Réquisitoire sur le jugement d'Horace de Corneille
Étude de cas : Réquisitoire sur le jugement d'Horace de Corneille. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Yannalakaka • 19 Mars 2023 • Étude de cas • 654 Mots (3 Pages) • 233 Vues
Réquisitoire
Nous nous pencherons aujourd’hui sur le jugement d’Horace, et nous verrons en quoi ce héros peut-il être qualifié de criminel. Nous nous appuierons sur trois arguments politiques et moraux du point de vue de Valère, qui agit ici comme procureur. Puis, nous conclurons en faisant le parallèle avec notre manière d’agir face à un tel jugement en prenant appui sur un exemple contemporain.
Premièrement Horace peut-être défini comme coupable en raison de sa cruauté presque inhumaine. Le meurtre de sa sœur, Camille, s’avère être inexcusable et impardonnable. « Quel sang épargnera ce barbare vainqueur, Qui ne pardonne pas à celui de sa sœur » . Valère accuse Horace de s’être montré insensible, ne faisant preuve d’aucune compassion face au déchirement de Camille. En effet, celle-ci souffre terriblement de la mort de son amant, et ne parvient pas à se réjouir de la victoire de son frère, lors de son retour. C’est donc face à l’emportement de sa sœur abattue qu’Horace l’achève. De plus, Valère affirme qu’aucun sang ne pourra l’épargner, si même celui de sa sœur ni fait aucun effet. Il nous dépeint un personnage barbare et égoïste. Il l’accuse également de camoufler son véritable visage assassin derrière des artifices : « D’un frère si cruel rejaillir au visage : Vous verriez des horreurs qu’on ne peut concevoir ». Valère, tente ici de nous faire ouvrir les yeux sur ce personnage que tout le monde pense bon et glorieux. Si Valère se montre si dur dans ses mots c’est qu’il veut venger la mémoire de celle qu’il aimait.
Deuxièmement Horace est coupable d’un crime qui offense les dieux et outrage la nature. Les dieux pardonneront-ils le péché mortel ? « Pensez-vous que les dieux, vengeurs des innocents, D’une main parricide acceptent de l’encens ? » Selon Valère, les dieux sont d’une fureur folle et considèrent Horace comme un « objet de leur haine ». Il souligne qu’Horace trahit les dieux par cet acte de lâcheté, ce qui le rend fautif auprès de la divinité. « Puisque ces mêmes dieux, auteurs de sa victoire, Ont permis qu’aussitôt il en souillât la gloire, ». En effet, cette victoire Horace la doit en partie à la décision des dieux. Rappelons-nous que les deux armées avaient d’abord refusé le combat, pour finalement s’en remettre à la volonté des dieux.
Troisièmement, Horace s’avère être dangereux et indigne de représenter le royaume. Valère annonce : « la suite est à craindre, et la haine des cieux : Sauvez-vous de sa main, et redoutez les dieux ». Il agit ici comme prophète, prévenant le roi Tulle du danger à venir. Selon lui la colère des dieux pourrait nuire à l’apaisement du royaume. Il va plus loin encore, et accuse Horace d’une toute puissance dangereuse : « Faisant triompher Rome, il se l’est asservie ; Il a sur nous un droit et de mort et de vie ». Du point de vue de Valère, Horace est donc ici coupable de vouloir s’approprier le pouvoir politique, lui qui n’était qu’un simple guerrier.
Selon Valère, qui agit ici comme procureur, le crime d’Horace n’est pas acquittable. Il est donc reconnu comme coupable et méritera la mort ou l’enfermement à vie.
Ce dilemme, qui est de commémorer ou d’honorer des héros coupables ou criminels est toujours actuel, et me fait penser aux nombreuses statues détruites ou dégradées. Nous pouvons prendre exemple sur la statue de Léopold II qui a été dégradée dans le sillon des manifestations contre le racisme. En effet l’ex roi des Belges est accusé d’avoir exterminé des millions de Congolais. Pour certains ces monuments ne perpétuent pas seulement une mémoire esclavagiste, ils légitiment au présent les discriminations raciales vécues. Pour d’autres en revanche, il reste essentiel d’honnorer la mémoire historique, en passant outre les erreurs du passé.
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