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On ne badine pas avec l'amour, Musset

Commentaire de texte : On ne badine pas avec l'amour, Musset. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Octobre 2024  •  Commentaire de texte  •  1 577 Mots (7 Pages)  •  55 Vues

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MOUVEMENT 1 :

La didascalie initiale indique qu’il s’agit d’une scène à témoin caché. Le piège de Perdican fonctionne, Camille est venue au rendez-vous, elle a vu arriver Perdican et Rosette et a supposé qu’ils allaient se séparer. Elle reste cachée pour observer la scène et s’exprime en aparté.  

Elle est surprise, ce qui se traduit par des interrogations : « Que veut-dire cela ? », « Me demanderait-il un rendez-vous pour venir causer avec une autre ? » Ces interrogations peuvent également refléter une certaine indignation, perceptible notamment dans le fait de ne pas nommer Rosette. 

Elle exprime également sa curiosité, en miroir de celle de Perdican à la scène 2 qui voulait connaître le contenu de la lettre pour les mêmes raisons. 

La didascalie qui précède la prise de parole de Perdican indique qu’il va jouer un jeu : « à haute voix, de manière que Camille l’entende. »

Ses paroles ont donc deux destinataires, Rosette et Camille et même trois si l’on compte le public. On peut parler de mise en abyme, de théâtre dans le théâtre avec ce dispositif. 

Perdican énonce sans détour son amour pour Rosette, en insistant par l’anaphore de « toi seule » sur ce qui peut être perçu comme un reproche vis-à-vis de Camille. 

Contrairement à sa cousine, Rosette « n’a rien oublié de nos beaux jours passés » et se souvient « de la vie qui n’est plus ». Cette nostalgie s’est déjà exprimée chez le jeune héros. Il valorise cette fidélité chez Rosette, qui mérite un avenir qui prendra la forme du mariage : « prend ta part de ma vie nouvelle. » 

Sa tirade est composée de 5 propositions juxtaposées qui affirment son amour et son engagement : « donne-moi ton cœur, chère enfant ; voilà le gage de notre amour. » 

Sa déclaration verbale est accompagnée d’un geste symbolique et concret d’union : « voilà le gage de notre amour. Il lui pose sa chaîne sur le cou. »

Rosette exprime sa surprise par une interrogation de tournure orale, sans inversion sujet/verbe, qui traduit sa simplicité : « Vous me donnez votre chaîne d’or ? » Elle semble plus étonnée par ce don de valeur que par la déclaration elle-même. 

Perdican parvient à surprendre les deux femmes qu’il a convoquées à ce rendez-vous : il est bien le meneur du jeu. 

MOUVEMENT 2 :

Le rôle de metteur en scène de Perdican se confirme avec l’emploi de nombreux impératifs dans sa tirade : « Regarde », « Lève-toi » et l’utilisation d’un nouvel accessoire, après la chaîne : une bague, symbole traditionnel d’alliance. 

Le champ lexical du regard est très présent dans cette prise de parole qui utilise le verbe « regarder » à quatre reprises et répète deux fois « vois-tu ». Il semble important de faire exister visuellement le couple qu’il forme avec Rosette dans le reflet de la fontaine, lieu de ses amours enfantines avec Camille. 

Cette mise en scène semble pouvoir se lire symboliquement : Perdican invite Rosette à regarder leur image « dans la source, appuyés l’un contre l’autre ». Puis « Il jette sa bague dans l’eau » et fait « s’effacer » cette image d’union et d’harmonie. Mais ce « trouble » est momentané et les deux jeunes amants « reparaiss[ent] ». 

Cette mise en scène étant également observée par Camille, il convient de se demander quel message lui adresse Perdican. 

Tel un magicien-prestidigitateur, il commence par faire exister le couple qu’il forme avec Rosette, attisant ainsi la jalousie de Camille. Puis il fait disparaître cette image mais en jetant la bague de Camille, donc le souvenir de sa cousine, comme le dernier élément qui le rattachait au passé. 

L’image du couple se reforme et Perdican promet à Rosette que « encore une minute et il n’y aura plus une ride sur ton joli visage. » Un avenir peut s’ouvrir puisque l’amour de Camille a été noyé sous ses yeux par Perdican. 

Les paroles de Perdican sont empreintes de lyrisme : il célèbre les « beaux yeux » et le « joli visage » de Rosette.

On lit aussi, à travers la ponctuation expressive, l’élan qu’il imprime à cette orchestration dont le rythme se fait de plus en plus ample grâce aux propositions juxtaposées qui culminent jusqu’au dernier impératif avec point d’exclamation : « regarde ! » avant ce qui apparait comme une chute : « c’était une bague que m’avait donnée Camille. » 

Camille commente avec sobriété et sans doute dépit le geste de Perdican : « Il a jeté ma bague dans l’eau. » 

Perdican livre à nouveau une tirade qui poursuit et amplifie sa veine lyrique et romantique. 

La réplique est circulaire grâce à l’anaphore de l’interrogation : « Sais-tu ce que c’est que l’amour ? » qui place Perdican en position de supériorité vis-à-vis de Rosette. Il est comme un professeur qui a des choses à apprendre à la jeune fille. 

Il témoigne à nouveau d’une grande éloquence et d’une parfaite maîtrise du langage en liant le champ lexical de l’amour à celui de la nature pour construire une antithèse implicite entre Rosette et Camille. 

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