Mythe de Sisyphe
Fiche de lecture : Mythe de Sisyphe. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar Jcofidkkd • 24 Janvier 2025 • Fiche de lecture • 2 306 Mots (10 Pages) • 11 Vues
« L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde. ». Voici ce qu’écrit Camus en 1942 dans son essai intitulé le Mythe de Sisyphe, résumant l’une de ses réflexions les plus profondes sur la condition humaine. Pour lui, l’existence est traversée par un paradoxe insurmontable : l’homme, animé par un besoin irrépressible de comprendre et de donner un sens à son existence, se heurte inévitablement à un univers muet, indifférent et dépourvu de finalité, puisque tout homme est destiné à mourir. Face à cet absurde, ce décalage tragique entre notre quête de sens et le caractère dénué de sens du monde, se pose une question primordiale : pourquoi continuer à vivre si la vie semble vide de toute signification ? Camus aborde cette question dans son essai, écartant l’idée du suicide comme une réponse légitime. En effet, selon Camus, le suicide constitue un renoncement, une capitulation devant l’absurde. Il propose, au contraire, une forme de révolte contre cette absurdité. Vivre pleinement, malgré le non-sens de la vie humaine, en embrassant l’absurde sans le fuir, devient une manière de se libérer. C'est ainsi qu’il érige le personnage de Sisyphe, condamné à rouler un rocher éternellement, en symbole de l’homme absurde qui persévère dans l’épreuve, trouvant une étrange forme de bonheur dans cet effort insensé. Toutefois, cette position de pensée de Camus n’a pas fait l’unanimité. D'autres philosophes, comme Søren Kierkegaard ou Chestov, interprètent l'absurde de manière tout à fait différente. Plutôt que d’y voir un appel à la révolte, Kierkegaard y décèle une invitation à dépasser la raison humaine pour accéder à une foi transcendante. Selon lui, l’absurde exige non pas une confrontation avec le non-sens, mais un « saut de foi » vers une réalité supérieure qui seule peut combler le vide existentiel.
Ainsi, quel est le sens de la vie et existe-t-il une logique jusqu’à la mort ? On pourrait même aller jusqu’à se demander : comment trouver un sens à la vie ?
Premièrement, nous examinerons la thèse de Camus dans Le Mythe de Sisyphe, en montrant comment il définit l’absurde et pourquoi il rejette le suicide. Ensuite, nous développerons la pensée de Kierkegaard et de Chestov qui voient dans l’absurde une invitation à dépasser le cadre de la raison humaine par un « saut de foi » vers une transcendance, un culte de Dieu.
I. La thèse de Camus développée dans le Mythe de Sisyphe
1. La définition de l'absurde et la question du suicide selon Camus
La réflexion de Camus commence par une confrontation directe avec le suicide : « Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. Pour lui, cette question est primordiale car elle touche à l’existence même. Selon Camus, le suicide est souvent l’aveu d’une existence qui ne trouve plus de sens. L’absurde apparaît alors comme ce sentiment d’aliénation entre le désir humain de donner un sens à la vie et le silence du monde face à cette quête de signification. Ainsi, l’absurde, tel que le décrit Camus, est un divorce fondamental entre l’homme et le monde. C'est le résultat d’une tension entre l’esprit humain, qui cherche des réponses, et une réalité indifférente. Camus donne l’exemple de Sisyphe, personnage mythologique condamné à pousser un rocher jusqu’en haut d’une montagne pour le voir toujours retomber, illustrant la futilité apparente de la vie. Pour Camus, Sisyphe incarne cette condition humaine, vouée à la répétition et sans espoir de sens ou de finalité transcendante. La question du suicide se pose alors comme une solution possible, bien que Camus la considère comme une manière de « fuir » le problème.
2. Les réponses possibles face à l'absurde : le suicide et l'espoir
Dans sa recherche de solutions face à l'absurde, Camus envisage d’abord deux options : le suicide et l’espoir. Cependant, il rejette ces deux solutions, considérant qu’elles trahissent l’essence même de l’absurde.
Camus montre que le suicide pourrait sembler résoudre l’absurde puisqu'il supprime l'homme et il n'y a alors plus absurde. En fait ici, Camus s'amuse à faire un raisonnement idiot pour montrer que le suicide n'est pas une vraie solution. Se tuer, résout certes le problème de l'absurde, mais Camus nous explique que c'est une grave erreur de croire à cette solution parce que la vie a tout simplement une valeur bien plus grande.
De plus, le suicide met un terme à la réflexion. Selon lui, elle prive l'individu de la possibilité de continuer à éprouver et à affronter cette tension existentielle, trahissant ainsi le caractère vivant de l’absurde.
La deuxième solution qui se présente à nous, c'est alors l'espoir qui, lui aussi, semble résoudre le problème de l'absurde. En effet, la vie reprend un sens par la morale ou par l'idéologie, comme certaines théories socialistes qui annonçaient un futur radieux comme : « Le Grand Soir » et bien sûr, par la religion qui donne espoir d'un au delà aux fidèles.
Ainsi, l'espoir est à comprendre, au sens large pour Camus, comme une attitude philosophique qui redonne un sens au monde. Mais comme le rappelle Camus, cette attitude est problématique et dangereuse. Elle peut notamment conduire à la violence et on perd sa lucidité aveuglé par cette croyance en un sens absolu au monde.
L'espoir pour Camus est donc une illusion et le philosophe lui donne alors un autre nom : « l'esquive », c'est à dire le fait de détourner son regard et de se voiler la face. Ainsi, cette attitude est comparable au suicide et Camus la nomme donc « le suicide philosophique ».
En rejetant le suicide et l’espoir, Camus pose les bases d’un comportement qui consiste à rester lucide et à accepter le monde tel qu’il est, sans chercher à le modifier pour combler notre désir de sens : c’est « la révolte »
• Syllogisme pour expliquer que le suicide n'est pas une solution valable à l'absurde, selon Camus :
Une véritable solution à l'absurde doit permettre de continuer à vivre en confrontant la réalité sans renoncer à la lucidité.
Or, le suicide met fin à la vie, privant ainsi l'individu de la possibilité de confronter la réalité.
Donc,
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