Scène d'exposition de Bajazet

SCÈNE D’EXPOSITION DE BAJAZET

Dans sa pièce de théâtre intitulée Bajazet, Racine s’inspire d’un drame authentique qui s'est déroulé dans l’entourage du sultan en 1635. Elle met en scène trois êtres passionnés qui s'entre-déchirent jusqu'à la mort dans un sérail (harem).

Sa structure en cinq actes et sa composition en vers répondent parfaitement aux exigences de la tragédie classique.

Cependant, il convient de se demander si l'exposition de cette pièce est conforme aux cinq critères prévus par les normes classiques ?

La scène d'exposition consiste à exposer aux spectateurs les informations essentielles dont ils ont besoin pour comprendre la pièce, à savoir les personnages, le cadre spatio-temporel et l'intrigue. Dès l’ouverture du rideau, le spectateur est aussitôt plongé au cœur de l'action. De ce fait, il doit rapidement comprendre les éléments qui la caractérisent au risque d'être perdu et de ne pas accrocher à la suite de l'histoire.

Le dramaturge doit veiller à maintenir l'intérêt du spectateur. Il doit donc trouver un moyen plaisant de donner les éléments de compréhension au spectateur. Pour le séduire, les informations doivent être apportées de façon dynamique, de sorte à attiser sa curiosité. Toutefois, il faut que

tous ces renseignements soient vraisemblables en étant intégrés de manière naturelle dans la scène.

La scène d’exposition de Bajazet plonge directement le spectateur dans l’action grâce à son début in médias res. Acomat, le grand vizir de l'empire ottoman, s'entretient avec son conseiller Osmin dans le sérail du Grand-Seigneur à Constantinople (Byzance). Cette ouverture est conforme au critère de vraisemblance car par cette conversation, le spectateur va pouvoir assimiler les informations essentielles de manière naturelle. Ce critère est accentué à la fin de la scène lorsque Acomat interrompt malgré lui sa tirade : “Par un chemin obscur, une esclave me guide, Et... Mais on vient. C'est elle, et sa chère Atalide.” Cette interruption atteste de la crédibilité de la scène car les personnages ne maîtrisent pas leur environnement.

De plus, cette première scène semble assez complète. Elle expose les principaux fils de la pièce. Tout d’abord, on apprend que le sultan Amurat livre un combat contre "le prince fidèle de Babylone” et qu’il souhaite assassiner son frère, Bajazet.

Acomat s'est arrangé (avec l'aide d'Atalide) pour que la favorite du Sultan, Roxane, tombe amoureuse de Bajazet et il a l'ambition d'épouser Atalide par intérêt politique.

Cependant la dimension amoureuse est absente, ce qui est un leurre, de même que Bajazet est absent de la scène et du discours des personnages.

Concernant la durée, la scène est particulièrement longue. C’est d’ailleurs la scène la plus longue de la pièce.

Cela peut d’ailleurs affecter la clarté de la scène. Le spectateur arrive à cerner les informations importantes, toutefois, le discours d’Acomat peut sembler un peu confus. Il n’y a pas de formule concise dans laquelle réside l’idée, il ne va pas droit

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