes : « Dans une bourgade de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait, il n'y a pas longtemps, un hidalgo, de ceux qui ont lance au râtelier, rondache antique, bidet maigre et lévrier de chasse », Cervantès propose ainsi une mise en situation de l'action, dont l'effet narratif compte davantage que les informations de temps et de lieu elles-même qui demeurent vagues. On y pose ainsi le point de départ du héros, à la suite de quoi il est présenté. L'enchaînement de ses actions construisent alors une narration débouchant vers le départ du héros à l'aventure. Des lignes 21 et 22, on peut lire qu' « il lui parut convenable et nécessaire, aussi bien pour l'éclat de sa gloire que pour le service de son pays, de se faire chevalier errant, de s'en aller par le monde, avec son cheval et ses armes, chercher les aventures, et de pratiquer tout ce qu'il avait lu que pratiquaient les chevaliers errants, redressant toutes sortes de tort et s'exposant à tant de rencontres, à tant de périls, qu'il acquis, en les surmontant, une éternelle renommée ». L'élément déclencheur du départ est une folie du personnage dont nous commenterons plus tard le caractère crucial. Celle-ci naît de la lecture des exploits chevaleresques des livres par le personnage, nous renseignant ainsi sur ses motivations qui sont celles de tous les chevaliers des romans. S'ensuivent les étapes traditionnelles de la construction du héros-chevalier dans un ordre précisément désigné. Aux lignes 28-29, l'on peut lire : « La première chose qu'il fit fut de nettoyer les pièces d'armures qui avait appartenu à ses bisaïeux », puis à la ligne 41 : « Cela fait, il alla visiter sa monture » ; alors à la ligne 65-66 « (…) il se persuada qu'il ne lui manquait plus rien, sinon de chercher une dame de qui tomber amoureux, (...) ». Le choix de l'équipement, de la monture, le nom de celle-ci et du chevalier puis la présentation de la femme idéale réunissent les caractéristiques du chevalier héros. Ceci avec une successions de topoï de la chevalerie dont nous allons parler à présent.

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